MIGNONNES, A PERFECT FAMILY, NRSA : nos coups de cœur du 19 août

Faites la connaissance d'une jeune fille qui tente de se libérer par la danse. Investissez une famille en plein bouleversement. Mettez vos pas dans ceux d'une adolescente qui cherche à se faire avorter. "Mignonnes", "A Perfect Family" et "Never Rarely Sometimes Always" sont nos conseils ciné de la semaine.

MIGNONNES, A PERFECT FAMILY, NRSA : nos coups de cœur du 19 août
© Bac Films

Mignonnes de Maïmouna Doucouré

En 2018, elle remportait –entre autres récompenses– le César du meilleur court-métrage pour Maman(s), dans lequel elle dressait le portrait d'une ado aux prises avec une famille polygame. Cette année, avec Mignonnes, la cinéaste Maïmouna Doucouré poursuit sur le terrain de l'adolescence, qu'elle filme à hauteur de son héroïne, Amy, 11 ans. Campée par l'épatante Fathia Youssouf, cette dernière tente d'échapper à son cocon paralysant en ralliant une bande de danseuses aux chorégraphies suggestives et provoquantes. Avec une réalisation tonique et inspirée, d'ailleurs plébiscitée au dernier Festival de Sundance, Doucouré tire la sonnette d'alarme en témoignant de l'hyper-sexualisation du corps adolescent, de plus en plus favorisée par une société de l'immédiateté où siège le pouvoir des réseaux sociaux et des images qu'ils charrient. Jamais regardées avec jugement, ses héroïnes, qui veulent grandir plus vite que le permet leur corps, sont aussi touchantes que dérangeantes.  

Avec Fathia Youssouf, Medina El Aidi, Esther Gohourou (1h35)

A Perfect Family de Malou Leth Reymann

C'est une des petites pépites de l'été et elle nous vient tout droit du Danemark. A Perfect Family est un premier long-métrage d'inspiration autobiographique par le biais duquel, en filigrane, la cinéaste Malou Leth Reymann raconte son histoire auprès d'un père transgenre. Emma, l'héroïne de son récit, en est donc l'alter-ego. Elle coule des jours ordinaires jusqu'au moment où, à table, elle apprend, aux côtés de sa grande sœur, que son papa souhaite devenir une femme. La comédienne Kaya Toft Loholt, époustouflante dans sa manière d'entremêler la colère qui l'habite et cette affection irrésistible qu'elle porte à père, crève l'écran. Fort d'une mise en scène très sobre, qui brille par son regard doux et bienveillant, Reymann dresse un tableau familial vibrant, dont les belles touches de couleurs sont assurées par des comédiens déconcertants de naturel. Finalement, tout transpire ici l'amour, à commencer par celui que la réalisatrice éprouve à l'endroit de tous ses personnages.   

Avec Kaya Toft Loholt, Mikkel Boe Folsgaard, Neel Rønholt (1h41)

Never Rarely Sometimes Always d'Eliza Hittman

Le titre Never Rarely Sometimes Always fait référence au questionnaire à choix multiples que l'on soumet aux femmes souhaitant se faire avorter. C'est le cas d'Autumn, l'héroïne du nouveau long-métrage d'Eliza Hittman (It Felt like Love, Beach Rats). Cette adolescente taciturne, vivant dans une zone rurale de Pennsylvanie, fait face à une grossesse non désirée. Sans aide de ses proches ou des organismes locaux, elle embarque sa cousine Skylar dans un voyage en direction de New York. Porté par la prestation exceptionnelle de Sidney Flanigan –retenez bien son nom, on n'a pas fini d'en entendre parler–, ce drame se démarque par la précision de son propos, la pudeur de ses contours et l'aura quasi documentaire dont il se pare pour nous toucher au plus près, de manière juste et directe. Nul doute : on tient là l'une des plus éclatantes réussites du cinéma indépendant américain de ces derniers mois. Une oeuvre qui réussit, en creux de son portrait naturaliste, à raconter une certaine Amérique.  

Avec Sidney Flanigan, Talia Ryder, Théodore Pellerin (1h42)