"Je ne rencontre que des hommes mariés, ça a de grands avantages", Léa 32 ans

Après plusieurs déceptions amoureuses, Léa rencontre un homme marié, puis deux, trois... Elle nous raconte les coulisses de ces histoires interdites et sans attache.

"Je ne rencontre que des hommes mariés, ça a de grands avantages", Léa 32 ans
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Ma vie amoureuse est à mes yeux une série de déceptions. J'ai le sentiment de n'avoir connu que des échecs, des fins douloureuses, des illusions déchues… A la longue, je suis devenue introvertie. J'ai cessé de chercher l'amour. J'ai laissé les autres me rencontrer plutôt que de consacrer du temps à la rencontre. Et il y a trois ans, j'ai commencé à "être rencontrée" par des hommes plus âgés que moi, très souvent mariés. Un, deux, trois… J'en ai connu, en tout, sept. Le mode de rencontre est toujours le même : on discute d'abord par SMS, avant de fixer un premier rendez-vous. Parfois, j'apprends qu'ils ont une vie de couple lors des messages, parfois en face.

"Non je pars pas en courant"

Et non, je ne pars en courant. Je n'ai pas cette morale "pas d'homme marié" qu'ont certaines. En revanche, je ne fais pas de plan sur la comète. Je ne tombe pas amoureuse, j'ai un blocage d'entrée, je ne suis pas là pour briser un couple. Je sais que ce sera une relation éphémère, d'un mois tout au plus. Je n'ai aucune culpabilité, car souvent, ces hommes-là ne sont pas bien dans leur histoire. Ils cherchent un nouveau souffle, des moments tendres et je leur apporte. Lorsqu'ils culpabilisent – ce qui arrive souvent - c'est peut-être moche, mais je n'ai aucune empathie. L'un d'entre eux culpabilisait tellement après le sexe qu'il m'a dit combien il tenait à sa femme. J'ai été sa prise de conscience, il a compris ce qu'il possédait et ne voulait pas la perdre. Il m'a remerciée.

"L'homme marié ne demande aucune concession comme il n'en fait pas"

Ils sont tous très prévenants, très doux et j'y trouve mon compte. Avec eux, aucun contrat d'engagement. L'homme marié a de grands avantages. Il n'est pas envahissant, ne demande aucune concession (il n'en fait pas) et n'exige aucun compte. Je conserve mon indépendance, je ne prends pas de risque. Il n'y a rien à perdre, mais beaucoup à recevoir. J'ai un instinct de sauveuse. J'écoute beaucoup, et les hommes mariés qui se confient pendant des heures. Je me sens utile, agréable, même aimée. J'ai la meilleure place et le bénéfice de la nouveauté : on me courtise avec des yeux neufs. L'homme marié s'échappe un instant d'une histoire qui l'emprisonne et m'offre sa joie de vivre. Bien sûr, l'équation n'est pas toujours aussi simple. Il m'est arrivé d'être triste, car je m'attache parfois. Quand une histoire démarre, je la sais périssable. Il y a toujours un moment où la vie de famille de l'homme que je fréquente prend beaucoup de place et ne m'en laisse plus assez. Me sentir "l'autre femme" ne me dérange pas, je sais que je compte pour eux. Mais je me sens "l'autre" face au schéma de la société. A chaque fois, on ne couche qu'une fois ou deux ensemble.

"Ils ne cherchent pas des maîtresses sur le long terme, juste des instants volés"

J'ai le sentiment qu'ils ne cherchent pas des maîtresses sur le long terme, juste des instants volés, comme si c'était "moins grave". Et ça me convient. Avec quatre d'entre eux, j'ai eu l'impression de les consoler au lit. Les rapports étaient à la fois tristes et bestiaux. Les hommes se défoulent, en même temps cogitent, c'est très bizarre. Mais parfois, c'est super excitant. Leur désir crée quelque chose en moi. Ils sont généralement bouillants car frustrés dans leur vie. Ils me font essayer leurs fantasmes. Et puis, il y a ceux qui culpabilisent tellement qu'ils bloquent. Ils n'ont vu que la même personne pendant des années et ils flippent. La nouveauté, mais aussi la honte de tromper, les stoppent. Ce sont de belles histoires que je ne regrette pas. Mais aujourd'hui, je me lasse. Lors de ma dernière histoire en date, le côté glauque de ce type de rencontre m'a sauté au visage. Marc est parti de chez moi très brusquement, comme ils le font tous. Et là, je l'ai imaginé rentrer chez lui, prendre une douche, surtout une douche. Je le voyais se laver de moi pour effacer les traces de moi et je me suis sentie sale, comme s'il me renvoyait la crasse. J'en ai marre d'être dans l'ombre. Je veux exister entièrement pour quelqu'un. Je regarde la réalité en face : peut-être que la Terre est peuplée d'hommes mariés, mais ma peur de l'amour m'a ouverte à ces hommes. En cherchant à ne plus être disponible au "couple", je me suis rendue disponible à ceux qui n'attendaient que des parenthèses.