Comme YALDA, LA NUIT DU PARDON, 3 merveilles du cinéma iranien

En salles le 7 octobre, "Yalda, la Nuit du Pardon" de Massoud Bakhshi est un huis clos haletant dans lequel une jeune épouse, condamnée pour le meurtre de son mari, participe à une télé-réalité pour s'excuser publiquement. Un nouveau coup d'éclat dans le cinéma iranien, qui n'en est pas à ses premières merveilles. La preuve.

Comme YALDA, LA NUIT DU PARDON, 3 merveilles du cinéma iranien
© Pyramide Distribution

Grand Prix du dernier Festival de Sundance, où il a fait l'unanimité, Yalda, la Nuit du Pardon vient véritablement assoir la solide réputation de son cinéaste, Massoud Bakhshi, huit ans après Une Famille Respectable, présenté en 2012 à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes. Dans cet opus, entièrement tourné au sein d'un studio de télévision (construit pour les besoins du projet), le brillant cinéaste use du huis clos pour dresser le portrait de Maryam, une Iranienne de 22 ans ayant tué accidentellement son mari de 65 ans. Acculée, cette dernière ne peut réchapper à sa condamnation que si la fille du défunt lui accorde son pardon au terme d'une émission de télé-réalité. Laquelle passionne toute l'opinion publique.
Habile peinture sociétale, aux échos pourtant universels, ce drame aux allures de thriller met en scène des comédiens au firmament. Sa réussite est implacable. Avant lui, d'autres films venus d'Iran ont marqué nos esprits. En voici trois immanquables.  

Le Goût de la Cerise (1997)

Quel destin ! Arrivé à Cannes à la dernière seconde en 1997, parce que le pouvoir iranien lui refusait le visa de sortie, Le Goût de la Cerise d'Abbas Kiarostami a reçu cette année-là la Palme d'Or -partagée avec L'Anguille de Shohei Imamura- de la part d'un jury présidé par Isabelle Adjani.
Radicale, libre, réflexive, cette oeuvre, probablement la plus belle de son auteur, raconte le récit nomade d'un homme d'une cinquantaine d'années qui cherche, en 4x4, la personne qui voudra bien l'enterrer, contre rémunération, après son suicide. Un voyage introspectif qui va le mener à la croisée de trois personnages : un soldat, un séminariste et un taxidermiste du musée d'histoire naturelle.
Polémique en Iran, où le suicide est interdit (dans le vie et au cinéma), cette oeuvre mondialement saluée brille par sa portée philosophique et humaine.  

A propos d'Elly (2009)

Pour parler du cinéma d'Asghar Fahradi, c'est souvent Une Séparation qui revient en boucle. Oscarisé, césarisé, sacré à Berlin, ce film a réuni près d'un million de spectateurs en salles. Un succès mérité qui, pourtant, fait de l'ombre à un autre diamant du réalisateur: A propos d'Elly. Et quel dommage ! Ce drame, prodigieusement écrit, est centré sur un groupe d'amis étudiants passant leurs vacances dans un cabanon sur la mer Caspienne.
Quand la jeune Elly disparaît, toute la bande prend l'eau. D'un coup, les secrets d'alcôve fusent, les tensions s'exacerbent, les masques tombent… Construit à la manière d'un thriller où les rebondissements nous plongent en apnée, ce film marque notamment les mémoires par son casting hallucinant, où trône la magnifique Golshifteh Farahani, tout aussi impériale que ses autres partenaires. Merveille. 

Taxi Téhéran (2015)

C'est un cinéma de résistance, de jusqu'au-boutiste. En dépit de sa condamnation en 2010, comportant une interdiction de réaliser des films pendant vingt ans et de quitter son pays, Jafar Panahi a quand même réussi à livrer son étonnant Taxi Téhéran, salué en 2015 au Festival de Berlin par la plus haute distinction : l'Ours d'Or.
Tournée pour la dérisoire somme de 32000 euros, sans générique de fin (pour protéger les passagers), cette oeuvre met en scène le cinéaste dans la peau d'un conducteur de taxi qui sillonne les rues pétulantes de la capitale iranienne en recueillant les confidences de ses clients.
Une manière habile, au nom de la liberté d'expression et de l'amour de l'art, de dresser un état des lieux de la société de son pays, en redoublant de discrétion ; l'équipe ayant placé trois caméras dissimulées dans l'habitacle du véhicule. Courageux !