Mariage gay : les "anti" malmenés ?

Entre succès et débordements. La mobilisation contre le mariage homosexuel a été massive, alors que le rassemblement a pâti de plusieurs incidents en marge du cortège. Fini l'ambiance bon enfant...

Déjà voté à l'Assemblée, le projet de loi Taubira sur le mariage homosexuel sera examiné au Sénat à partir du 4 avril. Dimanche après-midi, une foule avait investi le nord-ouest de Paris pour demander son retrait...
Tout au long du parcours, jalonné d'écrans géants, une mer de drapeaux bleu outre mer, fuchsia et blancs côtoyait des pancartes et des banderoles accrochées aux balcons: "On veut du boulot, pas du mariage homo!", "Touche pas à ma filiation", ou encore "non au gaystremisme"... Les manifestants estiment que cette mesure "bouleverse totalement la société en niant la parenté naturelle".
A 17H00, les organisateurs ont revendiqué "au moins 1,4 million" de participants rassemblés entre la Défense et l'Arc de Triomphe. Peu après, la préfecture de police a fait état d'une première estimation de 300 000 personnes. "Ca devient risible et grotesque, ça ne peut pas durer", a réagi Frigide Barjot, parlant d'une "volonté délibérée de ne pas dire la vérité". La chef de file de La manif pour tous, à l'origine du mouvement, a enjoint le président de la République à s'intéresser davantage à l'économie dégradée du pays qu'aux familles. Elle a déclaré que les organisateurs demandaient à être reçus à l'Elysée et annoncé au passage "une nouvelle manifestation rapidement".

Malgré les appels réguliers au calme, via haut-parleur, des organisateurs, des gaz lacrymogènes ont été dispersés à plusieurs reprises par des gendarmes mobiles pour "maintenir les manifestants" qui voulaient accéder aux Champs-Elysées. Disproportionné ?

Le président de l'UMP, Jean-François Copé, présent, ainsi que de nombreuses personnalités de droite ont créé la polémique, en mettant en cause la police. M. Copé a même demandé "des comptes à François Hollande" après avoir "croisé" des familles qui auraient été victimes de gaz lacrymogène.

L'ancienne ministre Christine Boutin a demandé dimanche soir sur i-télé la démission de Manuel Valls et du préfet de police. Farouche opposante au Pacs, la présidente du Parti chrétien-démocrate (PCD, associé à l'UMP) est désormais mobilisée contre le mariage gay l'union et l'adoption pour les homosexuels. Elle s'est dite victime ciblée par la riposte des forces de l'ordre et s'est retrouvée, terrassée, allongée au sol.

En fin de journée, les manifestants, dont certains s'étaient agenouillés devant les policiers en criant "Démocratie!" ou en chantant La Marseillaise dans un air rendu irrespirable par les gaz, ont été pris en tenaille par des gendarmes mobiles et des CRS. Ces derniers les ont poussés sans ménagement, usant parfois de leurs matraques, dans une grande cohue, selon plusieurs journalistes de l'AFP présents sur place.

Manuel Valls a annoncé lundi que six personnes avaient été placées en garde à vue dimanche soir à la suite de 98 interpellations. Il a estimé que la manifestation avait "incontestablement" parfois échappé à ses organisateurs. "Ils ont été débordés par des groupes extrémistes essentiellement du GUD et de l'extrême droite (...) qui avec une volonté de certains d'en découdre ont lancé des boulons sur les autorités".

Le ministre de l'Intérieur a enfin refusé de présenter des excuses car selon lui le comportement des forces de l'ordre a été "maîtrisé et professionnel".

mariage pour tous
Mariage gay : les "anti" malmenés ? "Baiser de protestation" lors de la manif pour tous", le 24 mars 2013, à Paris. © Thibault Camus/AP/SIPA