Agathe Bonitzer : "Le cinéma me vient de l'enfance"

Agathe Bonitzer campe une juge d'instruction, à la fois déterminée et douteuse, dans une affaire de meurtre qui secoue une ville des années 60, dans le film triplement primé au festival de Luchon, Deux Femmes, diffusé le 28 février à 21h05 sur France 2. Entretien avec l'actrice qui porte le film avec Odile Vuillemin...

Agathe Bonitzer : "Le cinéma me vient de l'enfance"
© Agathe Bonitzer dans "Deux Femmes" par Sarah ALCALAY/FTV/Alaudafilms2/MakingProd

Agathe Bonitzer se glisse dans la peau d'Anne-Marie Leroux, juge d'instruction dans une affaire de meurtre qui voit Colette Chevreau (Odile Vuillemin) accusée à tort, dans le film Deux Femmes, réalisé par Isabelle Doval, à voir lundi 28 février à 21h05 sur France 2. Un long-métrage triplement primé au festival de Luchon 2022 (pour Excellence pyrénéenne de la fiction française, Prix d'interprétation pour un duo / Odile Vuillemin & Agathe Bonitzer et Prix de la réalisation / Isabelle Doval), et qui a également été récompensé de la médaille d'argent au New York Festivals TV & Film Awards 2021.

Muni de son intuition, sa détermination et son professionnalisme, le personnage joué par Agathe Bonitzer tente, envers et contre tous, de faire la lumière sur cette sombre affaire. Un rôle plaisant pour cette actrice qui est tombée dans la marmite du cinéma étant jeune. Entretien avec une comédienne de talent.

Le Journal des Femmes : Qu'est-ce qui vous a plu dans le scénario de Deux Femmes?
Agathe Bonitzer :
Le fait que cela se situe dans les années 60 m'a intéressé, cette affaire d'erreur judiciaire et le personnage… Tout cela m'a intrigué! Cette affaire réunissait plusieurs points intéressants, à la fois un cas de pure misogynie, mais aussi le déchainement médiatique et la façon dont la rumeur et les cancans d'une petite ville ont déterminé les choses. C'était un tournage très agréable.

Dans le film, votre personnage prend conscience, peu à peu, de sa capacité à changer les choses...
Agathe Bonitzer :
Ce qui me plaisait dans ce personnage, c'était son trajet. Je trouvais cela intéressant pour une comédienne de débuter avec un personnage réservé, austère, une fille de bonne famille, jusqu'à ce qu'une sorte de tournant s'opère et la pousse à se révolter et prendre conscience de l'injustice. Elle devient une sorte de bulldozer qui est prête à aller jusqu'au bout et à le crier.

Vous partagez finalement peu de scènes avec Odile Vuillemin, qui joue Colette...
Agathe Bonitzer :
On avait deux ou trois jours de tournage ensemble, ce qui est très peu alors que l'on porte le film toutes les deux. La scène d'interrogatoire, dans laquelle le doute se fait peu à peu dans l'esprit de mon personnage, est très bien écrite. Il y a également un espèce de trouble et de fascination chez Anne-Marie que l'on a joué, et qui n'était pas forcément écrit, de voir Colette, cette femme très féminine, très épanouie dans son corps et sa sexualité. Elle devient une sorte de modèle pour Anne-Marie.

Les deux personnages s'admirent mutuellement pour des raisons différentes…
Agathe Bonitzer :
Exactement. Il y a cette idée d'un personnage jeune face à une femme qui a des enfants, une vie sexuelle épanouie... C'était intéressant à jouer, que ce soit dans les gestes, ou les regards, car cela n'était pas écrit.

Vous sentez-vous plus proche de votre personnage que de celui de Colette?
Agathe Bonitzer :
Je ne vois jamais le personnage comme quelque chose d'extérieur à moi. J'essaie toujours de le jouer en me demandant comment j'aurais réagi dans telle situation... Mais je peux effectivement me reconnaître à plein d'égards dans ce personnage, puisque j'ai à la fois ce côté réservé et ce côté un peu taureau, qui est mon signe astrologique (rires). 

Enfiler un costume, cela influe-t-il sur votre jeu d'acteur?
Agathe Bonitzer :
Oui, c'est toujours plaisant pour moi de tourner en costume. Il y a ce côté "déguisement" qui donne un certain relâchement. C'est comme si l'on était protégé par ce décor d'une autre époque, cela met un filtre supplémentaire, un peu comme au théâtre. 

Vos parents sont tous les deux réalisateurs (elle est la fille de Pascal Bonitzer et de Sophie Fillières, ndlr) et vous avez commencé à tourner très jeune. Être actrice a-t-il toujours été votre souhait?
Agathe Bonitzer :
C'est à l'adolescence que j'ai été vraiment consciente de vouloir devenir actrice, après mon premier vrai rôle au cinéma. J'avais 13-14 ans. L'univers du cinéma fait en tout cas partie de ma vie depuis toujours. J'adore jouer, mais ce qui me plaît aussi, c'est l'univers d'un tournage. Je n'ai aucun problème à rester, attendre que ce soit mon tour de jouer une scène, par exemple… Je me sens bien sur un plateau de tournage. C'est peut-être quelque chose qui vient de l'enfance, en effet. C'est un univers à la fois familier et magique. 

Quel métier aurait pu vous épanouir si vous n'aviez pas été actrice?
Agathe Bonitzer :
J'aurais peut-être travaillé dans l'édition, les livres. J'ai fait des études de littérature et j'ai beaucoup aimé ça. Ou alors, j'aurais fait un autre métier du cinéma.
Découvrez le film Deux Femmes, diffusé lundi 28 février à 21h05 sur France 2