Comme 5e SET, 3 films à voir sur le tennis
En salles le 16 juin, "5ème Set" marque les premiers pas en solo derrière la caméra de Quentin Reynaud. Dans ce vibrant portrait de sportif en fin de carrière, porté par Alex Lutz, le jeune réalisateur s'attaque à un sport que le cinéma ne plébiscite hélas pas assez. A cette occasion, le Journal des Femmes vous conseilles trois œuvres qui en ont fait leur terrain de jeu.
Deux ans après l'étonnant Guy, pour lequel il a été césarisé grâce à son rôle de chanteur à bout de souffle, Alex Lutz trouve cette année un nouveau rôle à la mesure de son talent.
Dans 5ème Set, premier long-métrage solo de Quentin Reynaud en salles le 16 juin, il enfile ses tennis et son thermobag pour fouler la mythique terre battue de Roland Garros.
Dernier tour de piste pour une ex promesse de la balle jaune qui, après une cuisante défaite des années auparavant, a troqué ses rêves de victoires pour les tréfonds du classement ATP. Saisissant portrait d'un homme seul dans l'arène de sa discipline, éprouvé mais jusqu'au-boutiste, cette œuvre donne à coudoyer la trajectoire sacrificielle -à de multiples étages- et éreintante d'un sportif de haut niveau.
Comme 5ème Set, quelques autres films ont réussi, habilement, à faire du tennis, généralement boudé par les cinéastes, un vrai terrain artistique. En voici trois exemples.
BATTLE OF THE SEXES de Jonathan Daynton et Valerie Faris (2017)
Nous sommes en 1972. Billie Jean King a remporté trois tournois du Grand Chelem, imposant son talent au monde. Mais, encore mieux que ses victoires, il y a son combat : celui qui entend instaurer plus d'égalités entre les hommes et les femmes. C'est à ce moment précis de sa vie surgit l'ancien numéro un mondial, Bobby Riggs, connu pour sa misogynie et son goût du patriarcat, lequel la défie le temps d'un match. Mis en scène par le duo gagnant de Little Miss Sunshine, Jonathan Dayton et Valerie Faris, Battle of the Sexes doit beaucoup à son duo d'interprètes : Emma Stone -sortant alors du succès de La La Land- et Steve Carell. Plongée ultra quali dans l'Amérique des seventies, cette comédie feel-good célèbre avec panache le mouvement de libération des femmes.
TERRE BATTUE de Stéphane Demoustier (2014)
Imaginez les frères Dardenne qui voudraient se pencher sur le tennis… C'est, toutes proportions gardées, la physionomie que prend Terre Battue, le premier long métrage de Stéphane Demoustier, qui a séduit la critique l'an dernier avec La Fille au Bracelet. Dans un monde refusant maladivement la défaite, cette œuvre dénonciatrice s'appuie sur un scénario malin, qui investit les dédales de la filiation. D'un côté, un père -génial Olivier Gourmet- qui, épuisé de travailler pour d'autres, se lance à son propre compte. De l'autre, son fils de 11 ans nourrissant le désir de devenir champion de tennis et de marquer l'Histoire sur cette terre battue de Roland Garros qu'il idolâtre. Ensemble, ils tissent un drame social sec, lequel s'attaque frontalement au monstre néolibéral.
L'EMPIRE DE LA PERFECTION de Julien Faraut (2005)
C'est un travail titanesque auquel le réalisateur Julien Faraut a fait face pour évoquer l'une des figures majeures du tennis : l'Américain John McEnroe. Réputé pour son tempérament bien trempé, le champion a marqué des générations par ses accès de colère et ses raquettes cassées. En 1984, Gil de Kermadec l'a immortalisé sous tous les angles pour mieux comprendre l'homme et sa technique. Après trois ans de fouilles à l'INSEP et à partir desdites images, Faraut propose une œuvre d'autant plus étonnante qu'elle dépasse vite son sujet -la star de tennis- pour se muer en véritable interrogation cinématographique. Il y analyse le regard qu'on porte sur le geste et réfléchit à l'importance de la position d'une caméra. Ce n'est pas un hasard si on y croise Jean-Luc Godard, Serge Daney ou Chris Marker.