Hafsia Herzi en 5 rôles marquants

Le 11 septembre, elle sera à l'affiche du vivant et exaltant "Tu Mérites un Amour", son premier film en tant que réalisatrice. A 32 ans, la sublime Hafsia Herzi semble être au zénith d'une carrière déjà riche de très beaux rôles. Focus.

Hafsia Herzi en 5 rôles marquants
© Rezo Films

Elle est accessible, avenante et gouailleuse. Hafsia Herzi, c'est une locomotive de vie qui est entrée dans les rails du cinéma français en 2007, grâce à l'inoubliable et grandiose La Graine et le Mulet d'Abdellatif Kechiche. Depuis, il y a eu de nombreux arrêts inspirants, qu'on ne saurait tous citer. Pêle-mêle, on croise Raja Amari, Emmanuelle Bercot, Eric Zoncka ou, tout récemment Roschdy Zem. Avec son regard mystérieux et sa fougue, pareille à une tempête qui gronde sous une pellicule de douceur, la comédienne de 32 ans continue d'épater par ses choix, majoritairement tournés vers des auteurs, dont elle aime être au service. Cette année, elle passe un nouveau cap en proposant, après un passage remarqué à la Semaine de la Critique à Cannes, sa première réalisation : Tu Mérites un Amour, titre qui fait référence à un poème de Frida Khalo. Elle y incarne à la perfection une jeune femme qui essaye, par tous les moyens, de se relever d'un chagrin d'amour. S'il s'agit là de l'un de ses plus beaux rôles, nous avons quand même eu envie de nous replonger sur cinq autres interprétations de haute volée. Flash-back !

"Tu mérites un amour // VF"

La Graine et le Mulet d'Abdellatif Kechiche (2007)

Hafsia Herzi est entrée dans la planète cinéma en empruntant la voie royale sous la direction de l'immense Abdellatif Kechiche. On la revoit encore effectuer son numéro de danse orientale jusqu'à la transe, cristallisant dans ce moment la quintessence du cinéma de son auteur : celui de l'étirement, de l'usure, du jusqu'au-boutisme. En campant Rym, une jeune femme volubile de Sète qui aide un ancien employé d'un chantier naval à se reconvertir dans la restauration, elle met le cinéma à ses pieds, remportant notamment le Prix Marcello-Mastroianni à la Mostra de Venise et le César du Meilleur Espoir Féminin. Pour un début !

Le Roi de l'Evasion d'Alain Guiraudie (2009)

Deux ans après La Graine et le Mulet, Hafsia Herzi s'incruste dans le viseur de nombreux auteurs. Parmi eux ? L'atypique et passionnant Alain Guiraudie qui lui offre le rôle principal du savoureux Roi de l'Evasion, présenté à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes. Elle se glisse pour l'occasion sous les traits de Curly, une jeune femme dont un vendeur de matériel agricole homosexuel (excellent Ludovic Berthillot) va s'amouracher. Pourchassés, ces deux-là vont prendre ensemble l'embranchement de la marge, esquissant dans leurs pérégrinations un joyeux geste libertaire et hédoniste, célébrant les corps et la vie.  

L'Apollonide : Souvenirs de la Maison Close de Bertrand Bonello (2011)

2011 fut une année cannoise fastueuse pour Hafsia Herzi avec deux films en compétition : La Source des Femmes de Radu Mihaileanu et L'Apollonide : Souvenirs de la Maison Close de Bertrand Bonello. Dans le second, elle incarne une prostituée d'une maison close parisienne, à l'aube du XXème siècle. Si la comédienne n'y trouve pas le rôle principal, c'est parce qu'elle agrège son talent à une distribution homogène et équilibrée, qui fait des étincelles de toute part. Avec à ses côtés Adèle Haenel ou Céline Sallette, Herzi s'inscrit avec grâce dans l'incroyable décorum concocté par le cinéaste. Une œuvre qui interroge le rapport au corps avec une poésie manifeste.

L'Amour des Hommes de Mehdi Ben Attia (2017)

Nous sommes à Tunis, de nos jours. Quand elle perd son mari, la vie d'Amel, une jeune photographe, bascule soudainement. Pour se reconstruire, encouragée par son beau-père, elle sort dans les rues de la ville et immortalise des garçons, les regardant sans détour, sans fard, sans honte surtout, la mine altière. Avec L'Amour des Hommes, le cinéaste Mehdi Ben Attia fait de l'actrice un porte-voix, une figure émancipée qui, dans une société ballottée entre la tradition et la modernité, n'a pas peur d'assumer ses envies, ses ambitions, et de les embrasser au grand jour. En résulte un objet de cinéma lascif et envoûtant.  

Mektoub my Love – Canto Uno et Intermezzo d'Abdellatif Kechiche (2017 et 2019)

Quand elle débarque à l'écran dans Mektoub my Love, l'émotion est immédiate. Dix ans après l'avoir révélée, Abdellatif Kechiche fait de Hafsia Herzi la sympathique tante du héros incarné par Shaïn Boumédine. Comme une façon de montrer combien sa pouline a grandi et s'est accomplie artistiquement. Dans un bar, vêtue d'un magnifique bleu électrique, elle investit ainsi la bande avec une bonne humeur et un sourire contagieux, rappelant qu'elle est au cinéma de Kechiche un bien inestimable, qui le sertit avec élégance et énergie. Allez, on le dit : on rêve de nombreuses autres collaborations aussi qualitatives !