FAHIM : 3 bonnes raisons de découvrir le film en salles

Après "Gaston Lagaffe", Pierre-François Martin-Laval investit un sujet sérieux : celui de l'immigration. Avec "Fahim", il le traite sincèrement et humainement en portant à l'écran le récit de Fahim Mohammad, un jeune champion d'échecs qui a fui le Bangladesh pour s'installer en France.

FAHIM : 3 bonnes raisons de découvrir le film en salles
© Wild Bunch

Une histoire vraie

C'est devant On n'est pas couché, l'émission de Laurent Ruquier, que Pierre-François Martin-Laval a découvert le parcours hallucinant de Fahim Mohammad. Cet adolescent était plus précisément invité sur le plateau de France 2 pour évoquer son récit autobiographique, consigné dans le livre Un Roi Clandestin (paru en 2014 aux éditions Les Arènes).
Très vite, Pef est saisi par cette histoire hors du commun et pourtant de plus en plus commune. Las de ceux qui assimilent les flux migratoires à des menaces, qui jettent systématiquement l'anathème sur les migrants, l'intéressé choisit en effet de la porter à l'écran pour donner un visage à ceux qui sont souvent dévoyés ou bafoués. Fahim a quitté la guerre au Bangladesh, avec son père, et rallié la France pour un avenir meilleur. Il s'y intégrera grâce à son intelligence, sa sensibilité, sa sagesse et son talent redoutable pour les échecs, qui en fit le Champion de France des moins de 12 ans. Une histoire vraie, médiatisée. Et, surtout, enrichissante ! 

Une approche réaliste

Il aurait pu succomber à la facilité, aux sirènes du conte sirupeux, enfantin. De ceux qui transfigurent le réel dans une vision fantasmée, et souvent biaisée. Avant de se lancer dans ce pari humaniste, l'ex-Robin des Bois Pierre-François Martin-Laval a bien réfléchi. Et sa décision fut la bonne. Fahim n'empruntera aucun code -ou réflexe narratif- à la fable.

Face à la trajectoire bigger than life de son sujet, comme diraient les américains, le réalisateur a préféré au contraire le traitement frontal et sans fioritures. Il se met ainsi entièrement au service de l'histoire et dirige ses acteurs en les poussant à être le plus naturel possible. Une manière de donner à vivre, de la première à la dernière minute, le long parcours du combattant que représentent l'exil et la quête d'un avenir meilleur. Le spectateur n'aura, par conséquent, aucun mal à entrer immédiatement en empathie avec Fahim et son père. Il partagera chacun de leur tracas et endurera leur interminable cheminement administratif.   

Assad Ahmed et Gérard Depardieu : duo alchimique

La réussite du long métrage dépendait largement de l'alchimie entre les acteurs qui incarneraient Fahim et Xavier Parmentier, son regretté professeur d'échecs. Le premier -Assad Ahmed- a été découvert miraculeusement tandis qu'il accompagnait son cousin au casting et qu'il rechignait à passer des essais. Le second n'est autre que le colossal Gérard Depardieu, qui a répondu favorablement au projet deux jours après en avoir reçu le scénario.

"Il dit qu'il y a plus d'aventures sur un échiquier que sur toutes les mers du monde", nous a d'ailleurs confié Pef.

A l'image, Depardieu est juste, sans emphase, portant l'humanité de son personnage à incandescence. Les scènes qui les réunissent sont justes et souvent touchantes dans leur manière de figurer la filiation, la transmission, le partage et le choc des cultures salvateur.

Notez par ailleurs que, même sans comprendre les règles des échecs, il est parfaitement possible d'en saisir les tensions et les défis qui y sont engagés. Une expérience où l'émotion finale fait, sans jeu de mot facile, échec et mat.  

"Fahim // VM"