"Je ne me laisse aucune chance de tomber amoureuse"
A 27 ans, Stéphanie n'a jamais eu de relations amoureuses sérieuses. Au bout de quelques semaines, elle préfère fuir son partenaire, par peur d'être jugée ou rejetée.
La question de Stéphanie
"J'ai 27 ans, et je suis encore et toujours célibataire. Je ne me laisse aucune chance de tomber amoureuse car je suis convaincue que dès que j'aurais passé une semaine ou deux avec un homme, il m'aura trouvé plein de défauts et m'abandonnera.
Avec le temps, je me suis rendue compte que j'attirais souvent les hommes qui ne me plaisent pas, ou qui sont inaccessibles.
J'ai également souvent eu l'impression de ne pas être aimée par mes parents, particulièrement par mon père. Est-ce que, inconsciemment, je pourrais avoir peur de rencontrer un homme par crainte de tomber sur une personne qui ressemble à mon père ?"
La réponse de la thérapeute de couple Caroline Kruse
"Stéphanie le dit bien : elle ne se "laisse aucune chance de tomber amoureuse" par peur d'être abandonnée. Elle abandonne la première pour éviter de l'être. Ce n'est pas un hasard si elle attire les hommes qui ne lui plaisent pas, et si, sans doute, elle repousse ceux qui lui plaisent : cela fait partie des stratégies d'évitement qu'elle met en œuvre pour ne pas se trouver confrontée à ce risque d'abandon."
"Elle pense avoir souffert dans son enfance d'un manque d'amour de la part de ses parents. Il faudrait essayer de mieux comprendre comment cette impression s'est fixée en elle. Mais, de ce fait, Stéphanie a manqué de cette base narcissique qui permet d'avoir confiance en soi et en l'autre. D'où sa quête d'un amour idéalisé auquel elle aspire et qu'elle redoute avec la même intensité : Stéphanie abandonne par crainte d'être abandonnée, mais aussi de s'abandonner, de se perdre dans l'autre, de s'y laisser absorber."
"Peut-être recherche-t-elle effectivement un homme à l'image de son père, mais qui l'aimerait comme son père, qui, pense-t-elle, ne l'a pas aimée... Tout en craignant que l'histoire ne se répète et que celui-ci aussi ne la rejette."
"Stéphanie s'analyse bien. Elle sait ce qu'elle devrait changer dans son attitude, mais quelque chose en elle s'y oppose. Des conseils visant à modifier son comportement auraient, dans son cas, peu de sens. Je pense donc qu'une thérapie analytique où elle pourrait, dans un cadre protégé, faire l'expérience de la confiance et de l'abandon lui serait d'une grande utilité."
En savoir plus : Le site de Caroline Kruse
A lire aussi : Son interview sur la quête de l'homme idéal