Casanova et le cinéma : toute une histoire !
Disponible en DVD et VOD, "Dernier Amour" de Benoît Jacquot relate une tranche surprenante et méconnue de la vie de Casanova, campé par Vincent Lindon. Comme lui, d'autres cinéastes se sont laissé séduire par ce héros. Tour d'horizon.
Entre Giacomo Girolamo Casanova et le septième art, l'histoire ne commence pas aujourd'hui. Non content d'avoir inspiré des œuvres théâtrales, picturales, télévisuelles, musicales ou de bandes dessinées, ce vénitien culte a fait l'objet de plusieurs transpositions sur grand écran. La dernière en date ? Dernier Amour de Benoît Jacquot, disponible en DVD et VOD, dans lequel on le retrouve isolé et transi d'amour pour une courtisane qui lui mène la vie dure. Mais avant cette réalisation, d'autres se sont emparés de son destin. Retour sur quatre variations de la vie d'un séducteur pas toujours si triomphant qu'on le croit.
Casanova de Lasse Hallström (2005)
Forcément, quand Hollywood s'attèle au personnage de Casanova, c'est pour son art de la séduction. Ici, comme dans Dernier Amour de Benoît Jacquot, ce héros bigger than life, incarné par le regretté Heath Ledger, va ainsi se heurter au charme de la belle Francesca (Sienna Miller), une vénitienne qui n'aura de cesse de le repousser pour mieux l'étourdir. Comment parvenir à ses fins en ménageant sa réputation ? Telle est la question qui résonne en creux de cette relecture, assez fadasse –convenons-en–, concoctée sans relief par le réalisateur et scénariste suédois Lasse Hallström (Gilbert Grape, Chocolat).
Casanova, un adolescent à Venise de Luigi Comencini (1969)
En 1969, l'illustre metteur en scène italien Luigi Comencini se penche l'enfance et l'adolescence de Casanova. Comme son titre l'indique, Casanova, un adolescent à Venise puise sa source dans les fameux mémoires de l'intéressé pour nous ouvrir un pan passionnant de son existence. On le découvre, à cet effet, auprès de sa grand-mère, puis de sa mère infidèle, avant qu'il se fasse remarquer par un prêtre de Padoue, lequel le pousse dans une voix ecclésiastique. Mais de rencontres en paroles, encouragé par les mœurs vénitiens, la soutane tombera graduellement au profit d'un horizon de libertinage.
Le Casanova de Fellini de Federico Fellini (1976)
Au programme ? Un dézingage en règle du mythe gravitant autour de Casanova. Ici, le maestro Federico Fellini s'attèle à une entreprise de réévaluation d'un héros –interprété par Donald Sutherland– qu'il estime puéril. Il nous en conte le récit réinventé, depuis son emprisonnement à la prison des Plombs jusqu'à sa vieillesse au château de Dux, en Bohème. Au fil du récit, le grand séducteur (présent dans notre inconscient collectif) est mis dos au mur, livré en pâture à sa solitude et à sa peur de perdre son prestige. Entre théâtre et poésie visqueuse, Fellini filme le malaise et transforme l'essai de ce portrait à contre-courant de la doxa et du tout-venant.
Casanova d'Alexandre Volkoff (1926)
Avant qu'Alexandre Volkoff ne s'intéresse au sort de Casanova, seul le Hongrois Alfréd Deésy l'avait porté à l'écran, en 1918. C'est dire si ce film muet, qui fut un événement en termes de décors et de costumes, marqua les esprits à sa sortie en salles. On y découvre Casanova en plein débauche dans la Cité des Doges, écartelé entre les chants de sirènes de ces dames et les menaces de ses créanciers, avant sa fuite vers la Russie où il rejoint la Cour du Tsar Paul III sous l'identité d'un modiste français… Là encore, le cinéma permet d'aller à la rencontre d'un personnage protéiforme, dont l'histoire ne se raconte pas en un film. Raison de plus pour lire ses mémoires.