Francis Lemarque, 20 ans déjà : souvenez-vous...

Il a composé plus d'un millier de chansons au long d'une riche carrière, chanté des refrains restés dans les mémoires... Retrouvez le parcours personnel et artistique de Francis Lemarque, entre poésie et engagement politique.

Francis Lemarque, 20 ans déjà : souvenez-vous...
© Francis Lemarque en 1965 / INA

Francis Lemarque est né, à Paris, le 25 novembre 1917, sous le nom de Nathan Korb. Ses parents, immigrés juifs, ont fuit les pogroms de l'Europe de l'Est quelques années auparavant. Sa mère Rose est originaire de Lituanie et son père, Joseph, tailleur pour dames, est polonais. Gamin de Paris, comme il le chantera bien des années plus tard, il passe une enfance douce et joyeuse rythmée par les bals musettes qui fleurissent dans la capitale...

Francis Lemarque, orphelin et "lieutenant guitariste"

Sur les conseils de Louis Aragon, Francis Lemarque et son grand frère Maurice (dont le père meurt de la tuberculose en 33) créent un duo, les Frères Marc. Epaulés par le Front populaire, Vieux Marc (Maurice) et Jeune Marc (Nathan) chantent dans des usines et dans tous les lieux où les ouvriers sont en lutte et rencontrent Jacques Prévert et Joseph Kosma, un temps leur pianiste.

Lorsque la Guerre éclate, Francis Lemarque est d'abord mobilisé pour des activités liées à la Musique et au Théâtre et devient "lieutenant-guitariste" au sein de l'armée avant de réussir à passer en 1940 en zone libre et de trouver refuge à Marseille. Là-bas, il peut reprendre sa carrière de chanteur et participe même à une semaine de récitals en Afrique du Nord avec Django Reinhardt

En 43, sa mère est déportée à Drancy puis Auschwitz, où elle meurt assassinée, Francis Lemarque décide d'entrer dans la Résistance. Sous le nom de Mathieu Horbet, il est arrêté et emprisonné quelques mois puis devient le Lieutenant Marc au sein d'un réseau de résistants.

Francis Lemarque, proche d'Aragon, Prévert et Montand

De retour à Paris à la Libération, Francis Lemarque évolue dans un Paris en pleine effervescence artistique. Obligé de cumuler des petits boulots à côté de ses représentations dans des cabarets et sur scène, il rencontre coup sur coup celle qui deviendra son épouse en 1948 (puis la mère de ses enfants): Ginny Richès... et Yves Montand, dont il est impressionné par le talent. Il se met alors à écrire frénétiquement pour lui et cela va vite payer puisque le protégé d'Edith Piaf est séduit par ses compositions et lui commande plusieurs chansons. Dès la fin des années 40, Montand chante "Ma Douce vallée", "Bal petit Bal" ou "C'est à l'Ombre". Leur collaboration durera de longues années et atteindra son summum avec le titre "A Paris".

Francis Lemarque tourne en star dans les pays communistes 

Désormais auteur reconnu, Francis Lemarque entreprend de nombreuses tournées dans les pays du bloc communiste. En 1954, il visite la Chine et l'URSS, en 1955 la Pologne, en 1958 la Corée du Nord. Les succès s'enchaînent de la même façon avec "Quand un soldat", un titre pacifiste (et censuré) en 1953 ou "le Petit cordonnier" en 1954. On le voit dans de nombreux galas de soutien au parti communiste mais jamais il n'y adhérera. Les chansons de son répertoire parlent du Paris populaire, des voyous et des ginguettes. Au cours des années 1960, il a l'opportunité d'écrire des musiques de film. Il compose "le Cave se rebiffe" en 1961 ou "Maigret voit rouge" en 1963, et surtout "Playtime" de Jacques Tati en 1967. 

Son amitié avec Jean Ferrat

Après quelques années où il fait peu parler de lui, c'est grâce à Jean Ferrat que Francis Lemarque réapparaît sur le devant de la scène. Jean Ferrat prépare un spectacle au Palais des Sports pour ses adieux à la chanson et demande à son ami d'y participer. Cette même année, il se lance dans un large projet avec l'écrivain Georges Coulonges. Ensemble, ils écrivent des chansons qui forment une fresque sur l'Histoire de Paris vue par le peuple de 1789 à nos jours

Jusqu'à sa mort, à 84 ans, le 20 avril 2002 à La Varenne-Saint-Hilaire, en région parisienne, Francis Lemarque n'arrêtera jamais d'écrire, composant l'un des répertoires les plus complets de la Variété française. Parmi le millier de chansons qu'il a composées, certaines appartiennent pour toujours à la mémoire collective et le placent parmi les plus grands, aux côtés d'Henri Salvador, Charles Aznavour, ou Charles Trenet.