Louane : "Essayer d'être heureuse, c'est une façon d'avancer plus vite"

Révélée par "The Voice", Césarisée pour son rôle dans "La Famille Bélier", adulée pour sa musique et consacrée par le succès de ses deux premiers opus, Louane revient avec un album plus personnel intitulé "Joie de Vivre". Cette artiste qui a traversé des drames nous prouve, en chansons, qu'elle est infiniment douée pour le bonheur. Une aptitude à aimer et savourer la vie que cette jeune maman partage, à l'infini ! Douce et entraînante rencontre...

Louane : "Essayer d'être heureuse, c'est une façon d'avancer plus vite"
© SYSPEO/SIPA

Quelle est la genèse de ce 3e album Joie de Vivre ?
Louane : Le thème principal est le temps, au sens général du terme: de la météorologie, aux saisons jusqu'à la temporalité. Je voulais que l'on puisse ressentir à travers les intempéries, mes contradictions, les moments solaires, comme ceux plus sombres... Je voulais faire le parallèle entre ma vie d'avant la célébrité et ma situation actuelle, un mélange de nostalgie et de fierté. 

Êtes-vous météo-sensible ?
Louane : Oui, mais contrairement à la plupart des gens, j'adore la pluie ! Comme je suis originaire du Nord de la France, c'est plutôt une chance d'aimer les averses. Je suis contente lorsqu'il pleut des cordes.

"J'ai toujours essayé d'être la plus optimiste possible"

Vous avez traversé des drames, mais toujours montré le meilleur. Où avez-vous puisé cette force ?
Louane : Dans les moments difficiles, on a le choix entre laisser tomber et continuer à avancer… Je suis évidemment passée par plusieurs étapes émotionnelles, comme le chagrin, la douleur, la colère. Mais j'ai toujours essayé d'être la plus optimiste possible. Je suis du côté de la joie. C'est un principe !

Est-ce une forme de pudeur de ne pas montrer de tristesse ?
Louane : Non, je ne pense pas… Au contraire, je pense que c'est une force d'assumer ses coups de blues, d'exprimer ses émotions, ses états d'âme. Essayer d'être heureuse, c'est une façon d'avancer plus vite…, mais ça ne fonctionne pas tous les jours !

Les angoisses, les souvenirs sont-ils plus difficiles à supporter la nuit ? 
Louane : Au contraire ! Je suis un être nocturne, une fille de la nuit. C'est sous les étoiles et la lumière de la lune que tout devient possible, facile... J'essaye quand même de dormir un peu pour avoir de l'énergie (rires) ! 

Le succès, la reconnaissance du métier et du public, vous ont-ils aidée ou isolée ?
Louane : La célébrité m'a beaucoup aidée du point de vue professionnel, mais isolée sur le plan personnel. Des proches ont pris leurs distances. D'autres, malintentionnés, ou attirés par les strass et les paillettes ont voulu me fréquenter pour de mauvaises raisons. Je démasque facilement les personnes intéressées...

Avez-vous gardé des plaisirs simples ?
Louane : Je suis une fille authentique, spontanée et naturelle. C'est primordial pour moi. Plus jeune, le côté star m'est monté à la tête, mais j'ai eu la chance d'être recadrée. Mes sœurs m'ont remise à ma place, parfois même un peu brusquement ! Et aujourd'hui, à la maison : c'est partage équitable des tâches ménagères, des soins à ma fille et de la cuisine !

Vous êtes devenue chanteuse, puis actrice très jeune, avez-vous quand même eu du temps pour les bêtises, les excès, la crise d'ado ?
Louane : Je pense que cette carrière a été parfaite pour ma crise d'adolescence. Me retrouver dans un télé-crochet, partir loin de ma famille, quitter le lycée... a totalement fait partie de ma crise d'ado. J'ai séché tellement de cours pour enregistrer mon premier album ! Cela a été la meilleure entrée possible dans l'âge adulte. J'en ai profité pour me rebeller à fond ! Je ne regrette absolument rien. 

La chanson Donne-moi ton Cœur évoque la question de l'identité. Etes-vous celle que vous montrez ?
Louane : J'ai eu une armure pendant longtemps, mais je ne me suis jamais créé de personnage. En revanche, je suis une image, comme vous, comme tous ceux que l'on rencontre. Que ce soit dans la rue, sur scène ou sur Instagram. Je suis une projection : je décide, parfois inconsciemment, de ce que je montre… ou cache, aux yeux des autres.

Quel usage faites-vous des réseaux sociaux ?
Louane : C'est un usage intempestif, sans calcul. Je poste tout ce qui me passe par la tête. J'apprécie cette immédiateté, le fait de partager en temps réel mes ressentis, mais je ne surexpose pas.

Quel rapport entretenez-vous avec les "photos volées" ?
Louane : Je n'ai aucun souci avec les demandes de photos et ne refuse jamais de selfie. Les gens sont bienveillants, ils demandent mon autorisation et viennent me voir car ils apprécient ma musique. En revanche, le "métier" de paparazzi n'est pas très respectable. Les conséquences de ce viol de l'intime peuvent être graves. Je me suis déjà retrouvée dans des situations très délicates. Je donne énormément, ce n'est pas la peine de venir prendre davantage, d'aller plus loin.

"Je n'ai aucun problème avec mon physique"

Avez-vous une volonté farouche de garder un jardin secret ? 
Louane : Ce n'est pas un souhait, un caprice. Je dois me protéger et surtout veiller sur ma famille et mes amis. Quand des informations privées sortent dans la presse, c'est une souffrance. Ce qui me blesse fait encore plus de mal à mon entourage…

Quel regard portez-vous sur votre apparence ?
Louane : Un regard serein et apaisé. Je n'ai aucun problème majeur avec mon physique. Evidemment, il y a des jours avec et des jours sans... Des matins où je vais me réveiller avec quinze boutons sur le visage, et alors ? Je n'ai aucun malaise à m'exposer sans artifice. Je prends mes défauts et mes imperfections avec autodérision… au point de me filmer en Story ! 

Prendre soin de vous, est-ce une préoccupation ? 
Louane : Je fais du sport et je mange sainement pour ma santé. Je suis chanteuse, pas mannequin. Mon corps, mes formes, mon poids ne devraient pas entrer dans le débat. En 2020, il faudrait laisser les femmes tranquilles avec leurs kilos, leurs rides, leurs marques de fatigue. 
J'ai évidemment des complexes, mais le plus important c'est de prendre soin de soi psychologiquement, de ne pas rentrer dans ce tourbillon infernal de la comparaison. Si l'on se fie aux photos retouchées des magazines, on finira toutes refaites, et c'est une aberration !

Qu'est-ce qui a le plus changé chez vous depuis vos débuts ?
Louane : Je juge beaucoup moins aujourd'hui qu'à 16 ans. Je suis plus ouverte à la différence, plus tolérante avec moi aussi... Mais dans le travail, je reste perfectionniste et exigeante !