Bethany Whitmore, fantastique jeune première

INTERVIEW - Bethany Whitmore incarne Greta Discroll, une adolescente de 14 ans introvertie et terrifiée à l'idée de grandir, dans l'onirique "Fantastic Birthday". A l'occasion de la sortie du film le 22 mars, nous avons discuté avec la jeune actrice de sa carrière naissante, du passage à l'âge adulte et de féminisme.

Bethany Whitmore est en tête d'affiche de Fantastic Birthday, en salles le 22 mars. Cette comédienne de 17 ans, originaire de Melbourne, a fait beaucoup de chemin avant d'arriver devant la caméra de Rosemary Myers pour son premier rôle principal. Celle qui cite Amy Adams et Meryl Streep comme ses idoles avait déjà l'âme d'une comédienne du haut de ses 5 ans. Avec le soutien de sa mère, elle intègre une prestigieuse école de théâtre qui lui permet de peaufiner ses talents déjà bien présents. Après avoir décroché un rôle dans la série The Starter Wife, elle se retrouve enfin sur le devant de la scène. Si Bethany Whitmore a désormais un avenir prometteur en tant que comédienne, elle ne souhaite pas s'y cantonner. Sa liste d'objectifs est déjà bien fournie ; entre l'envie de travailler à Londres, aux Etats-Unis et en France et son projet d'apprendre cinq langues avant l'âge de 50 ans, elle aimerait s'investir dans la mode et la réalisation de films. Assoiffée de nouvelles connaissances, Bethany Whitmore fait part d'une très grande maturité face à son époque et n'a qu'une seule devise : "On n'est jamais trop vieux pour apprendre."  

Qu'est-ce-qui vous a le plus attiré dans le rôle de Greta ?

Dans la plupart des films, on voit des jeunes filles de 14 ans s'éprendre de garçons ou se soucier de leur apparence physique ; Greta est à leurs antipodes car elle reste très enfantine. C'est par sa différence qu'elle m'a inspirée et que je pense qu'elle peut être une source d'inspiration pour d'autres jeunes filles. Son personnage souligne que notre individualité est importante et que l'on n'a pas besoin de sauter des étapes pour grandir plus vite. Etant plutôt innocente et introvertie, je me sens proche d'elle. Je m'accroche à mon enfance et à ce que je suis véritablement. Je tiens à la vie et je ne laisse personne me dire ce que je devrais être.

Dans Fantastic Birthday, Greta a beaucoup de difficulté à passer de l'enfance à l'adolescence. Ça vous est arrivé ?

Oui et c'est pour ça que j'ai beaucoup apprécié le personnage de Greta. A l'époque, j'ai souvent ressenti que la société me poussait à grandir trop vite. Je m'amusais encore avec des jouets à 14 ans. Les personnes que je fréquentais grandissaient rapidement et il y avait un écart entre elles et moi. Même si Greta est encore attachée à son enfance, elle reste plus mature puisqu'elle veut profiter de l'instant présent. J'avais ce même raisonnement. Je suis encore dans cette période de ma vie. Dans le film, Greta accepte qu'elle doit grandir un jour ou l'autre et je l'ai également accepté.

"Je m'amusais encore avec des jouets à 14 ans"

Quel conseil pouvez-vous donner aux filles qui auraient peur de grandir comme elle ?

Je leur conseillerais de rester fidèles à elles-mêmes. Il n'y a pas qu'une seule façon d'atteindre l'âge adulte. Chacun a son trajet et ses obstacles. Il faut comprendre son propre voyage, ne pas suivre celui des autres et être honnête avec soi-même car personne ne vit notre vie. Nos choix sont uniquement les nôtres.

Avez-vous peur de votre transition vers l'âge adulte ?

Depuis l'âge de 6 ans, je travaille avec des adultes ce qui fait que j'ai été obligée de grandir rapidement pour ma carrière. Je suis à l'aise avec ça et j'ai hâte de finir mes études au lycée pour faire la connaissance du monde qui m'entoure, même s'il peut être terrifiant. Cela implique le fait de vivre seule, ce qui est un autre cap à franchir lorsque l'on grandit. Sortir de la zone de confort qu'est le domicile parental peut faire peur. Même si c'est ce que je veux depuis longtemps, je me demande toujours si je ne serai finalement pas déçue.

Comment êtes-vous parvenue à combiner votre vie de jeune fille à votre carrière d'actrice ?

Cela a été très dur. Au fil des années, le plus difficile était de trouver une bonne école qui me soutenait et me comprenait. Si l'on n'a pas ça, tout devient très difficile. J'ai choisi d'étudier des sujets qui me passionnent, ce qui m'a donné envie de m'y investir pleinement. On arrive à tout combiner avec du travail. D'un point de vue social, c'est plus compliqué. J'ai du mal à me faire des amis de mon âge car j'ai toujours été entourée par des adultes. Ce sont deux mondes différents.

Le film se déroule dans un univers inspiré des années 1970. En quoi était-ce important ?

Il y a eu une grande obsession avec cette époque en Australie et j'ai aussi eu la fièvre des années 1970 ! C'était une période très patriarcale, pendant laquelle les femmes luttaient pour l'égalité. On commençait à peine à avoir des droits. Il y a une grande différence pour les jeunes entre ces années et maintenant. C'était important de raconter l'histoire d'une fille qui a grandi pendant cette décennie, avec les limites qui étaient imposées aux femmes. Il fallait qu'elles se comportent d'une certaine manière et qu'elles ne fassent pas garçon manqué. Ce que Greta est, finalement. 

"Le féminisme inclut tout le monde et ne concerne pas uniquement les femmes"

Nous vivons une période très mouvementée pour les droits des femmes. Quelle est votre position sur le sujet ?

Le féminisme inclut tout le monde et ne concerne pas uniquement les femmes. Il n'y a aucun exclu ; peu importe la couleur de la peau ou l'orientation sexuelle. C'est un combat pour l'égalité universelle et c'est un mouvement qui affirme que personne ne devrait être privilégié. Nous sommes dans notre droit d'aimer et d'être qui l'on veut . La vie est tellement éphémère et j'ai parfois l'impression que l'on oublie à quel point elle est précieuse et fragile.

Dans le film, Greta rejette les filles populaires de son école au profit de son amitié avec Elliott. Et vous, quelle est la chose la plus folle que vous avez faite par amitié ?

Lorsque j'avais 13 ans, j'ai déménagé à Singapour avec ma famille et j'ai dû laisser tous mes amis à Melbourne. Conserver des amitiés s'est avéré très compliqué et m'a fait prendre conscience que certaines d'entre elles ne m'aidaient pas à évoluer. J'ai appris que mes vrais amis sont ceux qui se soucient de moi. C'était incroyable, car en disant "au revoir" aux amitiés fragiles, j'ouvrais une porte vers de très belles histoires qui durent encore aujourd'hui. Ce genre de risque est certainement une expérience que je n'oublierai jamais.

 

Si vous aviez pu être réalisatrice, quel genre de film auriez-vous choisi de réaliser ?

J'aime les histoires qui font réfléchir sur la société et qui font preuve de belles philosophies. Les films, de nos jours sont très importants et nous livrent un aperçu de la réalité. On a accès au monde entier grâce à eux. S'ils ne font pas preuve de bonnes valeurs, notre entourage pourrait s'empirer. J'aimerais avoir affaire à des personnages originaux et authentiques. Je suis friande de thrillers et de comédies, mais je cherche encore mon identité de scénariste.

Découvrez la bande-annonce de Fantastic Birthday, en salles le 22 mars :