Frédéric François devient acteur de série et nous confie "ses Mystères de l'Amour"

Après avoir partagé un duo avec Elsa Esnoult sur "Mon cœur te dit je t'aime", l'indémodable Frédéric François joue son propre rôle dans "Les Mystères de l'Amour", la série phare de TMC. Une grande première pour le latin lover... à suivre sur le canal 10 de la TNT !

Frédéric François devient acteur de série et nous confie "ses Mystères de l'Amour"
© G. Barracato - D. Bonfy

Frédéric François est au casting de l'épisode inédit de la saison 29 des Mystères de l'Amour, diffusé dimanche 22 mai à 19h50 sur TMC. Nous avions rencontré cet hiver la star de la Variété qui a vendu 35 millions d'albums et caracole en tête des charts avec son dernier disque : EN DUO. Entretien, sous le charme:

Frédéric François qui se confie au Journal des Femmes, c'est une évidence, votre public est composé essentiellement de femmes, non ?
Frédéric François : Détrompez-vous, je suis un chanteur d'amour, mais je peux vous dire qu'aux spectacles il y a autant d'hommes que de femmes. Ma discographie est très familiale, en fait ! 

La première image que je garde de vous, c'est devant ma télé, j'avais 5 ans et vous vous étiez l'invité de l'Ecole des Fans
Frédéric François : J'ai des souvenirs merveilleux de ces enfants qui chantaient mes chansons, les parents dans la salle... Jacques Martin était pour moi comme un père. Il reste gravé dans mon cœur.

© Capitale Music

Vous fêtez vos 70 ans, 50 ans de carrière, 50 ans de mariage aussi… est-ce l'heure du bilan ? 
Frédéric François : Je ne fais pas les comptes. La vie me surprend chaque jour sur le plan personnel comme professionnel. J'ai toujours la même envie, la même peur aussi quand j'enregistre un disque en me demandant s'il va plaire.  J'essaie d'épouser l'air du temps pour avancer musicalement parce que l'oreille des auditeurs s'habitue à des sons, sans me dénaturer bien sûr. Côté privé, c'est formidable de faire durer son couple, évoluer sa relation…

"C'est formidable de faire durer son couple, évoluer sa relation…"

Physiquement, quel est le secret de votre éternelle jeunesse ?
Frédéric François :
Je n'ai pas l'impression d'avoir mon âge. Les gens me disent que je ne vieillis pas, que je garde le même look, la même silhouette, la même voix… C'est vrai que je fais du sport et que je mange tous les jours mes spaghetti (rires). En fait, je crois que c'est une question d'énergie. Je suis quelqu'un de très optimiste. Mon cerveau commande mon corps. Tant que vous avez des projets, la balance penche du côté positif, du rayonnement et la vie vous sourit.

"Je mange tous les jours mes spaghetti"

Ce sourire, justement, que vous arborez sans cesse : est-ce une forme de politesse, une façon de ne jamais montrer ce qui ne va pas ? 
Frédéric François :
C'est la joie d'être là, la reconnaissance que j'ai pour le public et ce qu'il a fait de moi. Mon sourire, c'est dire merci de pouvoir réalisé mon rêve, celui de mon père qui a quitté la Sicile pour travailler dans les mines de charbon… et que je devienne un jour chanteur. Je souris à tous et chacun. C'est la réalité heureuse de Francesco Barracato. Je ne triche pas.

"Je souris à tous et chacun, heureux, je ne triche pas."

Vous parlez souvent de vos parents. C'est important de cultiver le souvenir ?
Frédéric François :  Mon père représente tout pour moi. Il a mis sa casquette d'impresario, a cherché des orchestres pour "son fils qui chante" et j'ai pu rejoindre Les Eperviers puis Les Tigres Sauvages. Il m'a acheté du matériel avec ses économies d'ouvrier mineur… et n'a pu rentrer voir ses parents en Sicile que deux ou trois fois dans sa vie car il a tout sacrifié pour moi. C'est magnifique cette abnégation. Je porte mes parents aux nues et ne les remercierai jamais assez.

Vous avez créé ce nouvel album dans un contexte sanitaire particulier, la menace de la maladie, d'être diminué, de perdre des proches… Comment avez-vous trouvé l'énergie ?
Frédéric François : Il y a déjà eu de grandes pandémies, comme la grippe espagnole et elles sont terminées. Il s'agissait d'être prudent, de faire attention. Je me suis confiné, avant tout le monde, à l'issue d'un spectacle le 7 mars 2020 à Montpellier. Mon ingénieur du son a fait un home studio dans mon sous-sol… et c'est là que j'ai enregistré toutes les chansons !

Votre épouse a-t-elle apprécié de vous avoir 24h sur 24 à ses côtés ?
Frédéric François : Ce confinement nous a rapprochés. Je n'avais jamais passé autant de temps avec ma femme, c'était la première fois que nous étions ensemble jours et nuits. Aucun des deux ne doit baisser les bras. J'ai changé ma façon de faire, je me suis lancé dans la cuisine, je mets la table, nettoie les verres…

"Je me suis lancé dans la cuisine, je mets la table, nettoie les verres"

© McLeukos Agency - G. Barracato - D. Bonfy

Vous avez vécu 50 ans sur les routes, en concert, bougé d'une ville à l'autre... La pandémie vous a enfermé pendant des mois… Vous vous êtes éloigné de vos enfants, vous l'Italien, tactile, chaleureux, vous le chanteur, deviez rester à distance de ceux que vous aimez...
Frédéric François : 
C'était très difficile, une vraie souffrance, car j'ai toujours pris mes enfants dans mes bras, je les ai toujours embrassés… Là, je ne sortais plus sans deux masques et une écharpe… Paradoxalement cet enfermement imposé a fait naître des plaisirs simples comme regarder des séries, des feuilletons à la télé. Tout cela avec Bella, notre jeune Golden Retriever à côté de nous…  Et l'envie de retourner au restaurant, au cinéma... On va mordre la vie à pleines dents!

Vous venez d'un milieu qui n'a rien d'artistique au sens du show-business. Comment avez- vous intégré les codes de ce monde "sans pitié"?
Frédéric François :
 J'en suis là grâce à mon père qui jouait la sérénade avec un petit groupe avec un violoniste et une mandoline dans un petit village de Sicile. Quand un gars tombait amoureux il venait trouver mon père et il lui disait voilà est-ce que tu veux bien chanter une sérénade telle rue, en dessous de tel balcon… Quand mon père a émigré en Belgique, il reprenait chaque dimanche les gestes avec sa guitare, les airs d'opéra… Ma mère qui préparait le déjeuner sortait de sa cuisine et venait fredonner quelques paroles d'un refrain romantique avec lui. A l'âge de 10 ans, je chantais avec eux et grattait quelques accords qu'il m'avait appris.

© Capitale Music

C'est encore mieux que le showbiz: mon père réalisait avec moi ce que lui avait toujours rêvé de faire. Il est devenu mon manager, mon agent, m'inscrivait dans des concours de chant.

Jusqu'au jour où ?
En 66, à 16 ans, j'ai remporté le Microsillon d'argent et l'enregistrement d'un 45 tours et un passage en première partie de Johnny Hallyday et de Michel Polnareff qui m'a d'ailleurs reconduit chez moi… On n'avait pas de voiture, pas de télévision, rien à la maison… Et lui, Polna, la star, me ramenait en Rolls-Royce rouge décapotable.

Le succès est arrivé comme un conte de fées, ou comme dans un film hollywoodien, de la cité minière à Paris. J'étais insouciant, pris dans un mouvement magnifique, un tourbillon, un rêve… jusqu'à ce qu'arrive le Disco, une nouvelle mode qui m'a balayé, rayé du paysage...

"Ce fut brutal. J'ai sombré dans la spasmophilie, l'angoisse, j'ai cessé de plaire, de croire que de mettre tout mon cœur suffirait…"

Il y a deux petites années d'interruption où je n'ai plus voulu être Frédéric François, j'ai voulu me soigner de mes maladies en redevenant Francesco Barracato. Je suis parti en Amérique avec toute ma famille… A mon retour, j'avais pris conscience qu'il ne fallait pas que je sois touché par les gens qui n'aiment pas mon style, que j'accepte la critique, la moquerie, les portes qui se ferment… Armé de ce bouclier, j'ai pu enchaîner les tubes énormes au fil des années 80.

Vous chantez l'amour depuis un demi-siècle: avez-vous l'impression d'avoir été particulièrement aimé, d'être un "chanceux de l'amour"?
Frédéric François : 
Je crois en l'amour plus que tout, comme la qualité première de l'humain. J'ai donné toute ma vie à la musique, à la scène, ce qui me passionne, mon ADN, ce sont les chansons d'amour. C'est ce que mon père chantait, c'est ce que je ressens au plus profond de moi. Cette émotion correspond à la fréquence Delta, c'est la plus forte, celle qui vous maintient en forme, en bonne santé.

"Je ne serai jamais "branché""

Le temps qui passe n'est donc pas votre ennemi ?
Frédéric François : 
Ce n'est pas une peur, pas une crainte, mais une injonction à profiter de chaque instant. Le moment présent est très important: il dessine la ligne de vie du futur. Chaque matin, je me lève, je regarde les arbres, j'admire la nature et respire à pleins poumons. 

Un public bienveillant vous écoute, plusieurs générations assistent à vos concerts, mais comment réagissez-face au mépris d'autres, élitistes et distants ?
Frédéric François :
J'ai résisté sans heurts à Eric Zemmour chez Ruquier, j'ai eu les faveurs de Thierry Ardisson… Je ne serai jamais "branché", mais une sorte de respect s'est installée...

Que reste-t-il d'italien ou de sicilien chez vous ?
Frédéric François :
Beaucoup de choses! Le sang qui coule dans mes veines… J'ai vécu jusqu'à l'âge de 4 ans et demi avec mes grands-parents, je me souviens des odeurs, des saveurs, des pâtes qu'on mangeait à chaque repas. Quand je parle avec ma femme, je dis 3 mots en français et 3 mots en sicilien, je ne peux pas m'en empêcher... La Sicile est, dans mon imaginaire, un paradis… mais je suis définitivement européen. 

© McLeukos Agency - G. Barracato - D. Bonfy

Le soleil de la Méditerranée ne vous manque-t-il pas ?
Frédéric François : En Belgique, les jours sont gris et pluvieux, c'est vrai que la météo du Sud est plus clémente… Je prends de la vitamine D en comprimés et du Zinc pour renforcer le système immunitaire. 

"Je suis fier de cette petite famille que j'ai créée, d'être tombé sur une femme magnifique, intelligente"

De quoi êtes-vous le plus fier aujourd'hui ?
Dans ma vie privée, je suis fier de cette petite famille que j'ai créée, d'être tombé sur une femme magnifique, intelligente, que je remercie parce que depuis que je l'ai rencontrée ma vie a changé, vraiment... Bien souvent je me dis qu'une autre serait partie depuis longtemps…

Et quel est votre souvenir le plus  marquant ? Votre plus grande réussite professionnelle ?
Frédéric François :
 J'imagine que c'est d'avoir chanté pour le pape Jean-Paul II au Vatican car je suis croyant… Je suis très flatté aussi par cette plaque commémorative apposée le 19 juillet 2019 sur le mur de la maison où je suis né, dans le petit village de Lercara. Dans ce village il y a une autre plaque: celle de Frank Sinatra, dont le père et le grand-père ont grandi dans les mêmes rues que moi…