"L'ami Johnny Hallyday, une femme James Bond..." : Pierce Brosnan se livre à Deauville
Un air de James Bond a soufflé sur les planches de Deauville. Vendredi soir, l'acteur Pierce Brosnan, 66 ans, a reçu un Talent Award lors de la 45e édition du Festival du cinéma américain. Nous sommes allés à sa rencontre.
Sa poignée de main est franche. Sa voix éraillée par quelques maux de gorge. Pierce Brosnan aime se réveiller au coeur de Deauville, qu'il arpente régulièrement à l'occasion du célèbre festival du cinéma américain. La veille, il était sur scène pour un Talent Award : une manière pour la ville normande de lui redire que les planches seront toujours ravies d'être foulées par sa silhouette de gentleman. "Je ne me suis pas reconnu quand je suis apparu à l'écran. J'ai vu un vieil homme aux cheveux blancs", concède-t-il, philosophe et sans tristesse. A 66 ans, l'emblématique interprète de James Bond sait que "le temps s'emballe" et que l'art est son allié. Alors il continue sa route au cinéma et, plus discrètement, dans les sentiers du dessin et de la peinture.
James Bond x 4
"Le goût de la création vient de ma solitude d'enfant, de fils unique. J'y perçois une manière de construire et développer mon imaginaire face à une vie et une famille fracturées", admet-il. Un père absent, un couple qui vole en éclat, des déplacements. Malgré tout, le petit Pierce garde quelques beaux souvenirs de sa terre d'enfance, le comté de Meath, "cette belle région du monde". "Je voulais m'échapper de moi-même pour être quelqu'un d'autre, pour ne pas être dans la réalité", se souvient l'intéressé. Pas étonnant qu'il se passionne si rapidement pour le cinéma. Il fréquente les deux seules salles de son patelin irlandais et évoque volontiers son émerveillement pour les westerns, toujours fasciné devant les combats des cowboys et des indiens.
Son premier coup de coeur sur grand écran ? La Chaîne de Stanley Kramer dans lequel Sidney Poitier et Tony Curtis incarnent deux prisonniers enchaînés l'un à l'autre et pistés par un shérif coriace. A huit ans, le petit Pierce n'imagine pas un seul instant devenir, plus tard, une star du grand écran. Quand il regarde dans le rétroviseur, il aime citer des longs métrages comme L'Affaire Thomas Crown, El Matador ou The Ghost Writer de Roman Polanski, à qui il a rendu hommage sur la scène deauvillaise en saluant "un metteur en scène génial". Et quand l'épicentre de sa carrière est abordé -007 évidemment-, il sourit, conscient qu'il ne pourra jamais y déroger. "J'ai sauvé le monde quatre fois sous les traits de James Bond, ce qui me gonfle de fierté. Je sais qu'on me posera des questions sur ce personnage jusqu'à ma mort. C'est comme ça. Il est aimé par tous et je suis chanceux et honoré de l'avoir incarné. Mes performances étaient portées par celles de Roger Moore et Sean Connery. Je les ai laissés me mener vers mon propre style."
Un homme de conviction(s)
Et si une actrice venait un jour à être engagée pour être Bond ? Face à cette hypothèse, il se montre très réceptif : "On a vu les mecs faire le boulot pendant des décennies. Qu'ils cèdent désormais le chemin et laissent la place à une femme : ça serait excitant." Et de saluer par la même occasion l'éclosion du mouvement #MeToo, "important pour notre société". Extrêmement engagé pour la défense de la nature, Pierce Brosnan se montre par ailleurs très préoccupé par les incendies qui détruisent actuellement la forêt amazonienne. "J'en ai le coeur brisé, je suis dévasté et effrayé. Il faut que les leaders comprennent que ce monde a besoin de leurs bons soins et de leur alliance. Il faut qu'ils arrêtent d'être ennemis et respectent leurs politiques, leurs religions, leurs cultures mutuelles… Trump a créé aux Etats-Unis un terrible état d'anxiété dans le coeur des gens. Ses positions sur l'environnement sont honteuses. On ne peut pas continuer à maltraiter la terre." Combattant également pour le contrôle des armes à feu et défenseur du mariage homosexuel, l'acteur continue, en parallèle, à célébrer la vie à travers ses films. "J'adore faire mes bagages et aller sur un tournage. Et, en plus, il faut bien que je paye mon loyer ou les frais scolaires de mon fils…".
A Deauville, il a ravi les festivaliers par sa bonhomie et sa classe immuable. A la fin de l'entretien, on lui fait remarquer qu'il y a une photographie de Johnny Hallyday derrière lui. Il réagit aussitôt : "J'adore Johnny Hallyday. Je l'ai connu lui et sa famille. On s'est rencontré en Thaïlande il y a plusieurs années et on a été amis. J'ai tous ses albums !" Après avoir chanté du Abba dans Mamma Mia, on attend avec impatience sa reprise d'Allumer le feu. Qui sait ?