Arielle Dombasle : "Il faut s'aimer pour aimer les autres"

Cette année, l'artiste protéiforme Arielle Dombasle est membre du jury de la 27e édition du Festival du Film Fantastique de Gérardmer, que préside l'actrice et réalisatrice italienne Asia Argento. Le Journal des Femmes a tenté d'ausculter ses peurs et ses cauchemars. Verdict !

Arielle Dombasle : "Il faut s'aimer pour aimer les autres"
© J.M. HAEDRICH/SIPA

Son flegme est unique. Sa curiosité inextinguible. Et sa politesse de tous les instants. Lorsqu'elle arrive vers vous, elle serre délicatement votre main, avec une élégance naturelle d'un autre temps, et sourit. Comme sortie d'une réalisation gothique de Tim Burton ou de Guillermo del Toro, elle se meut gracieusement et parle de tout avec passion, en choisissant le mot idoine. Dans un salon feutré, au Festival du Film Fantastique de Gérardmer, où elle est joyeusement membre du jury, Arielle Dombasle nous a livré son regard sur le cinéma de genre, tout en faisant part de ses peurs. Entretien sans filtre. 

A quel film devez-vous votre première frayeur ?
Arielle Dombasle :
La peur est quelque chose dont je suis saisie au quotidien. Du coup, j'essaye toujours de suivre la phrase du pape, "N'ayez pas peur". Je m'accroche à cette idée. Même si je suis facilement effrayable au cinéma, je reste très fan du genre parce qu'il se rapproche du grand frisson érotique. Ce qui est cathartique, c'est le suspense, la peur de ce qu'on ne voit pas, de ce qu'on pressent, de l'inconnu, et in fine, du fameux passage de la vie à la mort. Je crois qu'il fascine tout le monde. J'adore les films de Tim Burton !

Y a-t-il un personnage horrifique duquel vous vous sentez proche, que vous aimez particulièrement ?
Arielle Dombasle :
Ce n'est pas très original de dire ça mais j'aime beaucoup les super-héros Marvel, surtout Spiderman, que j'affectionne depuis mon enfance. J'aime aussi les contes de fées. Je crois que la source de mon attrait à la peur vient, bien avant le cinéma, de la littérature et de la peinture. Je pense notamment aux contes des frères Grimm, d'Edgar Allan Poe ou de Hans Christian Andersen… Je viens d'ailleurs de faire La Petite Sirène, étouffée par le plastique, dans le cadre d'une campagne écolo. 

"J'ai un grand besoin des autres, je me nourris d'eux"

Vous prenez de nombreux sentiers dans la musique, le cinéma, la danse… Que recherchez-vous à travers l'art ?
Arielle Dombasle :
La transgression et le bonheur d'exister. Je n'aime pas le conformisme de l'anticonformisme. Je ne suis pas conformiste, je suis très individualiste, solitaire, pas du tout misanthrope, j'ai un grand besoin des autres, je me nourris d'eux.

Vous dites n'avoir jamais consulté de psychologue. Y a-t-il toutefois une part de vous qui vous échappe ?
Arielle Dombasle :
Bien sûr que oui. Ma maxime est: "Ne te connais pas toi-même". J'aime me surprendre. J'ai une curiosité, un désir, un très grand appétit de l'existence. J'essaye d'éviter les entraves pour rester dans la passion. Dieu sait que les choses semblent paradoxales dans mon parcours. Je suis aussi une contemplative. 

" Je suis émue par un squelette d'arbre"

On sent une fascination chez vous pour le beau, la grâce, la vénusté. De qui tenez-vous cela ?
Arielle Dombasle :
J'ai été élevée par une famille de collectionneurs qui vénéraient le beau, de gens passionnées d'objets d'art et en quête du beau, et ce, jusqu'à la beauté dans la laideur. Ma grand mère était une grande poétesse ; elle m'a appris la beauté du monde, des arbres… Jusqu'à aujourd'hui, je suis émue par un squelette d'arbre sur un ciel blanc… Dans les forêts, je cherche toujours le plus bel arbre. Le beau, c'est mystique. Le beau, le bien, le noble : ce n'est pas rien.

Qu'y a-t-il de plus beau dans la vie ?
Arielle Dombasle :
La tendresse.

A quoi ressemble la planète que vous habitez ?
Arielle Dombasle :
On y trouve de la peinture et de la musique qui, selon moi, est l'art le plus mystérieux. Elle vous soulève au-dessus des nuages.

Vous avez ce flegme si particulier qui laisse transparaître une forme d'insouciance. L'êtes-vous ?
Arielle Dombasle :
Je suis née gaie… A la naissance, ça a été difficile de me faire pleurer. Depuis, je me suis rattrapée ! Je ris davantage et de tout, mais pas avec n'importe qui (rires).

"J'ai un rapport fusionnel à l'eau"

Quel est votre mantra ?
Arielle Dombasle :
Il faut s'aimer pour aimer les autres, ne surtout pas être son pire ennemi. C'est un des combats de la vie et l'art aide à cela. Cette effervescence créative, ce mouvement dans lequel je suis, tout ça me donne l'impression de surfer sur une vague immense, pareille à un mur de jade, que je n'ai pas envie de voir s'écraser sur moi.

Puisqu'on est à Gérardmer, qui tueriez-vous fictivement dans un film d'horreur ?
Arielle Dombasle :
Moi-même mais je ne saurai pas vous dire pourquoi.

Dernière chose : à quoi ressemblent vos cauchemars ?
Arielle Dombasle :
Ils sont récurrents et aquatiques. J'ai un rapport fusionnel à l'eau. Je nage dans mes rêves et tout court. C'est mon élément.