UNE MÈRE INCROYABLE : 3 bonnes raisons de vibrer devant ce portrait de femme

En salles le 19 février, "Une Mère Incroyable" de Franco Lolli relate le bouleversant parcours d'une mère célibataire dans la tourmente. Soutenue par la prestation entêtante de Carolina Sanín, cette plongée sociétale au cœur de Bogotá est une vraie découverte. La preuve par trois !

UNE MÈRE INCROYABLE : 3 bonnes raisons de vibrer devant ce portrait de femme
© Ad Vitam

Cinq ans après Gente de Bien, le cinéaste colombien Franco Lolli signe son retour remarqué avec un magnifique portrait de femme: Une Mère Incroyable. Présentée en mai dernier à la Semaine de la Critique, lors du Festival de Cannes, cette réalisation nous embarque à Bogota où Silvia, une mère célibataire et avocate, est asphyxiée par un scandale de corruption. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, elle doit également affronter la foudroyante maladie qui frappe sa mère et qui pourrait bien l'emporter. C'est dans ce contexte torrentueux qu'elle s'embarque par ailleurs dans une histoire d'amour, elle qui n'en avait plus connue depuis des lustres. Une manière la remettre sur les rails pentus et sinueux d'une vie qui prend enfin des couleurs face au poids de l'adversité. Ici, Lolli soigne les contours de son héroïne, la regarde avec ses forces vives et ses failles, comme un peintre qui, par touches équilibrées, achève un portrait vibrant, d'une irréfutable universalité.        

Carolina Sanin et Antonio Martinez dans "Une Mère Incroyable". © Ad Vitam

UNE MÈRE INCROYABLE : un récit autobiographique

Si tout sonne juste dans cette œuvre brève et déchirante, c'est sûrement parce que le projet est né depuis les entrailles du cinéaste. L'honnêteté qui y est engagée licencie de facto toute tricherie. Fils unique, Lolli a lui-même appris, alors qu'il écrivait son second film, que sa maman souffrait d'un cancer potentiellement létal. C'est ainsi qu'Une Mère Incroyable a germé en lui. Pendant le tournage, sa femme était enceinte de huit mois et sa mère en rémission. De quoi le fragiliser émotionnellement ; il dit en effet avoir pleuré pendant la moitié de la conception de son labeur. Et on le comprend. Il faut avouer que le plateau était particulièrement chargé en sensations puisqu'il a engagé sa propre génitrice dans le rôle de la maman mourante de l'héroïne. Héroïne elle-même incarnée par sa cousine au deuxième degré. Autant dire que dans de telles circonstances, le mariage (provoqué) du réel et de la fiction contamine l'auteur comme le public.   

UNE MÈRE INCROYABLE : une actrice formidable

Écrivaine et féministe (re)connue en Colombie, Carolina Sanín crève l'écran sous les traits de Silvia. Pour son premier rôle sur grand écran, armée de ce regard fort (évoquant celui de Diane Kruger), l'intéressée insuffle une tension et une douceur à ce personnage guerrière qui va entrevoir dans l'ombre de la mort un chemin vers la vie. Au-delà de cette interprétation remarquable, Une Mère Incroyable évite le piège du pittoresque, d'une vision fantasmée de la Colombie par un public occidental adepte des cartels et d'Escobar. Les séquences se déroulent souvent en intérieur, en appartement, donnant une impression immédiate de proximité. Si ce n'est la langue, rien ne vient nous dévier d'une identification directe à l'héroïne, aux maux qui la rongent et au souffle qui l'anime. On y parle de famille –et du rapport conflictuel entre une mère et sa fille–, de travail et d'amour avec la simplicité pour seul moteur. Mais surtout, d'un monde dur et inclément.

"Une mère incroyable // VOST"