Plan à 3 : "C'est comme participer à un porno qui se déroule en vrai"

Avec un homme et une femme, avec deux femmes... Cléo nous raconte ce qu'elle a aimé et pas aimé dans cette configuration.

Plan à 3 : "C'est comme participer à un porno qui se déroule en vrai"
© 123RF-valery_potapova

J'ai perdu ma virginité avec un garçon l'été de mes 18 ans. L'année suivante, je vivais ma première expérience avec une fille. J'ai toujours été attirée par les deux sexes. Naturellement, j'avais pour fantasme de faire l'amour à trois. Je l'ai réalisé pour la première fois avec Léa et Thomas, deux amis que je fréquentais depuis le lycée et qui étaient ensemble depuis trois ans. On parlait librement de sexualité et de nos désirs. Ils connaissaient mon envie de plan à trois et je les savais décomplexés. L'idée a fait un bout de chemin en eux.

Lors d'une soirée arrosée chez eux, alors que tout le monde venait de partir, Thomas et Léa se sont embrassés, puis cette dernière s'est tournée vers moi. J'ai ensuite échangé un baiser avec son mec. Nous n'avons pas été plus loin, même si le contexte était excitant. Une semaine plus tard, l'occasion s'est à nouveau présentée. Des baisers d'abord puis nous nous sommes déshabillés et avons commencé à faire l'amour. 

"Personne n'était laissé pour compte. Chacun donnait et chacun recevait"

Personne n'était laissé pour compte. Chacun donnait et chacun recevait. J'étais la manageuse. Ce terme me semble approprié : dans un plan à trois, il faut un meneur. J'ai pris cette place logiquement parce qu'ils étaient tous les deux en couple. C'était peut-être ma façon à moi de ne pas me sentir effacée. Il faut être bien dans sa peau lorsqu'on est face à deux personnes qui partagent déjà une intimité sexuelle. Et puis, ils étaient à l'aise, ce qui m'aidait d'autant plus à prendre des décisions et me laisser aller.

La découverte d'un côté "voyeuriste"

D'un point de vue plaisir, je dirais que la grande nouveauté a été pour moi le caractère voyeuriste de cette expérience, dans le sens où des mains parcouraient mon corps tandis que je voyais deux personnes se toucher. En somme, c'est comme être spectatrice d'un porno qui se déroule en chair et en os, tout en recevant des caresses. Quand Léa faisait une fellation à Thomas tandis que ce dernier me caressait le clitoris, je devenais dingue ! Ce que j'ai beaucoup aimé également, c'est d'être avec un homme et une femme. Le rapport sexuel a duré une heure. A plusieurs, c'est comme si le temps s'allongeait, les préliminaires s'étendent, les pauses s'imposent, Thomas nous pénétrait successivement. Après ça, il n'y a eu aucune gêne entre nous. Nous n'en avons pas spécialement parlé, sauf pour partager notre bilan positif. Nous avons continué de sortir et de rire comme d'ordinaire. De la même façon, cette expérience n'a pas chamboulé leur couple. Il n'y avait aucune jalousie entre eux. Ils étaient ravis d'avoir exploré ce terrain.

Nous avons recommencé un mois plus tard, sans le prévoir. C'était notre dernière fois. Je suis persuadée qu'il faut savoir s'arrêter. Prendre l'habitude de faire l'amour à trois peut rapidement installer une relation à trois. A la longue, le trio peut rencontrer de la jalousie, notamment lorsqu'un couple fait partie du jeu. Nous avons su se stopper au bon moment. J'ai été à deux doigts de vivre un nouveau plan à trois un an plus tard. J'étais en couple avec une fille, Elise. Lors d'une soirée où nous nous sommes rendu toutes les deux, nous avons croisé Estelle, une nana qui me courait après depuis quelques mois et envers qui j'entretenais des sentiments ambigus. Elle m'a demandé si elle pouvait m'embrasser. Sur le ton du jeu, je lui ai suggéré de commencer par embrasser Elise, ma copine. De fil en aiguille, nous nous sommes amusées toutes les trois avant de rentrer chez moi. Elise ne montrait aucune jalousie. On voyait toutes les deux la perspective d'une expérience nouvelle.

"Avec deux femmes, je n'ai pas aimé"

Elles ont commencé à se toucher. Je me suis sentie mal. Je me suis levée d'un coup et me suis isolée dans ma cuisine. Je découvrais qu'il était difficile pour moi de les voir ensemble, parce que j'étais avec l'une mais que l'autre me plaisait. Trop de sentiments s'immisçaient dans cet épisode, là où les choses étaient bien plus nettes avec Léa et Thomas. Je me suis passée de l'eau sur le visage et je suis retournée dans la chambre pour leur demander de partir. Elise était en train de faire un cunnilingus à Estelle. Je me suis sentie trahie. Je ne savais pas vers qui se dirigeait ma jalousie, mais chose sûre, la scène ne me convenait pas. 

Savoir trouver sa place pour que ça fonctionne

Avec recul, je dirais que ma relation avec Elise était trop récente pour que je me sente en confiance et que l'on puisse oser cette configuration à trois. Elle a essayé de me reconquérir mais notre histoire s'est terminée. Estelle m'a fait du rentre-dedans et nous nous sommes fréquentées un an. Il est certain aujourd'hui que cette expérience n'aurait pas pu tenir la route. J'ai compris que j'avais besoin d'être la pièce rapportée, la célibataire, la joueuse. Et non pas la personne en couple qui reçoit un tiers, qui de surcroît la trouble. En tout cas, si j'avais à comparer mon fantasme et sa réalité, je n'ai pas été déçue, même si je ne peux me prononcer qu'au regard de ma première expérience. Mais je ne regrette pas l'échec de la deuxième, qui m'a aidée à cerner ce que j'attendais d'un plan à trois. J'ai eu d'autres opportunités en soirée avec des inconnus. Mais j'ai refusé. D'une part, pour des raisons d'hygiène, d'autre part pour des raisons de confiance. On ne sait jamais comment les gens peuvent s'emballer dans un cadre qui sort des conventions. Il faut bien connaître ses partenaires de jeu.

Aujourd'hui, je suis en couple avec Tiphaine, je sais qu'elle a envie d'un plan à trois avec un homme mais je décline. On se connait trop peu, il faut que l'on solidifie notre histoire avant que quelqu'un ne se joigne à nous.