Julie Zenatti : "Je suis moins bonne, moins ferme, mais en accord avec moi-même !"

Julie Zenatti revient sur le devant de la scène avec un nouveau titre, à la fois dansant et emprunt de nostalgie, "Tout est plus pop". Plus de 22 ans après ses débuts dans "Notre-Dame", la chanteuse de 38 ans avance d'un pas déterminé vers la quarantaine. L'artiste s'est confiée au Journal des Femmes sur son rapport à l'âge, sa vie de famille, ses inspirations...

Julie Zenatti : "Je suis moins bonne, moins ferme, mais en accord avec moi-même !"
© Slam

Après une tournée fructueuse avec les Méditerranéennes, en compagnie de Chimène Badi, Julie Zenatti nous en met plein la vue avec un nouveau titre pétillant, Tout est plus Pop, extrait de son futur nouvel album. À 38 ans, la chanteuse ne s'est jamais sentie aussi bien dans sa peau, se rit des critiques des chantres de la jeunesse à tout prix, et n'a qu'une seule envie : "se la kiffer".
Plus de 22 ans après ses débuts sur la scène de Notre-Dame de Paris, l'artiste tend les bras à cette nouvelle vie qui s'offre à elle et savoure son quotidien de maman d'Ava, 8 ans, et Elias, presque 2 ans, nés de son amour avec Benjamin Bellecour. Le Journal des Femmes a recueilli les confidences d'une chanteuse lumineuse... qui n'a pas fini de rayonner !

Le Journal des Femmes : Qu'est-ce que cela fait de revenir sur le devant de la scène après cette pause ?
Julie Zenatti :
Les années de pause ont été assez courtes. J'ai fini ma tournée avec les Méditerranéennes il y a cinq mois, mais je suis hyper heureuse de pouvoir proposer un nouveau son. J'ai toujours un peu peur de décevoir. On ne peut pas plaire à tout le monde, je sais fatalement que certains adhéreront et d'autres pas. En plus, avec Tout est plus pop, le premier extrait du futur album, je tente d'embarquer les gens dans quelque chose de plus dansant et moins mélancolique que ce que j'ai l'habitude de proposer… Cela peut dérouter ! 

Tout est plus pop, votre nouveau single, est entêtant et lumineux, on y retrouve des sonorités à la France Gall...
Julie Zenatti :
Ce titre est ma petite Madeleine de Proust. Quand certains penseront que je fais du jeunisme, je réponds avec ma musique qui est plutôt inspirée des années 80 et qui m'a bercée. L'histoire de ce titre est assez drôle : nous étions en studio avec Vincha, un auteur avec qui j'ai écrit la plupart des chansons du futur album, en train de finaliser un morceau, et tout à coup je lâche : "Ça pop !" Il me dit : "Ça veut dire quoi ? C'est génial ! On peut en faire une chanson". J'étais un peu perplexe, dans la mesure où cette expression est tout droit sortie de mon esprit et ne parle à personne (rires). Finalement, je suis contente que ce soit mon premier single, c'est la première fois que le premier extrait d'un de mes albums est aussi joyeux !

Dans la chanson, vous parlez de posters sur les murs, de Jimi Hendrix… Êtes-vous nostalgique ?
Julie Zenatti : 
Oui, je fais partie de ces gens qui sont nés assez mélancoliques et qui trouvent refuge dans une forme de nostalgie. Les choses qui m'ont fait plaisir jadis me font du bien, cela me permet d'avancer. Cette chanson, c'est un véritable kiff ! J'avais envie de me faire plaisir, avec, en toile de fond, mon enfance : lorsque je chantais avec mon père au piano, que je me déhanchais sur Flashdance ou que j'embêtais ma sœur avec Babacar

Qu'est-ce qui a changé par rapport à l'époque à laquelle vous avez débuté ?
Julie Zenatti : 
On est moins fidèle. Le métier que je fais a beaucoup changé, certains diront que c'était mieux avant, mais je pense que toute époque a ses avantages et ses inconvénients. Aujourd'hui, on a toujours l'impression d'inventer la sauce alors que finalement, on en met un peu d'hier ! Mais tout cela est un éternel recommencement. Un jour, on est le has-been de quelqu'un, le lendemain on est le vintage d'un autre... 

"Pour parler très vulgairement, je suis moins "bonne", à mon âge on est moins ferme..."

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Julie Zenatti © Slam

Vos chansons parlent souvent d'amour… Retrouvera-t-on cette fibre romantique dans le nouvel album ? 
Julie Zenatti : 
Tout à fait, je parlerai aussi d'amour, même si à mon âge on n'en parle pas de la même façon qu'à 20 ans… Quand on est maman et qu'on a des enfants, on aborde le sujet avec plus de sérénité, avec une passion pour le quotidien. J'ai la chance d'aimer ce quotidien. La routine ne tue pas forcément un couple. Je me rends compte aujourd'hui, en avançant en âge et dans mon couple, que j'aime ma vie normale, parce que, somme toute, j'ai une vie assez normale ! 

Votre âge, vous l'assumez totalement, c'est même vous qui clamez que vous "flirtez avec la quarantaine"...
Julie Zenatti : 
Même si je n'ai que 38 ans, j'ai vraiment l'impression que la quarantaine est comme une seconde vie et que je m'apprête à la découvrir. Je n'ai jamais été aussi bien dans ma peau qu'aujourd'hui, en tant que femme… Pourtant, pour parler très vulgairement, je suis moins "bonne", à mon âge on est moins ferme si je puis dire (rires).

Sauf si l'on se met à la musculation…
Julie Zenatti : 
C'est vrai ! Mais avec deux enfants, on a un peu moins le temps d'aller à la salle de gym ! Pourtant, c'est le moment où il faudrait s'y mettre… Passé 35 ans, on s'abandonne à la vie et on a davantage envie de laisser couler plutôt que de la prendre à bras le corps. Je vois autour de moi des couples qui divorcent, c'est souvent douloureux mais c'est un passage, d'autres ont des enfants qui deviennent grands… Nos parents vieillissent, donc le rapport que l'on a avec eux change. On est toujours l'enfant des parents, mais parfois, c'est l'inverse qui se produit avec l'âge. 

N'avez-vous pas peur du temps qui passe ?
Julie Zenatti : 
J'en ai un peu peur, mais de toute manière, c'est un fait. Ce n'est pas en m'injectant du botox ou en changeant ma date de naissance sur ma carte d'identité que je vais rajeunir. Finalement, je suis assez sereine par rapport à ça. 

Récemment, vous avez répondu, avec élégance d'ailleurs, à un détracteur qui critiquait votre musique sur les réseaux sociaux et vous traitait de "has-been"... 
Julie Zenatti : Après coup, je me suis dit que j'avais peut-être perdu mon temps à répondre, mais finalement je ne regrette pas, car au-delà de l'imbécillité de ce message, j'ai trouvé cela sexiste. La musique n'a pas d'âge. Si une fleuriste de 40 ans décide de se lancer dans la musique, n'en aura-t-elle pas le droit à cause de son âge ? Cela veut-il donc dire qu'une quarantenaire doit rester avec les mômes à la maison assise en tailleur à écouter Edith Piaf (rires) ?

Face aux critiques sur les réseaux sociaux, est-ce que l'on s'en sort vraiment sans bleu au corps ?
Julie Zenatti : 
Je n'ai pas tellement été vexée, car je suis en accord avec moi-même. Plus j'avance en âge, moins je me préoccupe de ce genre de critiques, même si sur le coup, cela peut secouer. Je crois que l'on ne peut pas me taxer de jeunisme, si c'était le cas, je n'aurais pas penché vers cette musique, imprégnée des sons des années 80.  Une femme n'a-t-elle pas le droit de se la kiffer, de danser si elle en a envie, de se mettre des sweats à capuche à 38 ans ? Tout cela est absurde. Les métiers artistiques sont un endroit de liberté absolue. On ne peut pas se permettre de faire entrer en ligne de compte ce genre de question sur l'âge. 

"Quand je dis que j'ai 38 ans, on me répond que je n'ai plus l'âge pour faire danser les gens"

Ressentez-vous une discrimination liée à l'âge dans les métiers artistiques ? 
Julie Zenatti : 
Cela peut arriver, il y a en effet un certain jeunisme, mais qui, à mon avis, n'émane pas toujours du public. Je n'ai pas honte de mon âge, au contraire, je trouve cela génial. Cela fait 22 ans que je fais ce métier ! Malgré tout, je crois que dans cette industrie, il ne faut parfois pas donner de chiffre. Lorsque tout à coup, je dis que j'ai 38 ans, on me répond que je n'ai plus l'âge pour essayer de faire danser les gens ! 

Après les incendies de Notre-Dame, une pétition a été lancée pour que la troupe originelle de la comédie musicale se reforme le temps d'un concert de charité. Seriez-vous partante ?
Julie Zenatti : 
Totalement ! Je suis persuadée que l'on serait partants tous les 7. Il faudrait juste trouver le bon moment et que cela soit nécessaire. Notre-Dame, c'est ma famille. 

Aujourd'hui, que diriez-vous à la petite fille que vous étiez ? 
Julie Zenatti : 
N'oublie pas, il faut que cela balance (rires) ! Je porte un regard assez doux sur mon parcours. J'ai commencé ce métier par hasard. Ma voisine de pallier travaillait dans la musique et a, un jour, tapé à la porte pour me proposer de passer un casting, je n'étais pas prédestinée à faire ça. Je suis plutôt timide, donc je n'y aurais jamais été de moi-même. C'est déjà incroyable que 22 ans plus tard, je sois encore sur scène à proposer ma musique...