Isabelle Mergault (Des mains en or) : "Je n'ai pas basé ma carrière sur la séduction..." (EXCLU)

"Des mains en or", le 4e film d'Isabelle Mergault est dans les salles depuis le 7 juin. A cette occasion, la star nous parle de son long-métrage mais également de sa critique de la vanité, de sa fille, de la chirurgie esthétique mais aussi de sa relation avec l'âge ! Interview exclusive.

Isabelle Mergault (Des mains en or) : "Je n'ai pas basé ma carrière sur la séduction..." (EXCLU)
© C. DELAHAYE/SIPA

Martha n'est pas une femme comme les autres. Guérisseuse et non pas rebouteuse comme elle aime le répéter, elle a des mains en or comme le titre du nouveau film d'Isabelle Mergault. Sincère, empathique et résolument terrien, ce personnage attachant interprété avec une grande justesse par Josiane Balasko va transformer François, un écrivain joué par Lambert Wilson, qui est aussi prétentieux et dépendant du regard des autres qu'elle est authentique et libre !

Un personnage imaginé par Isabelle Mergault qui a elle aussi été sauvée par les doigts de fée d'une guérisseuse et qui a voulu dans son 4e film se moquer; avec toute la tendresse dont elle est capable; de ceux et de celles qui sont dans le paraître et la représentation. Nous avons échangé avec la réalisatrice qui est, comme le personnage principal de son film, aussi simple, vraie et drôle dans la vie que derrière une caméra ! Interview exclusive pour le Journal des Femmes.

Des mains en or est votre 4e film et le dernier Donnant Donnant date de 2010 : pourquoi avoir attendu 13 ans avant de renouveler l'expérience ?

Isabelle Mergault. J'ai fait beaucoup de théâtre et surtout j'ai adopté une petite fille dont il fallait que je m'occupe. J'ai levé le pied pour être un peu avec elle

Vous avez précisé dans C à Vous qu'il s'agissait d'une adoption simple et pas plénière et que Maya pouvait continuer à voir ses parents biologiques : c'était important pour vous de le dire ?

Isabelle Mergault. Je n'avais pas l'intention d'adopter un enfant mais j'ai rencontré la mère de Maya qui voyageait beaucoup et qui était débordée. J'ai commencé par garder la petite puis je me suis dit qu'il fallait que je la mette à la crèche. J'ai rappelé la maman en lui disant que je voulais bien m'en occuper mais qu'il fallait passer par une adoption afin que je puisse faire les démarches nécessaires. Mais je lui ai dit qu'il ne s'agissait que d'une adoption de confort pour la petite, que j'étais responsable de son éducation mais que dès qu'elle voulait la voir, elle le pouvait. Quand la maman ou le papa sont là, ils voient ma fille.

On a tous envie d'avoir une Martha dans sa vie. Avez-vous déjà rencontré une personne comme elle  ?

Isabelle Mergault. Effectivement. Je boitais et j'avais perdu beaucoup de muscle. J'ai fait de nombreux examens et les médecins ne trouvaient rien. Je n'ai pas pensé consulter une guérisseuse et j'ai fini par me dire que je boiterais toute ma vie. Un jour, je me suis perdue en Normandie : il n'y avait pas de réseau et je n'avais pas de GPS. J'ai frappé à la porte d'une maison au milieu de nulle part. Une dame m'a ouvert et m'a immédiatement demandé : "Qu'avez-vous à la jambe ?" Elle m'a fait entrer chez elle et m'a fait un soin. Quand je suis repartie, je boitais encore mais beaucoup moins. Je suis retournée la voir deux fois, je me suis remusclée la jambe et c'était fini.

Tournage du film Des mains en or © Zinc film

Il y a une forte opposition dans le film entre Martha et Rose, la femme médecin de François, qui prescrit des médicaments à tour de bras à son mari. Vous êtes issue d'une famille de médecins. Est-ce une critique de la façon dont soigne la médecine allopathique ?

Isabelle Mergault. Non ce n'est pas une critique. Je fais confiance à la médecine allopathique et je n'ai jamais pensé faire appel à la médecine parallèle. J'ai toujours vu ma mère le nez dans le Vidal mais elle a toujours été très humaine. Dans le film, Rose cherche par tous les moyens à aider son mari à aller mieux. J'ai foi en la médecine et si demain je vais mal j'irai voir un médecin.

Des mains en or, c'est un choc des cultures ou plutôt des mondes et finalement le seul point commun entre Martha et François c'est qu'ils soignent par les mots ou avec les mains.

Isabelle Mergault. Oui mais ce que j'ai surtout voulu montrer dans le film c'est que François est dans le paraitre, le décorum et les lumières de la gloire. Martha, elle est dans l'être. Ce n'est pas la lumière des projecteurs qui l'intéresse c'est la lumière du soleil. Mais l'un n'est pas dans la vérité par rapport à l'autre. Elle est heureuse parce qu'elle ne dépend pas du regard des autres contrairement à François. C'est cette barrière que Martha va faire tomber. 

François enchaine les lieux communs que Martha démonte systématiquement grâce à son incroyable bon sens...

Isabelle Mergault. Rien ne tient plus face à elle. C'est comme une star face à un enfant qui n'en a rien à faire d'elle. François tombe un peu de son piédestal et cela va être très enrichissant pour lui. Martha s'en fiche de sa notoriété : elle veut seulement le soigner et qu'il aille mieux. 

Pourquoi avoir fait appel à Josiane Balasko et Lambert Wilson ? Avez-vous pensé à eux pendant l'écriture du scénario ?

Isabelle Mergault. C'est toujours très dangereux de penser à un acteur quand on écrit un film car s'il refuse le rôle il devient difficile d'imaginer quelqu'un d'autre. J'écris et je réfléchis après (rires). Pour Martha, j'ai pensé à Josiane Balasko rapidement car il fallait quelqu'un d'empathique et qui soit proche des gens. Et il me fallait l'opposé de Josiane donc l'aristocratie quasiment anglo-saxonne de Lambert Wilson dont le personnage est très vaniteux au début. 

Vous avez tourné le film en Normandie : connaissez-vous bien cette région ?
Isabelle Mergault Je la connais par cœur. C'est assez rare mais j'ai tourné exactement aux endroits que je voulais. Même le bistro Les Mouettes qui s'appelle en réalité le Crabe Vert à Saint-Aubin-sur-Mer était ma cantine. C'est rare de tourner dans des lieux qu'on aime car souvent le chef opérateur ou le caméraman dit que c'est impossible. Mais tout s'est bien goupillé car j'avais en quelque sort fait les repérages à l'avance (rires).

Il y a un personnage truculent dans le film, à savoir celui incarné par Teresa Ovedio, qui joue le rôle de la femme du chirurgien esthétique qui est beaucoup passée entre ses mains. Est-ce une façon de vous moquer de celle qui font beaucoup de chirurgie esthétique ?

Isabelle Mergault. Non je suis une vraie gentille mais cela me fait rire d'entendre des femmes qui font de la chirurgie esthétique mais qui le cachent et qui préfèrent dire que "le secret c'est de dormir". J'ai envie de leur dire : "oui tu dors beaucoup mais en salle d'opération" mais je leur dis qu'elles ont une belle peau ! Mais elles ne font rien de mal. Dans le film, j'ai surtout voulu dénoncer la vanité et rabattre le caquet de François. On en croise tout le temps des hommes comme lui et on envie de leur dire : "mais calmez-les-vous les mecs, on est sur terre pour pas longtemps."

Est-ce difficile d'être une actrice passé un certain âge ?

Isabelle Mergault. C'est évident. Il y a des traversées du désert de comédiennes qui finissent par revenir mais en tant que grand-mère. D'autre part, très souvent dans les films, les hommes sont en couple avec des femmes beaucoup plus jeunes ! Les actrices essaient donc de conserver leur jeunesse au maximum avec plus ou moins de réussite. Je me sens épargnée car les comiques comme Chantal Ladesou, Valérie Lemercier ou encore Muriel Robin traversent le temps car elles n'ont pas bâti leur carrière sur leur physique. Je peux continuer à jouer des rôles au théâtre car on ne va pas dire : " ah non elle est tapée " (rires). De toute façon c'est moi qui m'écris mes rôles.

Acceptez-vous de vieillir ?

Isabelle Mergault. Non pas bien du tout (rires) car cela vient d'un coup du jour au lendemain. On est la plus jeune de la tablée et tout à coup on vous dit : "attention il y a une marche" ! Je n'ai pas basé ma carrière sur la séduction et j'ai la chance de faire rire donc on ne me juge pas sur mon âge. Mais dans le quotidien, je réagis encore en fille qu'on regarde parce qu'elle est mignonne. Claude Sarraute m'avait dit un jour une chose très juste : "Il n'y a rien de pire que d'être transparent et un jour on devient transparent". 

Je ne vois pas les bienfaits de l'âge. Tout le monde parle de la sagesse mais en fait c'est de la fatigue ! Je n'accepte pas les choses par philosophie mais car je n'ai plus envie d'argumenter ! Il n' y a que les jeunes femmes de 30 ans qui disent qu'elles ont hâte d'avoir des rides pour avoir des rôles intéressants ! (rires)

Interview exclusive ne pouvant être reprise sans la mention du Journal des Femmes. Retrouvez prochainement la suite de notre grande interview avec Isabelle Mergault qui nous parle de son rapport intime à la chirurgie esthétique ou encore sa vie à Paris avec sa fille...