Grue, toit, actions coups de poing : les pères s'élèvent pour récupérer leurs enfants

Un père est retranché dans une grue à Nantes depuis vendredi pour obtenir le rétablissement du droit de visite auprès de son fils. Cette revendication survient à quelques jours d'une manifestation pour "dénoncer les dérives du pouvoir judiciaire" en matière de justice familiale.

Serge Charnay, ancien informaticien de 43 ans au RSA, qui a déployé une banderole "Benoît, deux ans sans son papa" en haut de la grue "Titan" reproche aux forces de l'ordre d'empêcher tout ravitaillement par des proches et refuse toujours de descendre. Il a tagué en haut de la grue "sauver les enfants de la justice" et dessiné un coeur, après être descendu en rappel de 4 à 5 mètres depuis le sommet.
Serge Charnay avait été incarcéré quatre mois entre septembre 2011 et janvier 2012 pour avoir enlevé son fils des mains de ses grands-parents maternels afin de "l'emmener en vacances". Il réclame aujourd'hui le rétablissement du droit de visite de son fils. "Je ne veux pas qu'un papa soit obligé de faire une grève de la faim pour réclamer son droit à voir ses enfants", dit-il dans son communiqué. "Tant que je suis là, quelques papas renonceront à se foutre en l'air."
L'avocate de la mère a évoqué une maman et un fils "très éprouvés" par "une série d'éléments graves et des coups de force répétés" attribués au père.

De son côté, Nicolas Moreno, l'autre père monté en haut d'une grue nantaise mais redescendu samedi, a dit "redouter" que l'obstination de Serge Charnay ne se retourne contre leur cause. Nicolas Moreno, grimpeur-élagueur de 34 ans, père de deux garçons en bas âge, qui habite Romans-sur-Isère dans la Drôme, a expliqué avoir voulu lancer "un message à tous les papas désespérés"."Il y a des lois qui sont très très bien faites, on souhaite simplement qu'elles soient appliquées équitablement", a-t-il dit à la presse. "Malheureusement, la justice n'est pas impartiale, il suffit de prendre tous les chiffres sur les résidences et domiciliations des enfants, 80% des domiciliations sont remises aux mamans".
Nicolas Moreno avait déjà entamé une grève de la faim en novembre à Valence, après la décision de la justice de fixer la résidence principale de ses enfants dans les Landes, où a déménagé leur mère. Il avait alors reçu le soutien de Serge Charnay.

Tout le week-end, la grue nantaise a été le point de ralliement de pères qui s'estiment insuffisamment pris en compte par la justice en matière de garde d'enfants.
La publicité donnée à ces cas a fait des émules encore dimanche puisqu'un autre père est monté sur une grue de 40 mètres de haut à Strasbourg. Mais il n'y est resté que deux heures avant de redescendre de lui-même, après une intervention de négociateurs de la police.
A La Rochelle, un père de 41 ans, mécontent d'un jugement relatif à la garde de son enfant, est monté dans la nuit de samedi à dimanche sur le toit de son immeuble à Saintes (Charente-Maritime), menaçant de sauter. Il est redescendu au bout d'une heure, après avoir parlementé avec les pompiers et la police.
Serge Charnay, lui, a fait savoir  qu'il n'avait pas l'intention de retourner au sol avant la journée nationale de manifestation pour les droits des pères, programmée mercredi à Nantes, ville du Premier ministre, et suivie d'une réunion prévue entre les ministres Christiane Taubira (Justice) et Dominique Bertinotti (Famille).