LA FEMME DE MON FRERE et BIXA TRAVESTY : nos coups de coeur du 26 juin

Empoignez les névroses protéiformes de l'actrice et désormais réalisatrice québécoise Monia Chokri. Allez à la découverte de l'incroyable personnalité de l'artiste Linn da Quebrada. "La Femme de mon Frère" et "Bixa Travesty" sont nos deux conseils cinéma de la semaine.

LA FEMME DE MON FRERE et BIXA TRAVESTY : nos coups de coeur du 26 juin
©  Memento Films Distribution

La Femme de mon Frère de Monia Chokri

C'est en 2010 que la jeune québécoise Monia Chokri se fait connaître du public grâce aux Amours Imaginaires de Xavier Dolan. Aux côtés du cinéaste, qui incarne un des rôles-titres, elle se retrouve embarquée dans un triangle amoureux esthétisé et emballant. On la revoit encore marcher au ralenti, fumée de cigarette dans le vent, sur Bang Bang de Dalida. Dix ans plus tard, avec d'autres films au compteur et Quelqu'un d'extraordinaire, son court très remarqué, la voilà qui franchit le pas du premier long-métrage avec le très autobiographique La Femme de mon Frère, présenté en mai dernier au Festival de Cannes dans la sélection Un Certain Regard. Elle s'y raconte en creux à travers une héroïne bavarde et gouailleuse, interprétée par la comédienne Anne-Elisabeth Bossé, ultra populaire du côté de la Belle Province. Nous sommes à Montréal. Sophia est brillante, tempétueuse, volcanique, aussi triste dedans que survoltée dehors. Sans emploi, à l'article constant de la crise de nerf, elle dévisse quand son frère, avec qui elle entretient une relation fusionnelle, tombe amoureux de sa gynécologue. Œuvre tonitruante sur l'amour et la famille, cette comédie grinçante, très dolanienne dans la tonalité et l'hystérie névrotique provoque autant qu'elle enthousiasme. A l'image de son personnage principal, aussi attachant qu'indomptable. Une véritable curiosité à la bande-originale dissonante et au discours percutant.    

Avec Anne-Elisabeth Bossé, Patrick Hivon, Sasson Gabai (1h57)

"La femme de mon frère // VF"

Bixa Travesty de Kiko Goifman et Claudia Priscilla

Alors que la communauté LGBTQ+ subit des menaces accrues sur le sol brésilien depuis la récente élection de Jaïr Bolsonara, le documentaire Bixa Travesty fait office, au-delà de ses qualités purement esthétiques, de vrai geste politique. Kiko Goifman et Claudia Priscilla ont eu la bonne idée de consacrer un portrait à Linn da Quebrada, une charismatique rappeuse transgenre de la banlieue de São Paulo qui a fait de son corps un moyen d'expression afin de mieux déjouer les normes sclérosantes. Inspiré par le punk et la façon dont le sexe y est évoqué, la star a très vite compris que le corps pouvait être une arme. Elle le dit d'ailleurs à plusieurs reprises, encourageant à la radio ou lors de ses concerts, où sa présence scénique fait des merveilles, à l'épanouissement, enjoignant ses fans à ne laisser personne contrôler leur destin et leur identité. Linn da Quebrada et toutes les personnes qui l'entourent font ainsi souffler un vent de modernité, de tolérance et de bonne humeur dans un pays où, comme dans plein d'autres points du globe, le machisme peuple tous les étages de la société. Il y est question, à travers les textes et les chansons, les témoignages et l'auscultation des corps, de rappeler que l'altérité est la plus précieuse des choses pour qui sait l'embrasser. Un docu bref et utile !

Avec Linn da Quebrada (1h15)  

"Bixa Travesty // VOST"