MEMORY BOX et THE CHEF : nos 2 coups de cœur ciné du 19 janvier

Impossible d'échapper à une claque visuelle ce mercredi 19 janvier, avec les deux tours de force que sont "Memory Box" et "The Chef". L'un nous plonge dans une boîte à souvenirs pour voir des photos et enregistrements vocaux du Liban des années 80 prendre vie. L'autre nous immerge dans le rush d'une cuisine gastro avec un plan séquence en temps réel.

MEMORY BOX et THE CHEF : nos 2 coups de cœur ciné du 19 janvier
© Haut et Court

Memory Box de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige

© Haut et Court

Memory Box est une délicieuse boîte à souvenirs ouverte sur le Liban, les années 80 et l'adolescence. Expatriée au Canada avec sa mère Têta et sa fille Alex depuis la guerre civile libanaise, Maia reçoit un carton contenant sa correspondance de l'époque avec sa meilleure amie. L'ado y a catalogué ses humeurs, ses journées avec ses amis et son premier amour en temps de conflit, par l'écrit, la photo et la voix, sur cassettes. Quand Alex s'y plonge contre son avis, le spectateur voit alors ces archives personnelles prendre vie à l'écran, Maia adolescente étant incarnée par Manal Issa. À la fois historique et intime, ce joli film nous embarque dans des récits de jeunesse, des affaires de famille et des bribes de guerre civile tout en repensant les relations mère-fille sur grand écran.

Plasticiens en plus d'être cinéastes, les réalisateurs Joana Hadjithomas et Khalil Joreige ont souhaité interrogé la construction de l'imaginaire et nos rapports aux images. Leur mise en scène est expérimentale, poétique et moderne. Les photos se superposent, le smartphone devient un médium.

La belle voix de Manal Issa, utilisée comme mémoire sonore, ajoute une atmosphère réjouissante aux pièces de ce puzzle pas toujours joyeux. Rim Turki et Paloma Vauthier forment un duo des plus attachant pour évoquer, en parallèle, le souvenir, l'amitié, la transmission et la réparation. Memory Box est un voyage dans le temps entre le Canada et le Liban en même temps qu'une émouvante exploration du deuil. Quand la boîte se referme, elle nous laisse empreints d'optimisme.

Avec Rim Turki, Manal Issa, Paloma Vauthier... (1h42)

The Chef de Philip Barantini

© UFO Distribution

Par son plan-séquence d'1h30, The Chef s'impose comme une prouesse de mise en scène fourmillant d'épatantes performances d'acteurs. La caméra s'engouffre dans un restaurant londonien branché pour nous faire goûter l'effervescence de la cuisine et de la salle, transformant le tout en ballet complexe. L'immersion est totale. Stephen Graham nous fait ressentir l'adrénaline, la pression et le sang-froid nécessaire au chef pour tenir le cap au cœur de l'ébullition. Vinette Robinson, sa seconde, nous saisit par sa maîtrise et sa détermination.

A dire vrai, chacun des personnages à l'écran constitue une pièce importante de ce grand tableau sur la restauration. Une forme aussi exigeante pourrait se contenter de bluffer sans approfondir son sujet. Ce n'est pas le cas de The Chef. En nous ballottant d'un endroit à l'autre de l'établissement, le film traite au passage le manque de considération, la discipline, le racisme, la santé mentale, la difficulté d'allier vies pro et perso, l'homophobie, la pression financière, le poids de l'influence. Un menu chargé et pourtant si digeste qu'il est étonnant de découvrir que c'est là le premier long-métrage écrit par Philip Barantini. Un vrai chef !

Avec Stephen Graham, Vinette Robinson, Jason Flemyng... (1h34)