Beigbeder, l’Idéal masculin ?

Au Journal des Femmes pour défendre L'Idéal -satire glamour sexy de l’univers du Luxe-, Frédéric Beigbeder nous a bluffées. Portrait d’un dandy romantique et lettré, cocktail d'excentricité et de provoc' raffinée, d'intelligence et de cynisme bienséant.

Beigbeder, l’Idéal masculin ?
© Aude Fraïoli

Dans L'Idéal, en salles le 15 juin, Octave Parango est en quête du nouveau visage d'une grande marque de cosmétiques… Invité à la Rédac pour présenter le film qu'il a réalisé, Frédéric Beigbeder a fait preuve d'un humour ravageur. Il nous a livré une performance de showman, citant à la fois Baudelaire et Amber Heard, Truman Capote et les Pussy Riot, Audrey Fleurot et les plumes du Figaro... Fier son opus, ni hirsute ni décadent, il s'est aussi exprimé avec sensibilité sur des sujets intimes... Mais qui est-il vraiment ?

Fils d'un chas­seur de têtes béar­nais et de la traduc­trice française de Barbara Cart­land, Frédé­ric Beig­be­der ne joue pas les entrepreneurs (comme son frère Charles) et n'écrit pas des livres à l'eau de rose. Non. Pour lui, "un héros, ça doit sentir le vomi, aller mal, se faire larguer par sa nana".
Mémoires d'Un Jeune Homme Dérangé. A 12 ans à peine, il entre chez Castel et commence sa vie de fêtard. Bran­ché, mais pas disjoncté, ce gosse bien né de Neuilly-sur-Seine fréquente le lycée Louis le Grand, puis Sciences Po. Créa­tif dans une agence de pub le jour, il est chro­niqueur des nuits pour Elle, Paris Match et VSD, puis éditeur chez Flammarion, critique littéraire pour Playboy, du Figaro Magazine et aujourd'hui rédacteur en chef du  mensuel Lui.

Ses nuits sont plus belles que vos jours. Noctam­bule invé­téré, pourvu d'une virilité qui le tiraille, Frédéric Beigbder fonde avec ses amis Édouard Baer, Emma­nuel de Brantes et Jean-François Copé, un cercle de noceurs baptisé le Caca's Club, Club des anal­pha­bètes cons, mais atta­chants…

Beigbeder, rédac'chef© Aude Fraïoli

Proustien, l'ex animateur du Cercle détrempe dans sa baignoire et culpa­bi­lise devant l'inté­grale de la Pléiade (jamais ouverte). Il "cultive sa dépres­sion" sur des musiques d'Erik Satie ou de Michel Polnareff et regrette de ne pas être Thierry Ardis­son.
Séduire taraude Beig­be­der depuis ses 9 ans, âge auquel il déployait monstre d'ef­forts pour faire plaisir aux Suédoises qu'hé­ber­geait son géniteur (séparé de sa mère alors qu'il n'avait que trois ans). C'est d'ailleurs le plan séquence qui ouvre L'Idéal. Un petit garçon dort chez son papa alors que des tops-modèles scandinaves lui chantent une berceuse…

T'as le look coco. Cheveu (propre) ondoyant, barbe de trois jours, Beig­beder qui était conseiller de Robert Hue en 2002 a définitivement opté pour une pilo­sité faus­se­ment négli­gée.
S'il dénonce le monde de la Beauté, Beigbeder est un obsessionnel de l'apparence, soucieux de son beau teint mondain et de son haleine. Sentimental, il ne manque pas une occasion de se retour­ner sur le sillage d'une belle brune, parti­cu­liè­re­ment si elle porte Chance de Chanel. Mais ce drôle de séduc­teur préfère choquer que plaire et s'amuse à dire aux minettes qu'elles sentent mauvais. "Se détes­ter permet ensuite de mieux s'ai­mer", explique ce romantique, (nouvellement) persuadé que L'Amour Dure… toujours, et qui préfère s'imaginer le pire plutôt que de jubiler.

Contro­versé et contra­dic­toire, notre sex-symbol se décrit comme un "Chip­pen­dale litté­raire", mais se targue d'avoir un sosie SDF. Il éreinte la publi­cité, mais expose son torse imberbe d'éphèbe grec pour Les Gale­ries Lafayette
Toujours dans l'au­to­dé­ri­sion, il s'ex­ta­sie de la magie de Photoshop car "comme Wins­ton Chur­chill", Beig est adepte du "no sport".
Pas cuisi­nier pour un sou, soucieux de sa minceur, notre érudit ne s'ac­corde pas un seul repas équi­li­bré et préfère se gaver d'anxiolytiques, de bonbons, voire de vodka à l'herbe de bison et de cham­pagne Dom Péri­gnon. Pilier des soirées pari­siennes, il prend, la nuit tombée, la direc­tion de la Close­rie des Lilas, pour des shots de vodka Get 27 avant un petit-déjeuner de Pouilly Fuissé au Flore.

© Aude Fraïoli

Victime de la Mode, son acti­vité physique se résume à déam­bu­ler en smoking et chemise de cache­mire dans le très chic quar­tier Saint-Germain des Près. Le secret de son corps d'ath­lète? "Une sexua­lité débri­dée", répond l'af­fran­chi. Enfin, c'était avant qu'il passe la bague au doigt de sa troisième épouse, un mannequin suisse, Lara Micheli, de 25 ans sa cadette. "J'adore faire les courses avec elle. C'est comme ranger le lave-vaisselle. Ce sont des occupations durant lesquelles on ne se demande pas pourquoi on vit. Des antidépresseurs... ", vient de confier aux Échos le papa de Chloé, 17 ans, et Oona, 8 mois.

DJ cool, Beigbeder déteste l'am­biance zen et la musique indienne. Mais quand le spleen le saisit, ce poète bour­geois aime se confron­ter aux embruns de l'At­lan­tique, direc­tion le Pays basque, son havre de paix.

Cons­cient de son hygiène de vie déplo­rable, notre anti­con­for­miste n'abuse pourtant pas de subter­fuges pour rayon­ner en société. Tout semble tellement naturel pour lui… Du génie ?