Clara présente le "matrimoine" avec une plateforme musicale 100 % féminine

De Francesca Caccini au XVIIe siècle à Camille Pépin dans le deuxième millénaire, les compositrices longtemps éclipsées sont maintenant sur le devant de la scène. Une plateforme numérique baptisée Demandez à Clara, en référence à Clara Schumann (brillante pianiste et compositrice), a vu le jour pour valoriser la musique des femmes.
À travers cette base de données gratuite, 4662 œuvres, 770 compositrices et 60 nationalités sont représentées de 1618 à 2020. 4 000 œuvres supplémentaires seront disponibles dès l'automne, dont celles d'Hildegarde de Bingen (1098-1179), sainte de l'Eglise catholique et l'une des premières compositrices connues. 

Derrière ce projet, se cache Claire Bodin, directrice du festival Présences féminines, consacré aux compositrices du passé et du présent. "Depuis notre tendre enfance, on n'entend pas de musique de compositrices, ou si rarement qu'on n'en garde pas la mémoire", affirme Claire Bodin pour l'AFP.  Cet outil qui a vu le jour en juin est financé par l'action culturelle de la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (Sacem). 

Une plateforme musicale 100 % féminine  

La recherche musicale se fait par nom, titre, instrument, pays ou époque. "Il ne faut pas simplement les programmer parce que ce sont des femmes et pour se donner bonne conscience, mais parce qu'il y a un réel intérêt artistique", explique Claire Bodin. La claveciniste de profession insiste : "Ce n'est pas une question de réécrire l'Histoire mais d'enrichir le répertoire".  

Depuis une dizaine d'années, Claire Bodin donne régulièrement des conférences sur le sujet. Peu de personnes citent des noms de compositrices, outre celles du top 5, comme Clara Schumann, Fanny Mendelssohn, Lili Boulanger ou les contemporaines Betsy Jolas et Kaija Saariaho. "Il faut que tout le monde se mette à programmer des compositrices car les artistes invités, s'ils ne sont pas assurés que d'autres salles le font, vont hésiter à jouer ces partitions", assure t-elle à l'AFP. 

Les compositrices, enfin sur le devant de la scène ?

Pour la musicienne, la valorisation des compositrices doit dépasser les murs du conservatoire. En 2019 expliquait à l'AFP être la seule fille présente aux cours de composition au Conservatoire de Paris. "Mais aujourd'hui les professeurs que je rencontre et les jeunes musiciens veulent que ça bouge; il y a des présupposés qui ont la dent dure mais qui commencent à tomber" !