Sintra au Portugal, décor magnétique de FRANKIE... et pas seulement

On l'avait laissé en 2016, avec son superbe Brooklyn Village, lauréat du Grand Prix à Deauville, dans lequel il scannait avec sensibilité une amitié entre deux adolescents dont les familles se déchirent pour un imbroglio immobilier. Cette année, le cinéaste américain Ira Sachs, 53 ans, a choisi de poser ses valises loin de ses terres new-yorkaises. Son dévolu, il l'a précisément jeté sur Sintra, une magnifique ville portugaise située au creux des collines de la Serra de Sintra, à 25 kilomètres à l'Ouest de Lisbonne. Avec ses palaces, ses couvents, ses sanctuaires, ses demeures de charme et ses paysages à couper le souffle, elle constitue l'écrin parfait pour l'héroïne du long-métrage, Frankie, incarnée par Isabelle Huppert. Laquelle réunit ses proches dans ces panoramas de toute beauté pour mieux leur dire adieu. Comme Sachs, d'autres cinéastes ont succombé à l'appel des lieux. 

Souvenez-vous, en 1999, le cinéaste Roman Polanski proposait un véritable trip, logé entre le thriller et le fantastique, en s'inspirant de l'opus El Club Dumas de l'écrivain Arturo Perez-Reverte. La Neuvième Porte, son 16e long-métrage, mettait ainsi en scène Johnny Depp sous les traits de Dean Corso, un chercheur de livres rares diligentés par des acheteurs et des collectionneurs nantis. Un jour, un bibliophile lui demande de partir sur les traces des Neuf Portes du royaume des ombres, un légendaire manuel d'invocation satanique. Une mission regorgeant d'énigmes et de frissons qui va le mener de Paris à Tolède en passant par… Sintra, laquelle s'y révèle sous ses beaux atours.
Il y a trois ans, le cinéaste Terry George y conviait ses comédiens -Oscar Isaac, Christian Bale et Charlotte le Bon- pour les besoins de La Promesse, un drame romantique sur fond de Grande Guerre dans lequel deux hommes se disputent les faveurs d'une femme. D'autres réalisateurs ont aussi trouvé Sintra cinégénique -notamment Wim Wenders pour L'Etat des Choses (1982), dans lequel un cinéaste tente de tourner un film au Portugal.

L'horreur également au rendez-vous

Un réalisateur a carrément mis Sintra au centre de sa filmographie : Jesús Franco, chantre du cinéma alliant horreur et érotisme. De Chasseur de l'Enfer à Mondo Cannibale (tous deux sortis en 1980) en passant par La Fille de Dracula (1972) ou La malédiction de Frankenstein ou les expériences érotiques de Frankenstein (1973), la maestro espagnol, disparu en 2013 et salué par de grands noms de l'horreur actuelle (dont Jaume Balaguero), a su tirer profit des mystères qui habitent cette ville pleine de surprises, les pieds dans l'eau (il n'y qu'à jeter un œil à la Praia da Adraga, l'une des plus belles plages du littoral de Sintra, cerclée d'imposantes et majestueuses falaises).

Autre candidat ciné de la station balnéaire ?

Le film de SF catastrophe Color out of Space de Richard Stanley, avec Nicolas Cage, aurait en partie été tourné là-bas, Non daté encore en France, il s'agit plus spécifiquement d'une adaptation de la nouvelle La Couleur tombée du ciel de Howard Phillips Lovecraft, sortie en 1927.

Pour vous faire une idée de l'atmosphère qui nimbe Sintra ?

Pourquoi pas La Quinta da Regaleira, une demeure somptueuse, riche de jardins abritant des tunnels secrets et de mystérieux symboles religieux, qui cristallise ce qu'y recherchent certains metteurs en scène. Notez par ailleurs que plusieurs autres épopées y ont élu domicile. A l'instar de la mini-série Les Voyages de Gulliver de Charles Sturridge ou des Mystères de Lisbonne de Raoul Ruiz. Il est désormais fort à parier, avec la sortie de Frankie, dans lequel Ira Sachs magnifie les lieux au point d'en faire un personnage à part entière, que Sintra va devenir un décor de cinéma beaucoup plus sollicité par les amateurs de beaux décors. Le pari est pris.