"Mon mari a une passion envahissante" : quand les hobbies prennent trop de place dans le couple

Quand les efforts ne sont toujours que dans un sens, les relations se compliquent...

"Mon mari a une passion envahissante" : quand les hobbies prennent trop de place dans le couple
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Si les loisirs sont source d'épanouissement personnel, ils peuvent aussi mettre le couple à l'épreuve lorsqu'ils occupent une place prépondérante. Une situation que connaissent bien Lucie, Sarah et Mathilde. Ces trois femmes doivent composer avec la passion prenante de leur partenaire. Entre incompréhensions, espoirs et concessions, elles racontent les défis auxquels elles sont confrontées tous les jours.

Lucie* a 33 ans. Elle est en couple depuis deux ans et demi avec Nicolas*, 43 ans. Depuis quelque temps, elle sent une distance s'installer entre eux. En cause ? La passion de son compagnon pour la musique. DJ amateur, il mixe tous les samedis soirs ainsi que les veilles de jours fériés. Le reste de son temps libre, il le consacre à la préparation de ses sets et à l'achat de matériel. Un emploi du temps bien chargé qui laisse peu de place à leur relation. "On ne partage rien ensemble" regrette la jeune femme, qui souffre de leur éloignement. "Sa passion passe toujours avant, même s'il s'agit d'un jour d'anniversaire ou de la période des fêtes". Sarah, 33 ans, a aussi connu cette solitude. De ses 19 à 23 ans, elle a vécu avec un fan de foot : "Non seulement il regardait toutes les rencontres à la télévision, mais en plus il partait en déplacement au stade chaque week-end, sans exception". Outre son absence, elle s'agaçait de la présence constante de ses amis supporters les jours de matchs : "Pendant la Coupe de France, par exemple, ils étaient à la maison tous les soirs. Je ne me sentais plus chez moi". Face à cette passion envahissante, Sarah avait du mal à trouver sa place : "Il m'avait très clairement fait comprendre que le foot et ses amis passaient avant moi". Un sentiment partagé par Lucie, qui a l'impression de passer "au troisième plan" et reproche le manque de temps accordé à leur relation : "Je ne demande pas à ce qu'il renonce à son activité, mais j'aimerais que notre couple soit sa priorité".

Charge mentale, fatigue et frustration

La vie à deux n'est pas la seule à subir les conséquences d'une passion trop prenante : l'équilibre familial peut aussi en être perturbé comme pour Mathilde, 32 ans, en couple depuis 11 ans et mère d'un petit garçon de 5 ans. Grand amateur de pêche, son partenaire s'absente tous les week-ends pour taquiner les poissons, ce que Mathilde accepte avec philosophie. "C'est sa passion, je le laisse faire ce qu'il veut. Je préfère qu'il aille à la pêche et soit heureux plutôt que de le voir de mauvaise humeur". Si la jeune maman fait preuve de compréhension, elle déplore cependant son manque d'investissement parental : "Je dois m'occuper de notre enfant toute la semaine en raison de ses horaires de travail moins flexibles que les miennes, mais également le samedi et le dimanche. J'aimerais parfois qu'il prenne le relais". Cette charge mentale exige une grande capacité d'organisation de la part de Mathilde, générant fatigue et frustration : "Je n'ai pas trop de moments pour moi, pour profiter et me reposer". Heureusement, son fils est désormais assez grand pour accompagner son père lors de ses sorties : "Il adore ça, il est très demandeur. Cela leur permet de partager un moment à deux". De nombreux parents trouvent en effet dans la transmission de leur passion une solution pour passer plus de temps avec leurs enfants, comme l'ancien partenaire de Sarah : "Il emmenait notre fille au stade, maintenant elle adore le foot comme lui". 

"Il est essentiel que chaque partenaire préserve son individualité et respecte celle de l'autre"

Cette dernière a aussi essayé de donner une chance au ballon rond : "Au début, je l'accompagnais dans ses déplacements. Mais je n'y peux rien, le foot ne m'intéresse pas. J'avais l'impression de subir sa passion". Mathilde, de son côté, rejoint parfois son conjoint au bord des lacs : "Je pêche aussi, ou alors je m'installe avec un livre. Au moins, on est ensemble". Bien que conciliante, elle reste nuancée, soulignant l'importance de l'équilibre : "C'est bien d'être dans le compromis, mais ce n'est pas toujours à la même personne de faire des efforts. Même si je comprends sa passion, il doit aussi faire de la place pour notre vie de famille". Un sens de la mesure que Lucie attend également de Nicolas. Enceinte, elle espère que l'arrivée prochaine de leur bébé lui fera reconsidérer ses priorités : "Il semble prévoir de se rendre plus disponible pour notre enfant" se réjouit-elle.

Il n'est toutefois pas toujours possible de trouver un terrain d'entente. Lassée du comportement de son copain, Sarah avait fini par mettre fin à leur histoire. Elle tire malgré tout des enseignements positifs de cette relation : "À l'époque, j'étais dans une dynamique fusionnelle. Je comprends maintenant qu'un couple se compose de deux personnes. Il est essentiel que chaque partenaire préserve son individualité et respecte celle de l'autre. Il faut savoir où placer le curseur : il y a un temps pour le 'je', et un temps pour le 'nous'". Aujourd'hui célibataire, elle se dit prête à faire une nouvelle rencontre : "Si cette fois il pouvait partager mon intérêt pour l'équitation, ça serait parfait" s'amuse-t-elle.

*Les prénoms ont été modifiés