DERNIER AMOUR : 3 bonnes raisons de voir le film Benoît Jacquot en DVD et VOD
Quatre ans après l'avoir dirigé dans "Journal d'une Femme de Chambre", le cinéaste Benoît Jacquot retrouve Vincent Lindon sous les traits de Casanova dans "Dernier Amour", disponible en DVD et VOD. Retour sur une nouvelle collaboration fructueuse.
Entre eux, l'amitié a (quasiment) supplanté le cinéma. Mais c'est le cinéma qui a rendu possible l'amitié. Benoît Jacquot et Vincent Lindon sont deux passionnés dont les différences se rejoignent au service du septième art. Dans Dernier Amour, disponible en DVD et VOD, le duo s'attèle à un moment spécifique et (assez) méconnu de la vie du célébrissime Casanova. Une plongée qui nous fait découvrir tout un pan –loin de la figure du grand séducteur fort– de ce personnage hors normes. Voici trois raisons de tenter l'expérience.
Casanova n'était pas qu'un tombeur
Dans l'inconscient collectif, Casanova est l'équivalent d'un Dom Juan, une espèce de surhomme qui aurait tout compris au désir féminin au point de s'adjuger les charmes de toutes ces dames. Dernier Amour vient toutefois rebattre les cartes de son identité (plurielle) en nous emmenant à la rencontre d'un héros esseulé, exilé à Londres, à des kilomètres de Venise, la ville où il a pignon sur rue. Il apparaît diminué, voire même vulnérable, et se voit opposer, pour la première fois de sa vie, une résistance de la part d'une courtisane, la Charpillon (incarnée à l'écran par l'excellente Stacy Martin). Laquelle refuse ses avances pour qu'il la désire encore plus, jusqu'à la consumation. Jacquot emprunte ici la frange sensible du personnage en se tenant à distance de l'exaltation du grand voyageur et de l'emphase du tombeur de la gent féminine.
La volonté farouche de Vincent Lindon
Ce rôle, le comédien Vincent Lindon le voulait ardemment, presque autant que Casanova suppliait la courtisane. Et ce n'est pas dans la douce séduction que l'intéressé l'a obtenu, mais dans une requête péremptoire. Depuis plusieurs années, il attendait en effet que le metteur en scène Benoît Jacquot s'attèle à un film dont le personnage central serait un homme. Découvrant l'existence du projet Dernier Amour, il s'est ainsi littéralement imposé à la production et au réalisateur en s'adjugeant le rôle principal. Sans laisser le choix. Emperruqué et en tenue d'époque, Lindon parvient à imprimer toute l'impuissance et la frustration possibles à un Casanova pris de court, pousser dans ses retranchements, et plus fébrile que jamais. A ce jeu, Stacy Martin lui donne le change et leur danse de regards fonctionne de manière efficace.
Superbe direction artistique
Du côté des décors, des costumes ou de la photographie, le travail engagé ici mérite toutes les louanges. Il ne serait d'ailleurs pas étonnant que des nominations aux prochains César soient à prévoir. Ici, la force de l'entreprise réside dans le refus de l'ostentation, du film-catalogue qui enquillerait des décors à des fins purement cosmétiques. Soutenue par la belle lumière du chef-opérateur Christophe Beaucarne (Barbara, L'Ecume des Jours, Rodin…), la précision des détails historiques épouse parfaitement le propos. De fait, le spectateur se verra complètement immergé dans la valse des sentiments du héros. Pour rappel, la chef décoratrice du projet n'est autre que la brillante Katia Wyszkop (Saint Laurent, Les Adieux à la Reine, Potiche…) tandis que les costumes, splendides, ont été pensés avec érudition par Pascaline Chavanne (L'Amant Double, Plaire, Aimer et Courir vite, Frantz…). Une sacrée équipe !