Lou De Laâge : "Je ne veux pas m'enfermer dans un genre"

Dans "Les Innocentes", Lou De Laâge incarne Mathilde Beaulieu, interne de la Croix-Rouge française appelée à la rescousse pour accoucher des nonnes tombées enceintes après un drame. Un rôle sans fard, dans lequel la jeune actrice prouve une fois de plus son talent. Interview.

Lou De Laâge : "Je ne veux pas m'enfermer dans un genre"
© MANDARIN CINEMA - AEROPLAN FILM - MARS FILMS / ANNA WLOCH

Avec Les Innocentes, au cinéma le 10 février 2016, Lou De Laâge poursuit sa conquête du cinéma français. Quelques mois seulement après la sortie de L'attente, dans lequel elle donnait la réplique à Juliette Binoche, l'actrice de 25 ans se confronte à une tragédie historique, avec ces Bénédictines violées pendant la Seconde Guerre mondiale. Face à la caméra d'Anne Fontaine, elle devient Mathilde Beaulieu, interne à la Croix-Rouge française appelée à l'aide pour accoucher ces nonnes tiraillées entre leur foi et le drame qu'elles ont vécu. Une jeune femme libre et déterminée. Un peu à son image...

Lou de Laâge dans Les Innocentes © MANDARIN CINEMA - AEROPLAN FILM - MARS FILMS / ANNA WLOCH

Qu'est-ce qui vous a touchée dans ce projet ?
Lou De Laâge : C'était enfin un scénario qui partait d'une réalité dure pour la mener vers l'espoir et la lumière, sans rester dans un constat violent. Ce film prouve qu'on peut partir du chaos et réussir à s'en extraire, à continuer à croire.

Quel est votre rapport à la religion ?
Ces questions ne m'intéressaient pas trop. Pour mon personnage, il fallait au contraire que je reste dans quelque chose de pragmatique, de médical. Anne (Fontaine, la réalisatrice ndlr) m'a demandé d'être froide, neutre, informative… pour que Mathilde, qui n'a jamais pensé à ces questions-là, s'ouvre tout doucement à une certaine spiritualité.

Comme elle, pensez-vous qu'il faut croire en quelque chose ?
Evidemment, sinon pourquoi se lever le matin ? Même dans la vie de tous les jours, il y a un mystère qui règne. Chacun trouve sa croyance là où il veut, sans qu'elle soit forcément religieuse, et c'est ce qui est fort dans ce film. Tout le monde doit avoir une petite chose qui lui donne envie de sourire.

Chez vous, qu'est-ce que c'est ?
Disons que quand on a une passion, comme moi mon travail, ça fait une bonne partie de cette croyance (sourire).

Comment s'est passé le tournage en Pologne, dans ce groupe très féminin ?
On a passé 2 mois à Orneta, petite ville avec seulement deux supermarchés et des maisons, proche du couvent où nous tournions. J'ai dormi dans le même hôtel que toutes les actrices polonaises, il y avait un côté colo. Le parallèle avec mon personnage était sympa : comme elle, j'observais ces filles pour entrer sans brusquerie dans leur monde.

Comme pour la foi, le métier d'actrice est lié à l'abandon de soi. Être comédienne, c'est accepter de tout donner pour l'art ?
C'est plus un don de soi… Les deux sont des croyances. On doit offrir pour savoir prendre et pouvoir rendre, c'est un passage d'énergie. Ça fait un peu perchée, non (rire) ? A ce rythme-là, un jour je serai moine !

On vous voit encore dans un film d'auteur. À quand une production plus populaire ?
Je ne réfléchis pas comme ça, je vais là où ça me plaît. Ce n'est pas vraiment une volonté de ne faire que des films confidentiels… Je n'ai que 25 ans et je suis dans le métier depuis 5 ans seulement, ça ne forme pas un être (sourire). Je ne veux pas m'enfermer dans un genre. D'ailleurs, je suis actuellement sur un court-métrage complètement délirant.

Quels sont vos autres projets à venir ?
J'ai monté une compagnie de théâtre avec des potes. En mars, on jouera des contes de Michel Ocelot à l'espace Paris Plaine. J'ai un autre projet de théatre très gros, que je ne peux pas dévoiler… mais rien au ciné ! C'est une volonté de revenir aux planches cette année.

Les Innocentes, au cinéma le 10 février 2016.

""Les Innocentes", l'histoire vraie d'un tabou de l'Eglise"

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