Denis Brogniart : "Devenir militaire était mon autre vocation"

Denis Brogniart n'est pas seulement un animateur qui enchaîne les succès et un homme engagé qui se mobilise pour plusieurs associations. C'est maintenant un auteur de talent qui vient de publier son premier roman sur l'histoire d'un soldat confronté au stress post traumatique. Nous avons rencontré cet homme de cœur aussi humain et accessible dans la vie qu'à l'écran !

Denis Brogniart : "Devenir militaire était mon autre vocation"
© Pascal Ito ©Flammarion

Ne dites pas à Denis Brogniart qu'il est devenu romancier. Exemple d'humilité, l'animateur préfère dire qu'il "s'essaye au genre" comme il l'avait confié à France Inter! Et pourtant, son premier roman intitulé Un Soldat Presque Exemplaire (Ed. Flammarion)  est très bien écrit et empli d'humanité. Son héros s'appelle Stanislas et il existe bel et bien. Ce militaire qui a défendu les couleurs de la France au Mali, au Kosovo et en Afghanistan avait tout pour devenir un héros. Mais les épreuves endurées ont laissé des cicatrices indélébiles. Fracassé, ce soldat exemplaire a dû faire face au stress post traumatique et n'a parfois pas pu empêcher une violence sourde d'exploser. Loin de lui jeter la pierre, Denis Brogniart lui a donné la parole pour enfin mettre en lumière ces hommes de l'ombre qui se battent pour nos libertés. Nous avons échangé avec l'animateur qui nous parle avec chaleur et passion de ce roman, de ses combats et aussi de son avenir ! Et qui souhaite modestement contribuer à faire reconnaître les souffrances endurées par les soldats.

Pourquoi avoir choisi la forme du roman et ne pas avoir opté pour la facilité en écrivant une autobiographie par exemple ?
Denis Brogniart : 
Je trouve que le principe du roman au carrefour entre le réel et l'imaginaire est beaucoup plus intéressant. Sachez que je n'écrirais jamais une autobiographie car j'estime que ma vie n'est pas assez captivante (rires).

Les personnages de votre roman existent donc ?
Denis Brogniart :
Oui bien sûr. Stanislas et Marie, les deux personnages principaux, existent comme tous ceux qui sont dans le livre. En revanche, 70 % de ce que j'écris est vrai et 30% est romancé. Les moments clés, les vengeances de Marie et les épisodes de guerre sont réels.

Comment avez-vous rencontré Stanislas et Marie ?
Denis Brogniart :
Lors d'une cérémonie organisée en hommage à un blessé de guerre, j'avais discuté avec Stanislas et j'avais trouvé son histoire extraordinaire. Je lui avais alors dit: "votre histoire mériterait un roman". Lors du confinement, je l'ai appelé pour lui demander de raconter son histoire. Il m'a dit oui tout de suite mais Marie m'a dit non car elle ne voulait pas ternir l'image de soldat héros de Stanislas.

Votre roman est aussi une histoire d'amour…
Denis Brogniart : 
Tout à fait. Même si Stanislas et Marie sont séparés, leur amour impossible perdure aujourd'hui. Ils sont dans l'incapacité de retrouver un compagnon et une compagne car ils sont toujours très liés par cette passion qui a parfois été destructrice et violente.

Stanislas connaît comme beaucoup de militaires le syndrome de stress post traumatique. Est-ce que vous pensez qu'en 2021 il est suffisamment pris en charge ?
Denis Brogniart : 
Aujourd'hui il y a une prise de conscience politique et militaire de cette blessure. Il y a 10 ou 20 ans, ce n'était pas le cas alors que les blessés psychiques méritent un traitement aussi puissant que les blessés psychiques. Certains blessés psychiques sont grillés de l'intérieur et amputés d'une partie de leur cerveau.

Or, ces héros qui nous ont défendu au péril de leur vie méritent le respect de toute une nation. Si le livre peut accroitre cette prise de conscience, il aura des vertus thérapeutiques.

"Ma mère était une scientifique professeur de math et mon père était un littéraire"

Vous aviez raconté que vous seriez entré dans l'armée si vous n'aviez pas été journaliste. Est-ce vrai ?
Denis Brogniart : 
J'ai voulu devenir journaliste sportif tout gamin. Être militaire était mon autre vocation. Il y a beaucoup de points communs entre ces deux métiers mais la grande différence est la prise de risque et la mise en danger. C'est un métier qui m'a toujours fasciné car pour être militaire, pardonnez-moi l'expression, il faut avoir des couilles (rires).
Aujourd'hui les militaires passent entre 3 et 6 mois à faire la guerre. J'ai un respect inouï pour eux. Chaque jour sur un théâtre d'opération extérieure ils peuvent perdre la vie pour préserver nos libertés.

Vous dédiez cet ouvrage à votre père qui a disparu quand vous aviez 25 ans. Est-il toujours votre guide ?
Denis Brogniart : 
J'ai vécu davantage sans mon père qu'avec mon père. Ma mère était une scientifique professeur de math et mon père était un littéraire. C'est pour cela que je lui dédie ce livre. Je pense que cela lui aurait plu de voir son fils ainé écrire un livre. Évidemment c'est un guide parti beaucoup trop tôt. Il aurait pu m'apporter tellement. J'espère qu'avec la 7G, il pourra lire les bonnes feuilles de mon livre.

"J'ai besoin de m'engager et de croire en des idées et en des gens"

Vous êtes parrains de blessés de guerre, vous soutenez la Fondation Architectes de l'urgence mais aussi le Fondation ARC pour la recherche sur le cancer. Est-ce que l'engagement est important à vos yeux ?

Denis Brogniart : Je pense que c'est important de rendre un peu de la chance qu'on a dans la vie même si je passe mon temps à dire à mes enfants ou aux candidats de Koh-Lanta de ne pas mettre la chance en avant (rires). J'ai une vie privilégiée au niveau familial, professionnel, sportif et amical et d'avoir la santé. J'ai besoin de m'engager et de croire en des idées et en des gens. Je n'aurais jamais été le parrain des Architectes de l'urgence sans une rencontre avec son président, Patrick Coulombel qui est un architecte d'Amiens exceptionnel.
En ce qui concerne la fondation ARC, j'ai rencontré ses responsables et ils m'ont donné envie de les suivre, de les aider et de m'impliquer. J'ai pris conscience qu'aujourd'hui on soignait un peu plus d'un cancer sur deux mais qu'avec les nouvelles technologies, l'avancée de la recherche, l'immunothérapie et les thérapies ciblées, on pourra sauver 2 personnes sur 3 en 2025 ou 2026 ce qui serait un progrès énorme.

Parlez-nous de la prochain saison de Koh-Lanta...

Denis Brogniart : Cette nouvelle saison s'appelle Les Armes Secrètes. Les 20 aventuriers que vous allez découvrir à partir du 12 mars vont avoir la possibilité grâce à des indices des bénéficier d'avantages. Ils pourront ainsi provoquer en duel un adversaire lors d'une élimination sachant que seul le perdant de ce duel sera évincé du jeu. Le bracelet noir permettra, aussi, de subtiliser le collier d'immunité de quelqu'un. En gardant les principes de base de Koh-Lanta, nous avons ajouté des possibilités de faire avancer différemment l'aventure afin de surprendre les candidats mais aussi les téléspectateurs.

Pouvez-vous nous dire si l'emblématique Claude fera partie de l'édition All Star lancée à l'occasion des 20 ans du programme ?
Denis Brogniart : 
J'ai une philosophie : je ne parle jamais d'une saison tant que la précédente n'est pas terminée  (rires) ! Je peux seulement vous dire que la saison All Star sera magnifique. Les candidats vont se régaler mais aussi être surpris.

"Je suis maitre-nageur au départ"

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© Flammarion

Vous avez un autre projet avec Arthur qui s'appelle La Traversée de Paris. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Denis Brogniart : C'est encore au stade de projet. Nous voulons faire appel à des personnalités pour traverser la Seine autour d'une grande fête populaire animée par des artistes. C'est une idée qui me plait dans la mesure où je suis maitre-nageur au départ. Cette émission permettra de récolter des fonds pour des associations.

Vous avez lancé dans Télé 7 Jours que vous n'iriez pas au-delà de l'âge de la retraite en tant qu'animateur. Envisagez-vous déjà de vous arrêter ?
Denis Brogniart : 
Je considère qu'il y a un temps pour tout dans la vie. Il y a aussi un âge pour la retraite qui permet de profiter de belles années. J'ai l'exemple de mon beau père qui était dirigeant dans une grande entreprise. Il s'est arrêté du jour au lendemain et vit une retraite épanouie. Moi la retraite c'est dans plus de 10 ans donc on n'en pas là encore. Cela me laisse encore du temps pour faire plein de choses ! (rires)