Avec MINARI, Deauville nous offre un premier coup de coeur

Présenté en ouverture du 46e Festival du Cinéma Américain de Deauville, "Minari" a ému le public grâce au récit autobiographique de son réalisateur, Lee Isaac Chung. Celui d'un américano-coréen qui s'installe avec sa famille et ses enfants en Arkansas pour bâtir une ferme.

Avec MINARI, Deauville nous offre un premier coup de coeur
© ARP Sélection

On connaissait les monts Ozarks -cette région accidentée s'étendant sur plusieurs états américains- grâce à la série à succès Ozark, diffusée sur Netflix. On peut désormais associer la zone en question à un petit bijou du cinéma indépendant US : Minari.
Quatrième long-métrage de Lee Isaac Chung, auréolé de deux récompenses majeures lors du dernier Festival de Sundance (Grand Prix et Prix du Public), ce drame autobiographique séduit dès ses prémices par la sincérité qui s'en dégage. Celle d'un cinéaste qui choisit d'y raconter sa propre enfance, tout en rendant un vibrant hommage à son père.

Tout s'ouvre dans un mouvement, celui d'une voiture qui sillonne les vastes paysages de l'Arkansas pour se poster devant une maison sur roues. C'est là qu'une famille d'origine coréenne doit s'installer. Pour tenter. Pour prospérer, peut-être.

Mais entre Jacob et Monica, qui ont quitté leur pays avec l'espoir chevillé au corps, il y a beaucoup trop de plomb dans l'aile. Et leur travail quotidien dans le sexage de poussins n'arrange rien. Pis, ils les enfoncent dans les crevasses du couple, dans la morosité et la répétition. Surtout lui, cet homme tenace qui voudrait tant offrir à sa femme ce fameux rêve américain.

L'art de la délicatesse 

Le voilà donc qui persiste et signe dans sa volonté de construire une ferme afin d'y cultiver des légumes coréens. Et quand la grand-mère -à la fois fantasque et attachante- débarque dans la maisonnée, la vie du couple et de leurs deux enfants est autrement bousculée.

A travers les yeux du petit David (sa version d'enfance), Lee Isaac Chung porte ses souvenirs à l'écran avec sobriété, nous passionnant pour les membres de sa famille, leur combat, leur résilience et leur farouche envie de trouver une terre fertile pour leurs aspirations.

Comme pour leurs récoltes, notamment celle du minari, ce cresson coréen, planté par la grand-mère, dont la production s'avère aussi délicate que les lignes de ce récit filial et familial. On en sort émus, notamment par son travelling final qui reste longtemps en tête.