MADELEINE COLLINS : 5 bonnes raisons de percer le mystère

MADELEINE COLLINS : 5 bonnes raisons de percer le mystère

Virginie Efira revient au cinéma dans un drame psychologique aussi intrigant que bouleversant, réalisé par Antoine Barraud. "Madeleine Collins", en salles le 22 décembre, cumule les qualités entre son scénario et son casting. La preuve par cinq.

Madeleine Collins, un rare portrait de femme

Quiconque croiserait Judith, l'héroïne de Madeleine Collins, ne se douterait pas qu'elle mène deux vies à la fois. Judith côté français est l'heureuse épouse d'un chef d'orchestre réputé, maman de deux adolescents qui semblent l'adorer. Judith côté Suisse vit un quotidien plus simple en pavillon de banlieue, avec Abdel et la petite Ninon, 4 ans. Son épanouissement semble se nourrir de ces deux existences, laissant le mensonge dicter ses choix. Après des années de cachotteries, son équilibre s'amenuise et cette vie à tiroirs se referme sur elle quand le spectateur, intrigué par cette héroïne hitchockienne, tente de saisir ce qui la pousse à agir ainsi. Avec cette femme à double vie, quasi-inexistante au cinéma, le réalisateur Antoine Barraud renouvelle les représentations féminines et place l'épouse adultère, la menteuse maladive, à un niveau jamais vu.

Une réalisation sinueuse

Madeleine Collins repose sur une construction complexe, "en escargot" comme définie par Antoine Barraud. A comprendre qu'il faut voir le film se dérouler en entier pour en saisir tous les tenants et aboutissants. Le spectateur est acteur de ce drame psychologique proche du thriller. Il est invité à amasser les pièces du puzzle pour comprendre tous les mystères de Judith. Le suspense grandit au fur et à mesure que le dénouement se dessine. Une vraie expérience immersive et palpitante.

Virginie Efira, magistrale

La comédienne fait l'unanimité depuis quelque temps déjà. Madeleine Collins va dans le sens de ce talent à profusion, en faisant émaner d'elle une aura aussi envoûtante que glaçante. Perdu par la beauté angélique de l'actrice, dérouté par son "apparente normalité" comme elle se caractérise elle-même, on ne saurait dire s'il faut se fier à elle ou rester sur ses gardes. La comédienne divulgue un nouvel aspect de son talent avec ce personnage pluriel et complexe. Encore un coup de maître pour celle qui a le chic d'apparaître toujours là où on ne l'attend pas.

Bruno Salomone : le drame lui va si bien

L'acteur de Fais pas ci, fais pas ça s'offre un passage sur grand écran, dans un rôle qu'on lui connaît moins. En incarnant un époux exemplaire, un talentueux chef d'orchestre devant gérer les incartades de sa femme, Bruno Salomone démontre qu'il sait faire passer l'émotion avec autant de puissance que le rire. La grande empathie qui caractérise son jeu n'y est sûrement pas pour rien.

Des seconds rôles tout aussi fascinants

Quim Gutiérrez, qui représente l'autre versant de la vie de Judith, joue magnifiquement son rôle d'amant dépassé par les événements et de père protecteur. Antoine Barraud s'offre également les services de Jacqueline Bisset, parfaite en mère exigeante et de Valérie Donzelli, la réalisatrice qu'on prend toujours plaisir à retrouver face caméra. Le cinéaste s'est même amusé à filmer son confrère Nadav Lapid. Celui à qui l'on doit Le Genou d'Ahed incarne un faussaire au charisme saisissant. De belles (re)découvertes, qui ajoutent au caractère surprenant du film.