Léa Paci : "J'aime dire que je suis une conteuse d'histoires"
Elle n'a que 21 ans et déjà l'assurance des plus grandes. Dans "Chapitre 1", son premier album, Léa Paci raconte le douloureux passage de l'adolescence à l'âge adulte. Rencontre avec une artiste pétillante.
"Je prends tout ce qui m'arrive comme un bonus". Il faut dire que la musique n'est pas la passion première de Léa Paci. Son rêve de petite fille : le théâtre et le cinéma. C'est d'ailleurs sur les planches que la voix de la jeune Léa interpelle ses camarades et professeurs qui flairent le talent de l'artiste et la poussent à publier des vidéos sur Youtube. Avec sa guitare - qu'elle apprend à jouer seule devant des vidéos -, Léa Paci suscite la curiosité et est vite approchée par des casteurs de The Voice et Nouvelle Star. Ne se sentant pas encore "mûre musicalement", Léa Paci refuse, pour se focaliser entièrement sur ses études de communication. Ce n'est que lorsque Tristan Salvati et Yoann Malory la contactent - collaborateurs entre autres, de Louane, Jenifer ou M Pokora -, que l'artiste accepte de laisser libre court à sa passion. De leur collaboration naît un premier album, Chapitre 1, dans les bacs depuis juin 2017, qui raconte le douloureux et violent passage de l'adolescence à l'âge adulte. "Je suis l'exemple parfait qu'avec un peu de persévérance, on peut y arriver !" nous dit-elle lorsque nous la rencontrons à la terrasse d'un café parisien. Pétillante et pleine de vie, l'artiste répond à toutes les questions à coeur ouvert. Confidences.
Journal des Femmes : Vous avez commencé par le théâtre. Pourquoi vous êtes-vous finalement tournée vers la musique ?
Léa Paci : Cela s'est fait par hasard. J'ai fait 11 ans de théâtre et il nous arrivait d'improviser quelques boeufs en dehors des répétitions. Mes camarades me disaient que ma voix était cool. De fil en aiguille, mes professeurs me faisaient chanter sur scène pendant les spectacles, puis un ami m'a poussé à publier des vidéos sur Youtube pour avoir un avis extérieur. J'ai reçu des propositions alléchantes pour les castings de The Voice ou Nouvelle Star que j'ai refusé, car je ne me trouvais pas mûre musicalement. Un jour, j'ai reçu un mail de ceux qui sont devenus mes producteurs et auteurs. Ils voulaient que je vienne en studio les rencontrer.
Comment avez-vous réagi ?
Je me suis dit "trop chelou, le mec m'appelle, me dit qu'il a un studio dans une cave et il veut que je passe le rencontrer" (rires). Le jour J, ils m'ont demandé de jouer quelques morceaux en guitare-voix. Je n'avais aucune pression. Je venais faire en studio ce que je ne pouvais pas faire à la maison. Ils ont attendu la fin de mon BTS pour me dire qu'ils avaient plus de 20 morceaux et qu'il fallait en faire quelque chose... A l'époque, je ne connaissais pas du tout leur bagage avec Louane, Jenifer et M Pokora.
Comment s'est construit l'album ?
J'avais envie de raconter ma vie, avec mes propres mots et en français. Comme je n'écrivais pas à l'époque, je racontais mon quotidien en studio et Yoann écrivait en même temps. Il me présentait ensuite un texte que l'on fignolait ensemble pour que cela me corresponde davantage. Chapitre 1 se termine sur un morceau dont je suis totalement auteur. J'ai réussi à mettre enfin des mots sur ce que je vis, comme une fleur qui éclot.
Comment le définiriez-vous ?
C'est une sorte de journal intime qui raconte le passage de l'adolescence à l'âge adulte, avec toutes les premières fois que cela implique. Tous les ados attendent ce passage avec impatience mais, une fois qu'il est là, que nos parents nous lâchent un peu du lest, on se dit que l'adolescence n'était pas si mal ! On a peur de l'inconnu, envie de rester encore un peu dans la naïveté mais on ressent de la fierté à l'idée de devenir adulte. Pour moi, c'était une période étrange : je sentais que je changeais, que ma vie prenait un nouveau tournant et je n'avais plus envie de grandir. J'aime dire que je suis une conteuse d'histoires, de la mienne en tout cas.
"J'ai fait mon petit bonhomme de chemin sans passer par la télévision"
Pourquoi ce nom Chapitre 1 ?
On réfléchissait sur la date de sortie, la promotion et je me souviens avoir dit que c'était mon projet, que je le défendais et que c'était le chapitre un de ma carrière. C'était évident. C'est aussi un clin d'oeil au théâtre. J'espère que cet album ouvrira la porte à bien d'autres chapitres sur lesquels je travaille déjà.
Vous écrirez davantage dans ces futurs opus ?
J'ai écrit les premiers titres enregistrés. Chanter mes propres mots est différent, plus intense. Mais écrire est un exercice difficile. Il faut trouver les mots justes et semblables à ton histoire... Il y a de vrais codes d'écriture, des façons d'organiser un texte... J'ai appris à écrire sur le quotidien et le banal.
C'était important de conjuguer des textes mélancoliques à une musique plus rythmée ?
Je n'avais pas envie de faire un album dépressif. Je me suis fait plaquer mais j'ai la vie devant moi. Quand je connais un échec, j'ai tendance à me relever rapidement et avancer. Je voulais que cela se ressente dans ma musique. La mélodie permet d'adoucir le propos. Ce côté pop, parfois électro est parfait pour la radio, mais quand je propose mes titres en guitare-voix, ils touchent les adultes qui écoutent le texte et le réinterprètent à leur manière. Je trouve ça beau.
Vous disiez avoir refusé les sollicitations d'émissions comme The Voice ou Nouvelle Star car vous ne vous sentiez pas "mûre musicalement". Aujourd'hui, vous accepteriez ?
Peut-être qu'à terme, je l'aurais fait, qui sait ? Ces émissions donnent une visibilité et un coup de projecteur énormes mais, même si cela a été compliqué de créer une page Facebook, de défendre un projet sans que personne ne me connaisse, j'ai la fierté de me dire que j'ai réussi à faire mon petit bonhomme de chemin sans être passée par la case télévision.
Revenir au théâtre : une idée qui vous plairait ?
J'aime bien faire les choses correctement donc je veux prendre le temps de développer mon projet musical. Mais si demain, on me propose quelque chose, je serais incapable de refuser. Le théâtre est ma passion première. Je pense qu'un artiste est polyvalent : il est à la fois chanteur, blogueur, photographe...
Quelle est votre mélodie du bonheur ?
Actuellement, c'est 10 ans de nous de Ben Mazué. C'est un très beau morceau qui parle d'une histoire d'amour finie trop tôt.
Est-ce qu'il vous arrive de jouer du pipeau ?
Je ne mens pas mais je ne dis pas tout.
Qu'est-ce que vous menez à la baguette ?
Mon chaton de 2 mois et c'est vraiment pas simple (rires). Sinon, mon projet. Je n'ai pas de manager donc je fais en sorte de tout comprendre et d'être investie dans ce projet et son développement interne.
Qu'est-ce qui vous met des trémolos dans la voix ?
Quand je chante et que les gens reprennent le titre avec moi, ça me rend fébrile.
Une chose que vous envoyez valser ?
Les ondes négatives sur les réseaux sociaux notamment. J'ai du mal avec les personnes qui se reposent sur leurs lauriers, qui sont moroses et voient constamment le verre à moitié vide.
La dernière fois que vous l'avez mise en sourdine ?
J'ai tendance à faire les choses et réfléchir après... Mais juste avant la première partie de Christophe Maé au Palais des Sports, je ne faisais pas la maligne. Il est venu me voir pendant les balances et m'a conseillé de prendre tout ce qui arrivait comme un bonus. Si j'ai la chance d'avoir une carrière comme la sienne, j'espère rester aussi humble...
La dernière fois que vous vous êtes réveillée en fanfare ?
Le matin de la sortie de l'album. J'étais à la fois heureuse et nostalgique de tenir cet album qui compile deux années de travail.
Une musique qui adoucit les mœurs ?
Le coup de soleil de Richard Cocciante. Je trouve qu'elle respire la joie de vivre, elle est pleine de doubles sens.
Chapitre 1, premier album de Léa Paci dans les bacs, Elektra