Mourir chez soi : dernière volonté de 81 % des Français

L'Observatoire National de la Fin de Vie a publié aujourd'hui son rapport consacré à la fin de vie à domicile. Plus de 80 % des Français souhaiteraient mourir dans leur lit mais seulement 25 % y parviennent. L'étude tente d'identifier cet écart qui subsiste depuis 20 ans.

Si 81 % des Français souhaitent passer leurs derniers instants chez eux, seulement un quart y parvient. C'est le constat de l'Observatoire National de la Fin de Vie qui tente de comprendre pourquoi la France est l'un des pays européens où l'on meurt le moins à domicile. Les éléments de réponses sont nombreux.
D'abord, avoir un entourage présent et disponible est loin d'être courant chez les personnes en fin de vie. "Je l'ai soignée, je l'ai lavée, je lui donnais à manger, je la levais...Vous vous retrouvez tout seul avec un malade, et un grand malade", a témoigné un aidant à propos de sa femme atteinte d'un cancer. Ainsi, 58 % des décès se produisent à l'hôpital faute d'aidants pour assumer l'accompagnement à domicile.
Les hôpitaux sont aussi un vivier d'experts comme les équipes de soins palliatifs et de gériatrie qui sont difficilement utilisées à domicile. Autre élément qui a son importance, la méconnaissance des aides disponibles : "l'offre de soins est devenue de moins en moins lisible : les dispositifs de prise en charge se sont considérablement multipliés... au point que plus personne ne s'y retrouve vraiment !" analyse l'étude.
De plus, de faibles ressources financières n'arrangent pas les choses : "La région d'origine semble aussi avoir une influence, en raison du niveau de vie des habitants mais aussi du maillage d'associations dédiées à la fin de vie, plus ou moins dense", a expliqué le Huffington Post.
La figure "emblématique" du médecin de famille. Les personnes en fin de vie auraient des "attentes irréalistes" vis-à-vis des médecins généralistes. L'étude souligne qu'une prise en charge aussi complexe ne peut reposer sur les épaules de ces médecins qui déclarent un "isolement" et une "solitude" face à ces situations. Ils vivraient entre 1 à 3 situations de fin de vie chaque année. "Le rôle du médecin traitant est primordial, il est l'interlocuteur de l'hôpital, du patient. Mais il a besoin d'une aide, d'un relais et de coordination : il ne peut pas coordonner tout seul, il n'est pas pivot...", a témoigné un médecin.

L'Observatoire conclut sur une incompatibilité entre notre système de santé et une fin de vie à domicile. En cause, sa construction sur l'idée d'une "fracture" entre la ville et l'hôpital, alors qu'en réalité l'hôpital pourrait être une formidable ressource pour le maintien domicile. Le chemin promet d'être long...

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81 % des Français souhaitent mourir chez eux © Ocskay Bence - Fotolia