Christelle Chollet, interview : Le coup de pression de sa fille, son soutien aux Iraniennes, travailler avec son mari.. (exclu)

L'humoriste Christelle Chollet a coupé une mèche de ses cheveux après l'un de ses spectacles dans une vidéo devenue virale. L'artiste a accepté de se confier sur les raisons qui ont motivé son geste mais pas que ! Interview exclusive.

Christelle Chollet, interview : Le coup de pression de sa fille, son soutien aux Iraniennes, travailler avec son mari.. (exclu)
© Berzane Nasser/ABACA

Chanteuse, humoriste, comédienne... Christelle Chollet est une artiste accomplie. Actuellement à l'affiche de son spectacle Reconditionnée au Théâtre de la Tour Eiffel, elle incarne différents personnages avec humour, le tout sur une bande-son variée. À la fin de l'une de ses prestations, elle s'est coupée une mèche de cheveux et a encouragé les femmes et les hommes du public à faire de même, pour montrer leur soutien aux femmes en Iran. Depuis, la vidéo de son geste cumule plus de 4,8 millions de vues sur son compte Instagram. Christelle Chollet se confie au Journal des Femmes sur son engagement mais aussi sur son spectacle et son expérience dans Mask Singer. Entretien.

Journal des Femmes : Pendant votre spectacle, vous avez coupé une mèche de vos cheveux en soutien pour les femmes en Iran, pourquoi était-il important pour vous de montrer votre soutien aux Iraniennes en plein show ?

Christelle Chollet : Parce que déjà je trouvais très fort et très fédérateur de ne pas le faire seule et surtout de ne rien préméditer. Ça c'est passé tout simplement. Je suis descendue de scène à la fin de mon spectacle avant qu'on se quitte et je leur ai dit : "Voilà, on va faire ça, ce qui veulent le faire, je leur passe les ciseaux" et ça s'est fait assez spontanément. C'était un moment très émouvant et très fort parce qu'évidemment que tout le monde soutient ces femmes.

Toutes les personnes qui étaient à mon spectacle, des femmes comme des hommes, m'ont dit que c'est une évidence qu'on leur envoie un message de soutien, d'approbation et d'amour. J'ai conscience que ce n'est rien. Mais pour moi c'était essentiel de le faire avec le public et les gens qui étaient là. Et ce n'est pas simplement la mèche, c'est une énergie commune, ce désir de dire "On sait, on est là, on vous soutient, on va faire tout ce qu'on peut". Même si ce n'est grand chose mais en tout cas, on alerte les gens, les autorités, on fait en sorte que ça se sache.

Qu'est-ce qui vous a motivé à le faire ?

À un moment, c'est trop, on ne peut pas imposer à ces femmes et ces hommes, une tenue vestimentaire au nom de quelque chose qui devrait être de l'ordre de l'intime, la religion. Mon but était de dire : "On sait ce qu'il se passe, on vous soutient, on est là" et surtout, c'était un tout petit geste par rapport à ce qu'ils font eux là-bas. Mais je crois que c'est les petites gouttes d'eau qui font l'océan et on est obligé de ne pas rester muet face à ça, autant pour elle que pour nous, nos enfants, nos filles, nos garçons, nos générations. C'est une cause essentielle. J'en parle encore autour de moi, mais on ne peut pas faire une vidéo sur internet tous les jours.

Les gens qui étaient dans la salle m'en parle, on a tous vécu quelque chose de l'ordre d'une grande chaîne. Parce que j'ai arrêté la vidéo à ce moment-là, j'allais pas mettre 1h30 de vidéo, les gens se sont coupés les cheveux très longtemps.

Est-ce que vous comprenez les critiques faites aux actrices et aux artistes qui disent "ce n'est qu'une mèche de cheveux" ? 

Oui c'est qu'une mèche et alors ! Il y a des tas de gens qui ne font rien. C'est un symbole. Quand vous envoyez une carte postale, les gens vous disent "C'est qu'une carte postale" ? Non, ça veut dire "Je pense à toi, je suis là". C'est important que les gens sachent, qu'il y ait une chaîne relationnelle à travers le monde qui dit à ces femmes-là : "On sait, on vous soutient, on est là". On ne peut évidemment pas faire changer les choses en un claquement de doigts, mais en tout cas plus il y a du relais dans le monde, plus il y aura une indignation générale, plus cela fera bouger les choses.

Ils pensent ce qu'ils veulent et moi je fais ce qu'il me semble bon à faire. Parce que je n'ai pas les moyens de faire autre chose pour le moment. En pensant aussi que ce geste-là fait réagir et la preuve il fait réagir. C'est tragique de se battre en sachant que personne ne se fout de ce qu'il se passe.

Je n'en ai rien à faire, je ne pense pas aux messages délétères que je peux recevoir. Je pense juste que cette cause et cette situation m'horripilent. Quand je vois un mouvement lancé par des actrices, des chanteuses, évidemment je m'y raccroche. Le but est d'avertir un maximum de personnes pour qu'un maximum se rallie à la cause et continue ce combat virtuel de penser et d'opinion.

Vous trouvez qu'aujourd'hui c'est plus dur pour un artiste de s'engager sur une cause qu'avant ?

Non, ce n'est pas plus difficile de s'engager mais c'est difficile de s'engager sur une seule chose. Parce que notre engagement à nous passe en écrivant des choses, en faisant des spectacles sur scène, en dénonçant des trucs. Quand on a vraiment envie de dire quelque chose, on le dit. Peut-être que c'est plus difficile de passer outre les réseaux sociaux. Parce que c'est un double tranchant, une information se propage deux fois plus vite, elle touche un nombre de gens hallucinant, mais la contradiction est deux fois plus forte aussi. On avance avec notre époque, nos moyens de communication. C'est peut-être plus difficile à gérer après. Il y a toujours des détracteurs et ils sont plus virulents. C'est le jeu.

Il y a toujours ce débat de "C'était mieux avant". Moi je pense, il y a un espace de liberté absolue sur scène par exemple. On peut tout dire, personne ne vient nous censurer. On peut faire passer des messages, moi je veux faire rigoler les gens mais on peut le faire avec ce qu'il se passe, ce qui nous concerne. Le rire est très bon média. Les choses qui m'énervent, mes combats deviennent des sketchs dans mes spectacles.

Vous avez dit de votre spectacle Reconditionnée : "C'est du pur Chollet, mais en même temps, c'est nouveau", qu'est-ce que vous avez apporté de nouveau ?
Les personnages ! Le pur Chollet c'est que moi je suis une artiste hybride, je suis une "chantrice" : chanteuse et humoriste, danseuse aussi. J'essaie de mélanger plein d'éléments dans mon spectacle. J'avais envie de surprendre les gens qui me connaissent, au bout du sixième spectacle et de le faire goûter à des choses un peu différentes. J'ai intégré des personnages. Il y en a toute une galerie et je me suis amusée à les faire. Dont notamment, une influenceuse, une love coach, une prof de musique… Un taureau même, c'est le seul personnage masculin de mon spectacle. Je trouvais intéressant de regarder nos vies humaines par le prisme d'un animal. C'est aussi un prétexte pour chanter la corrida de Francis Cabrel, je vous le cache pas (rires).

Où trouvez-vous l'inspiration pour vos sketchs, pour les personnages que vous incarnez tout au long du spectacle ?

Pour l'influenceuse, sur les réseaux, il y a plusieurs personnages en un seul. Elle est bien chargée Nabillou (nom du personnage de son spectacle, ndlr). L'actualité me pousse à faire des sketchs, il y en a un sur une prédatrice sexuelle. Les histoires des dernières années m'ont beaucoup énervé et je ne savais pas comment en parler. Ça a beaucoup énervé mon mari aussi. D'ailleurs, on a écrit ce sketch à deux, mais c'est lui qui a été le plus virulent. J'ai inversé le rôle donc c'est une prédatrice sexuelle qui se retrouve en garde à vue et qui essaie de se défendre. J'ai réussi à faire rigoler avec ce sketch, je ne pensais pas, le sujet est très délicat. En inversant les rôles, on obtient une chose qui fait rire les gens et qui sensibilise.

Avez-vous un personnage favori ?

Un que j'adore, c'est la prof de musique. Je parle d'une chose qui me turlupine : les notes. C'est-à-dire qu'on passe sa vie à se dire qu'on va sortir de l'école donc on arrête d'être noté. Et là, on se retrouve dans une société où on est noté tout le temps. Je me disais comment on en est arrivé là ? Ça doit être un traumatisme collectif, une vengeance pour toutes les fois où on s'est fait saquer par un prof.

Du coup, je fais une vieille prof de musique, madame Crampette, qui est tout à fait vénère, cul coincé, balais dans le cul. Qui a dans sa classe : Vitaa, Slimane, Koff, Jul, Soprano, etc. et qui leur rend les copies de leur chanson. J'adore ce personnage parce qu'il est très fédérateur. Familialement, il fait un carton. Je vois des petits ados qui sont pétés de rire parce qu'elle détaille les paroles des chansons. Ils conscientisent les phrases et ce qu'il y a dans la chanson donc ça les fait beaucoup rire hors contexte.

Vous avez participé à Mask Singer, comment avez-vous vécu l'expérience ?

Je l'ai super bien vécue. Je me suis amusée comme une folle. Moi, dès qu'il y a de la performance, je suis comme une enfant, dès qu'il faut se déguiser, se cacher, s'amuser, je suis à fond. Ma fille regardait le programme et elle m'a dit "Un jour si tu fais le programme, je te reconnaitrais direct". J'avais mis cette petite phrase derrière mon oreille, quand on me l'a proposé, j'y ai repensé, j'ai même pas hésité une seconde, j'ai dit oui tout de suite et puis je me suis beaucoup amusée.

J'ai rencontré des gens supers, j'aime bien ce genre d'expérience. Comme il y a plein de gens différents qui travaillent dessus, je parle de Pierre Billon, Jean Mora par exemple, avec qui on enregistre en studio. Pareil pour les costumiers et costumières qui font un travail impressionnant. Les vraies stars c'est aussi les costumes. Je me suis aussi éclatée sur scène, avec les chorographies et les danseurs qui ne savent pas qui vous êtes. Et puis, on a envie de faire bien, la meilleure prestation qui soit. Tout ça réunit, c'est à peu près tout ce que j'aime faire dans la vie. Bon j'aurais bien aimé rester un peu plus longtemps mais…

Qu'avez vous ressenti quand vous avez été démasquée ?

C'était rigolo parce que je me suis dis "Quand je vais partir ça va aller et tout ça". Parce que quand on regarde les gens sortir des émissions précédentes, ils sont énervés, un peu largués car ça se passe très vite. Et moi évidemment, j'ai l'air vénère. Forcément on est énervé, on a fait un truc, on est là "Non, je ne veux pas sortir, je ne veux pas sortir". Alors que ce n'est qu'un jeu. C'était une très chouette expérience, je me suis éclatée, vraiment.

Qu'est-ce qui vous a marqué le plus ?

Ce qui m'a marqué, c'est les séances studio avec Pierre et Jean, c'était incroyable. On a beaucoup ri. C'est marrant de croiser des gens que vous ne connaissez pas beaucoup ou que vous n'avez jamais vu et d'avoir l'impression d'avoir travaillé longtemps avec eux, comme avec les costumières. Il y a une complicité immédiate qui s'est fait et on a eu plein de fous rires. Ce sont des moments de grâce, uniques qui restent gravés.

Y-a-t'il d'autres émissions que vous voudriez essayer ?

(Rires) Ma fille n'arrête pas de me dire : "Maman! Maman! Faut que tu fasses Danse avec les stars", je lui dit "Non mais je vais pas faire toutes les émissions". Après, il y a plein d'émissions que j'aimerais faire. J'adorerais faire Taratata et aussi faire les 300 chœurs. J'ai chanté avec de grosses chorales et c'est un kiffe monstre. De toute façon, dès qu'il faut faire une performance, qu'il faut chanter, rigoler, bah moi je suis présente, surtout avec des musiciens ou des artistes virtuoses. J'adore partager, je suis à fond.

Interview exclusive ne pouvant être reprise sans la mention du Journal des Femmes.