PAUVRE GEORGES!, ROJO, YESTERDAY : 3 coups de cœur ciné ce 3 juillet

Faites la connaissance d'un professeur taciturne et bardé de désillusions. Entrez dans un monde où les Beatles n'ont jamais existé. Plongez dans les arcanes vintage du thriller argentin. "Pauvre Georges !", "Yesterday" et "Rojo" sont nos 3 conseils ciné de la semaine !

PAUVRE GEORGES!, ROJO, YESTERDAY : 3 coups de cœur ciné ce 3 juillet
© Jour2fête

Pauvre Georges ! de Claire Devers

Georges n'en peut plus. Il en a marre. La désillusion semble s'être pigmentée dans chaque parcelle de son corps et de son âme. Professeur de français fraîchement installé avec sa femme en banlieue de Montréal, ce dernier a en effet le sentiment de ne servir à rien face à des élèves désintéressés. Un soir, en rentrant du travail, il surprend Zach, un adolescent à l'abandon, en pleine intrusion chez lui. Aussi terrifié que fasciné, l'homme aboulique va prendre sous son aile cette brebis égarée, voyant dans ce rendez-vous du destin une occasion inespérée de donner un but à sa vie. Sept ans après l'avoir dirigé dans le téléfilm Rapaces, sous les traits d'un trader, la cinéaste Claire Devers retrouve dans Pauvre Georges ! Grégory Gadebois, impeccable dans la peau d'un héros triste sorti tout droit de l'imaginaire de l'écrivaine américaine Paula Fox. Avec sobriété et précision, cet opus s'attache à dépeindre les relations humaines et les faux-semblants, à gratter dans le vernis, mettant à nu des personnages fragiles malgré le confort dans lequel ils vivent. Il est question ici de quêtes : celle du sens de la vie, de sa place dans le monde et du nouveau départ. On aime surtout la façon féroce de croquer dans des personnages méchamment gentils ou gentiment méchants ; tous témoins d'un ordre où l'éducation s'effrite et la morale tousse.

Avec Grégory Gadebois, Mylène MacKay, Monia Chokri (1h54)

"Pauvre Georges ! // VF"

Yesterday de Danny Boyle

Jack Malik est un auteur-compositeur qui galère. Las de chanter devant quatre spectateurs (ses amis) dans des festivals approximatifs, il entend décrocher quand un miracle s'opère. Un soir, une étrange panne d'électricité sévit, plongeant la Terre entière dans le noir pendant une dizaine de secondes. Au même moment, le jeune homme se fait renverser par un bus. A son réveil, ses chers potes lui offrent une nouvelle guitare -la précédente ayant été endommagée lors de l'accident- et lui demandent de fredonner une chanson pour l'inaugurer. Il choisit Yesterday des Beatles. Ils sont subjugués. Normal : ils n'ont jamais entendu parler du groupe de Liverpool. Interloqué, Jack Malik comprend très vite qu'il s'est réveillé dans un monde où personne ne connait les Beatles et espère bien en profiter pour exploiter leurs tubes à son compte et devenir une star planétaire. Ecrit par Richard Curtis, le scénariste génial de Coup de Foudre à Notting Hill et Love Actually, Yesterday de Danny Boyle est un feel-good movie estival de bonne tenue qui propulse l'inconnu Himesh Patel sur le devant de la scène. Malgré des baisses de régime régulières, la faute à un concept narratif qui s'érode, cette comédie so british, incluant love story pétillante et personnages secondaires attachants, est un divertissement idéal pour surmonter un coup de blues.     

Avec Himesh Patel, Lily James, Ed Sheeran (1h57)  

"YESTERDAY // VOST"

Rojo de Benjamín Naishtat

Rojo s'ouvre lentement, avec une délectable langueur, sur l'Argentine des années 70. Attablé dans un restaurant, Claudio, un avocat réputé et localement respecté, savoure son repas. Depuis un bail, il vit confortablement en fermant les yeux sur les pratiques menées par le régime en place. Mais ce soir, la donne change. Un inconnu le prend à parti et fait une scène devant des convives ébahis. Le ton s'emballe. L'altercation monte en puissance, se poursuit à l'extérieur et se solde par un drame que le notable va tenter d'étouffer. Hélas pour lui, la merde finit toujours par remonter à la surface. Commence alors une longue agonie. Après El Juego (2010), qui s'appuyait sur les codes du film d'horreur pour décrire la paranoïa des classes sociales argentines, et El Movimiento (2015), qui mettait l'accent sur les tensions sévissant dans son pays, le jeune cinéaste argentin Benjamin Naishtat poursuite sa dissection nationale avec le passionnant Rojo. Il y dresse le portrait d'hommes dont les échanges sont constamment maltraités par de toxiques rapports de domination. On assiste ainsi, haletant, à une ronde infernale magnifiée par une patine visuelle vintage et une grammaire cinématographique alliant avec goût les fondus et les zooms. De quoi ajouter un thriller quali de plus dans un pays qui en regorge !

Avec Dario Grandinetti, Andrea Frigerio, Alfredo Castro (1h49)

"Rojo // VOST"