Adieu Alain Barrière : succès, nuits de folie et ennuis avec le fisc

Il nous faisait vibrer lorsqu'il entonnait "Elle était si jolie". Alain Barrière s'est éteint à 84 ans, le 18 décembre, après un arrêt cardiaque. Le chanteur rejoint son épouse, décédée quelques jours auparavant. De l'Eurovision à ses démêlés avec les fisc, en passant par les soirée du Stirwen : récit d'une vie jonchée de joies et de souffrances.

Adieu Alain Barrière : succès, nuits de folie et ennuis avec le fisc
© T.F.1-COLLECTIONS/T.F.1-HAROT/SIPA

"Tu t'en vas... "Alain Barrière, chanteur aux tubes inoubliables, est décédé à 84 ans à Carnac dans le Morbihan, le 18 décembre, a annoncé son agent Fabien Lecœuvre. Il a été emporté par un arrêt cardiaque. En rejoignant les étoiles, l'interprète d'Elle Était Si Jolie a retrouvé son épouse Agnès, décédée début décembre d'un cancer du pancréas. L'artiste avait été victime de 4 AVC au cours de ces dernières années au cours desquelles il est resté très fragile physiquement. 
Il est certain que l'on n'oubliera pas de sitôt ce fils de mareyeurs né le 18 novembre 1935 à La Trinité-sur-Mer. Alain Bellec, de son vrai nom, grandit en Bretagne, amoureux des paysages et curieux de tout. C'est à 23 ans que le jeune homme se prend d'affection pour la musique, s'achète une guitare et commence à affûter son talent. Quelques années plus tard, en 1961, il se jette à l'eau et participe au concours du Coq d'Or de la chanson française. Il ne gagne pas la compétition, mais remporte une victoire d'autant plus gratifiante : le célèbre Bruno Coquatrix, directeur général de l'Olympia, où se déroule le concours, remarque celui qui se fait désormais appeler Alain Barrière et lui fait signer un contrat avec la maison de disques RCA. Bingo !

Mort d'Alain Barrière : de l'Eurovision à l'Amérique du Sud

Dès lors, le rythme s'accélère pour le chanteur : en 1963, il s'embarque dans le concours de l'Eurovision et représente la France avec son titre désormais culte, Elle était si jolie. Il finit 5e sur 16 candidats. Un score honorable. "J'étais follement heureux. Parce que je croyais beaucoup en cette mélodie. Mais je n'étais quand même pas prêt. Ni vocalement, ni artistiquement. Je n'étais pas mûr. En plus, ils m'ont demandé de m'asseoir et de ne pas bouger parce qu'ils faisaient passer une danseuse derrière moi. Il ne fallait surtout pas que je bouge. Je me suis donc contracté et à la fin de la chanson, plus rien ne sortait de ma voix. C'était assez épouvantable", s'est souvenu le chanteur dans Idoles Mag.

Mais c'est en 1964 qu'Alain Barrière connait la consécration avec son morceau Ma Vie, qui cartonne jusqu'en Amérique du Sud ! Toutefois, le chanteur ne se reconnaît pas dans la vague Yéyé qui envahit la France à cette époque. "Regardez dans 'Salut les copains' ou les autres magazines qui paraissaient à l'époque, on n'a jamais parlé d'Alain Barrière. C'était normal. Quand on est auteur-compositeur-interprète, il ne reste plus beaucoup de temps pour la parade. On est trop nous-même, on ne peut pas s'amuser à aller faire un tour au Golf Drouot. J'étais beaucoup trop solitaire", expliquait-il à Idoles Mag.

Puis, tout s'enchaîne pour l'artiste qui sort tubes sur tubes tels que La Marie Joconde, Emporte-moi, C'était au premier jour d'avril ou Les Guinguettes.

Mort d'Alain Barrière : Le Stirwen, grandeurs et décadences

En 1975, son duo avec Noëlle Cordier, Tu t'en Vas, fait un tabac. le succès de sa carrière s'agrémente de joie amoureuse, puisqu'Alain Barrière épouse sa promise, Agnès et donne naissance à sa fille Guénaëlle. Cerise sur le gâteau de cette époque bénie : il acquiert un château en Bretagne, près des menhirs de Carnac, et le transforme en restaurant qui fait également office de théâtre-discothèque et qu'il baptise le Stirwen. Pari réussi : les grands noms de la Variété s'y bousculent.

Toutefois, après quelques années de gloire, le chanteur se retrouve engoncé dans des démêlés avec le fisc. "Ce Stirwen dérangeait beaucoup. À  l'époque, beaucoup d'entrepreneurs étaient écartés rapidement, on les déclarait en faillite et qu'on leur piquait leur bien. C'est ce qu'on voulait faire de moi, mais je me suis battu. J'ai créé une société d'exploitation qui nous a protégés et nous a permis de continuer jusqu'au jour où le Stirwen ne perdait plus d'argent", confiait-il à KTO. Ses ennuis financiers le poussent à se retirer temporairement de la scène et l'artiste fait plusieurs allers-retours au Canada, pour vivre en paix avec sa famille. 

Mort d'Alain Barrière : ses difficiles dernières années

C'est en 2005 que sa fille Guénaëlle, qui a bien grandi et est devenue avocate, relance sa carrière. Il sort plusieurs nouvelles chansons telles qu'Hymne à la Bretagne ou Quand La Mer s'est retirée, et se produit sur plusieurs scènes françaises le temps d'une tournée.

Quelques années plus tard, alors qu'il continue à enchaîner les concerts, son élan est coupé court par des soucis de santé. Son agent Fabien Lecœuvre confie, à l'époque, à France Soir : "Il m'a dit qu'il souffre le martyre, qu'il a l'impression de recevoir des décharges électriques dans le dos. Pourtant, ce n'est pas un douillet (...) Il est déçu, blessé. A l'évocation de ces concerts, il était comme un gamin, mais je ne pense pas qu'on le verra en public avant six ou huit mois."

Malheureusement, le sort s'acharne contre l'interprète de Ma Vie : il fait plusieurs AVC et disparaît complètement de la vie publique… jusqu'à disparaître totalement le 18 décembre pour un éternel repos.