TEL AVIV ON FIRE : 3 bonnes raisons de s'enflammer pour ce film

Au cinéma dès le 3 avril, "Tel Aviv on Fire" est la seconde réalisation du cinéaste palestinien Sameh Zoabi. Avec humour, il s'appuie sur un soap opera pour faire communiquer deux peuples (pas si) ennemis.

TEL AVIV ON FIRE : 3 bonnes raisons de s'enflammer pour ce film
© Haut et Court

Remarqué à la 75ème Mostra de Venise, où son comédien principal, Kais Nashif, s'est vu remettre le Prix Orizzonti du meilleur acteur, Tel Aviv on Fire marque le second passage derrière la caméra du metteur en scène et scénariste palestinien Sameh Zoabi. Au cœur d'une région où toute discussion peut faire office d'étincelle sur une poudrière, l'intéressé a imaginé une intrigue originale et propice au rire, dans laquelle la concorde entre les deux états passe par un soap opera que tout le monde regarde avec le même engouement. Nous vous donnons trois bonnes raisons d'y prêter attention.

Le soap opéra, formidable trait d'union

Tel Aviv on Fire est le titre du film de Sameh Zoabi. Mais c'est aussi celui de la série arabe à succès qui en est le fil conducteur. Le héros, Salam, a trente ans et galère en tant que stagiaire sur un plateau où tout le monde le snobe. Chaque matin, il traverse le même checkpoint pour bosser à Ramallah. Un jour, son équilibre vrille pour le meilleur (mais aussi pour le pire). Suite à un incident, il se retrouve face à un officier israélien ultra fan du soap opera en question. Pour se dédouaner, Salam prétend en être le scénariste. Entre eux naît alors une certaine complicité et, très vite, ces deux-là vont former un formidable tandem à la fois comique et touchant afin d'imaginer de nouvelles péripéties à ce programme populaire et fédérateur. Pour Zoabi, l'occasion de rendre un hommage appuyé à ces soaps -que les fans du Proche et Moyen Orient regardent avec une assiduité de tous les instants- était parfaite.     

L'humour comme bouclier à la violence

Evidemment, Tel Aviv on Fire n'est pas dupe du fossé qui sépare les israéliens et les palestiniens. Dans une scène marquante, les premiers parlent de "terroristes" quand les seconds évoquent des "combattants de la liberté". Toute discussion peut de fait aboutir à une querelle tant les passions y sont vives et criantes. Si des films comme Paradise Now, Les Citronniers, Ajami ou Jaffa ont par exemple évoqué le conflit israélo-palestinien à travers un prisme très dramatique, Sameh Zoabi privilégie là une véritable légèreté de ton, s'inspirant du Dictateur de Chaplin et estimant que le rire décongestionne souvent les situations les plus inextricables. Certes moins arty que le cinéma drolatique d'Elia Suleiman, ce long métrage suit l'exemple du Cochon de Gaza pour tourner en dérision la haine et rappeler tout ce que ces voisins électriques ont en commun, de l'amour du soap jusqu'à la bouchée de houmous.

Un casting impeccable

D'ordinaire (même dans ses courts métrages), Sameh Zoabi emploie des acteurs amateurs. Mais cette fois, conscient de la complexité du scénario et de l'humour qui en est la sève, le cinéaste a fait appel à une brochette de comédiens talentueux. Parmi eux brille Kais Nashif, primé à Venise, sous les traits de Salam. Face à lui, Yaniv Biton se distingue également par son flegme d'officier et son caractère tempétueux. L'alchimie qui les unit constitue à ce propos le gros atout du film et rappelle, une fois n'est pas coutume, que l'apanage des comédies réussies est une affaire de duo charmant. Dans la peau de l'actrice principale du soap opera, Lubna Azabal inoubliable dans Incendies de Denis Villeneuve, joue par ailleurs de son charme et compose un personnage haut en couleurs qui cristallise excès, passions –même les plus protéiformes– et dialogues en tous genres. Trio gagnant !

"Tel Aviv On Fire"