Après cet anniversaire de mariage, les époux ne font généralement pas long feu

Il y a un cap que beaucoup de mariés franchissent à reculons. Une étape charnière, que les statistiques pointent comme un tournant dans la vie conjugale. À ce moment précis, les alliances résistent… ou volent en éclats.

Après cet anniversaire de mariage, les époux ne font généralement pas long feu
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Le mariage a résisté aux premières tensions, aux accrocs du quotidien, au poids de l'organisation familiale. Il a traversé les lendemains de noces, les compromis sur la répartition des tâches, les ajustements post-lune de miel. Mais malgré tous ces efforts, il existerait une date critique dans la chronologie conjugale. Un moment bien précis où les statistiques des ruptures s'emballent.

Ce ne sont pas les fiançailles qui ont été prises à la légère, ni la cérémonie précipitée. Ce n'est pas le manque d'engagement. Le problème, selon plusieurs chercheurs, c'est le manque d'outillage face à l'usure du lien conjugal. Ce n'est pas l'amour qui disparaît, mais la capacité à entretenir la solidité du mariage, à effectuer les petites réparations avant que l'édifice ne s'effondre. "Beaucoup de couples sont émotionnellement intelligents, mais ne savent pas comment stopper la spirale une fois qu'elle a commencée", explique la psychologue Laura Berman, dans le podcast Getting Open.

Un mariage peut débuter sous les plus beaux auspices : une cérémonie pleine d'émotion, une réception réussie, un voyage de noces inoubliable. La complicité semble naturelle, les échanges sont chaleureux et la tendresse au rendez-vous. Puis un jour, sans éclat, l'atmosphère change et le silence s'installe en même temps que l'indifférence. Le danger, d'après Laura Berman, c'est de laisser cette distance se creuser sans aucune intervention. Les non-dits s'accumulent, la libido s'efface, et le mariage, autrefois joyeusement célébré, glisse lentement vers une routine sans relief. Certains vont chercher un souffle ailleurs, d'autres restent, mais s'éteignent doucement à l'intérieur. L'intimité se délite. Et une fois qu'elle s'est évaporée, il est extrêmement difficile de la reconstruire.

Ce qui sauve une union, ce n'est pas le souvenir du jour J, mais les gestes du quotidien. Raviver le lien passe par le corps – une main posée, un câlin gratuit – mais aussi par l'écoute, les conversations ainsi que les moments réservés à deux. Les couples qui traversent les années sans perdre leur lien sont souvent ceux qui restent vigilants au moindre frémissement, qui ne laissent pas la lassitude tout envahir. Car cette lassitude peut facilement resurgir à deux étapes clefs dans la vie du mariage. La première intervient dans les toutes premières années qui suivent le mariage. Celles qui suivent la fête, les dragées, les discours émus. Quand la robe est rangée, que les faire-part ont été archivés, et que la cohabitation révèle ce que les préparatifs de mariage avaient masqué. Beaucoup de jeunes époux découvrent alors la difficulté de conjuguer le rêve conjugal avec la réalité du quotidien. Certains s'éloignent, d'autres trahissent.

Mais le pic le plus fort de séparations survient un peu plus tard, entre la cinquième et la huitième année de mariage. Une période bien connue des thérapeutes conjugaux. Les enfants, quand il y en a, ont grandi. Les nuits sont moins courtes, les emplois du temps moins serrés. Les anniversaires de mariage s'accumulent, mais quelque chose, parfois, se délite. On se retrouve à deux, à nouveau, et la question émerge : est-ce que cette vie me convient encore ? Est-ce que je me sens vu, aimé, choisi comme au premier jour ?

Ce passage peut faire chavirer même les unions les plus solides. Mais si les deux conjoints répondent "oui" à ces interrogations, alors les noces peuvent se prolonger bien au-delà de la décennie. Autre possibilité : célébrer son prochain anniversaire de mariage en organisant un week-end ou un petit voyage à deux pour mieux se retrouver... Encore faut-il passer ce cap sans faire naufrage.