Charlotte Valandrey : ce que lui a coûté sa maladie

Charlotte Valandrey s'est sentie coupable de son succès, au début de sa carrière. La comédienne de 52 ans s'est livrée sur ses débuts difficiles et ce qu'elle a perdu à cause de sa séropositivité, dans "Non Stop People"...

Charlotte Valandrey : ce que lui a coûté sa maladie
© Charlotte Valandrey - Capture d'écran - Non Stop People

Charlotte Valandrey a manqué une opportunité à cause de sa séropositivité. En 1989, elle n'a pas été prise pour le film Noce Blanche de Jean-Claude Brisseau et a vu Vanessa Paradis choisie à sa place. "J'ai répété pendant deux mois avec Jean-Claude Brisseau pour ce rôle - c'est moi qui devait le faire - et au bout de deux mois, je lui ai parlé de ma séropositivité parce que c'est quelque chose qui est très lourd à porter et puis je me suis dit que ça pourrait servir le personnage (...) Il en a parlé aux producteurs", a-t-elle commencé par expliquer à Evelyne Thomas, dans Non Stop People.
Et de poursuivre son triste récit: "Du jour au lendemain, je n'ai plus eu de nouvelles de Jean-Claude Brisseau et j'ai appris après que c'était Vanessa Paradis, et personne ne m'avait prévenue".

Charlotte Valandrey "ne pouvait pas faire autrement"

Malgré tout, Charlotte Valandrey n'a pas de regret. "Je ne pouvais pas faire autrement. Je ne peux pas en vouloir à la jeune fille que j'ai été de 18 ans d'avoir au bout de deux mois de répétitions parlé au metteur en scène, qui est censé avoir envie de travailler avec vous, de quelque chose qui est lourd à porter pour moi et dont il ne faut jamais parler", a confié la comédienne de 52 ans qui a été contaminée en 1986, mais refuse de dévoiler l'identité de celui qui lui a transmis le VIH.

"Non, je ne peux pas en vouloir à cette jeune fille d'avoir envie de partager ça. Maintenant, oui c'est dommage, dans l'absolu, ma vie aurait peut-être été différente", a-t-elle insisté.

Charlotte Valandrey : une carrière qu'elle n'avait pas demandée

Charlotte Valandrey est également revenue sur ses débuts, dans le film Rouge Baiser, qui l'avait propulsée sur le devant de la scène en 1985, aux côtés de Lambert Wilson.

Avant ce rôle, elle ne souhaitait pas particulièrement faire du cinéma. Pourtant, le destin en avait décidé autrement. Sa meilleure amie de l'époque avait repéré une annonce pour jouer dans le film Hors-La-Loi, de Robin Davis, et lui a conseillé de tenter sa chance. Sans grand enthousiasme, Charlotte Valandrey a alors envoyé une photo d'elle. 

"On m'a appelée tout de suite pour faire des essais, j'y suis allée en dilettante totale, car je n'avais pas spécialement envie de faire du cinéma. Comme quand l'on n'attend rien de la vie, les choses arrivent", a-t-elle raconté à Evelyne Thomas.

Pourquoi son succès l'a fait culpabiliser

Puis, elle a rencontré Véra Belmont, qui réalisait Rouge Baiser. Celle-ci a eu un véritable coup de foudre pour Charlotte Valandrey, qui est devenue l'héroïne de son film. Dès lors, la nouvelle actrice était prise dans un tourbillon de succès: elle a été récompensée de l'Ours d'argent de la meilleure actrice à la Berlinale et a été nommée pour le César du meilleur espoir féminin.

Mais la jeune comédienne sentait que cette nouvelle vie n'était "pas idéale". Surtout, elle culpabilisait pour une raison bien précise. "Ma meilleure amie de l'époque qui m'avait poussée à faire le casting, avait une sœur qui voulait être comédienne, et qui n'y arrivait pas. Donc, quand à l'époque ça marche pour moi alors que je n'ai pas fait de cours de théâtre, j'ai l'impression de ne pas le mériter (...) Tout cela a été compliqué à gérer", a-t-elle raconté.