"Il a cru que j'étais une fille" : leur rencontre était improbable, leur couple encore plus

Entre eux, rien ne devait se passer et pourtant ! Vivian et Samir, Anaïs et Simon, Nicolas et Madeleine, ces trois couples racontent avec émotion et tendresse comment tout a commencé et dure aujourd'hui.

"Il a cru que j'étais une fille" : leur rencontre était improbable, leur couple encore plus
© 123rf-kanashkin

En vacances avec sa meilleure amie dans les Alpes, Vivian rencontre Samir, alors guide de randonnée. Ils créent des liens assez rapidement et c'est l'amie de Vivian qui lui met la puce à l'oreille : "Je crois que le guide t'aime bien." Vivian n'y avait pas prêté attention, jusqu'à la première soirée où l'attitude de Samir est devenue plus explicite. "J'assume mon homosexualité et mon côté très girly, et Samir a littéralement cru que j'étais une fille, lui, l'hétéro pur et dur !", s'amuse-t-il encore aujourd'hui. Et pour cause. "Ma garde-robe est presqu'exclusivement féminine, et Samir avait vu dans ma valise ouverte, au refuge, des vêtements et sous-vêtements de fille." Lorsque le couple s'isole pour faire plus ample connaissance, Vivian décide d'éclaircir ce malentendu naissant entre eux.

"Je ne voulais pas qu'il soit surpris en apprenant après coup que je suis un homme"

"J'étais très attiré physiquement par lui et je ne voulais pas qu'il soit surpris en apprenant après coup que je suis un homme." Il fait alors son coming-out auprès de Samir, qui prend la nouvelle en pleine figure. "Je venais sans le savoir de remettre en question son hétérosexualité, sa virilité et son attirance pour moi", poursuit Vivian. Le dernier jour de la randonnée, Samir demande à Vivian son numéro de téléphone, prétextant qu'il se rend souvent à Lyon, qui n'est pas loin de Grenoble il vit avec sa conjointe de l'époque. "Il m'a envoyé un SMS 3 jours après !", s'étonne encore aujourd'hui Vivian. "J'adorais sa voix !" confesse-t-il. Samir a rejoint peu après Vivian chez lui à Lyon. Pendant un an, ils ont construit une relation séparément, entre Lyon et Grenoble avant de s'installer ensemble. La suite est encore plus inattendue que le hasard de leur rencontre. 4 ans après leur aménagement, Samir demande Vivian en mariage. "Je me suis marié en robe !" s'émeut Vivian. Aujourd'hui, Vivian et Samir ont une petite fille. "Nous vivons une très belle histoire, sincère, à l'opposé de l'ambiance de notre rencontre! Nous nous aimons pour qui nous sommes, lui aime mon côté féminin extraverti, j'aime sa virilité, personne n'oblige l'autre en rien" conclut Vivian.

"On est une super équipe, dans la vie comme dans les jeux vidéo" Anaïs et Simon, du virtuel au réel.

Nous sommes en 2014 lorsqu'Anaïs, fan de culture japonaise et de jeux de rôle, rencontre Simon sur Internet. Entre eux, à ce moment-là, 900 km de distance. "Le courant est tout de suite passé, du premier message envoyé sur Messenger (le service de messagerie instantanée de Facebook), il y a presque 10 ans, à aujourd'hui" se souvient-elle. Cette relation à distance va durer plus de 6 mois. Anaïs et Simon vont l'entretenir grâce à une communication constante sur différents canaux. "On a passé du temps sur Skype, Dofus, le groupe RP, via SMS… jusqu'à aujourd'hui, pas un seul jour ne s'est passé sans que l'on ne se parle" précise la jeune femme, aujourd'hui en reconversion professionnelle.

"Nous avons connu énormément de quiproquos "

"S'engager dans une relation, même à distance, était devenu une évidence", poursuit-elle. Leur rencontre physique se déroule à la Japan expo (une convention sur la culture japonaise très populaire et prisée des fans du genre). "C'était réellement comme si on s'était toujours connus. Cela a confirmé que nos sentiments n'avaient rien de virtuel, mais étaient bien réels", décrit-elle. "Nous avons passé un peu plus d'une année en relation à distance, en se voyant un week-end sur 2, raconte Anaïs. Puis j'ai déménagé pour le rejoindre, nous avons pris notre premier appartement ensemble. Et nous voilà, presque 10 ans plus tard, non pas amoureux comme au premiers jours, mais plus encore, chaque jour un peu plus." Pourtant, cette relation n'est pas un long fleuve tranquille. Une fois ensemble, Anaïs et Simon ont dû éprouver leurs sentiments. "Nous avons connu énormément de quiproquos à cause de problèmes de communication au début, alors nous avons en priorité travaillé dessus. Nous avons également connu beaucoup de difficultés, financières, de santé, de famille, que nous avons surmontées ensemble." Anaïs fait de l'union une force. C'est très soudés depuis le début qu'elle et Simon fonctionnent. "On avance au quotidien avec les qualités et défauts de l'autre, qui ne sont jamais source de reproches, au contraire."

"Nous nous sommes rencontrés sur X (ex-Twitter)", Nicolas et Madeleine* ont déjoué les pronostics de probabilités

À 46 ans, Nicolas, fonctionnaire d'État, avait abandonné tout espoir de trouver une compagne. "J'avais arrêté de chercher l'Amour depuis bien longtemps : trop de déceptions, me plaisant finalement dans ma vie de vieux garçon, convaincu de rester seul jusqu'à la fin de mes jours... avec l'envie de le rester ! Autant dire que ça ne partait pas sur les meilleures bases" décrit-il. C'est dans cet état d'esprit que Nicolas va croiser Madeleine, 44 ans, employée d'un hôpital et maman d'un ado de 13 ans. Une rencontre fortuite, d'autant plus qu'elle a lieu sur un réseau social à priori peu propices aux rencontres amoureuses : "Nous étions tous les deux inscrits sur X (ex-Twitter), sans nous connaître ni être les "followers" l'un de l'autre" explique Nicolas. "En 2020, j'ai vu apparaître un avis de recherche original : une dame recherchait des écussons de gendarmerie pour son fils qui rêvait de le devenir. Bizarrement, ça m'est resté dans la tête" se souvient-il.

"Des messages de plus en plus longs même si j'ai rapidement mentionné mon désir de célibat"

Quelques jours plus tard, à l'occasion d'une audience, sa qualité de témoin dans une brigade va lui permettre de rendre service à cette maman. "J'ai demandé à l'inspecteur me recevant si d'aventure il pourrait contenter un enfant. Il a aussitôt acquiescé et, quelques jours plus tard, j'ai reçu une dizaine d'écussons. Le soir-même j'ai contacté Madeleine pour lui demander son adresse. Vu le nom de son village, je me suis demandé si c'était bien en France d'ailleurs !" poursuit-il. Son histoire avec Madeleine aurait pu s'arrêter là. "Nous n'avons quasiment pas communiqué pendant trois mois, pestant juste contre le transporteur qui mettait des semaines à les acheminer. La vie a repris son cours…" se souvient-il. Jusqu'à ce que Madeleine lui donne de ses nouvelles : "J'ai reçu une carte du jeune garçon et de sa maman, me remerciant et m'envoyant une photo d'un "mur des blasons". Les larmes aux yeux, j'ai recontacté Madeleine…" s'émeut-il. Les messages ont continué "même si j'ai rapidement mentionné mon désir de célibat", continue-t-il. "Madeleine s'est obstinée. Et un jour, elle m'a proposé que nous nous appelions dans l'après-midi. Puis le lendemain soir. Puis les autres jours."

"J'ai mis ma maison en vente, ai quitté mon emploi et suis parti la rejoindre à 1200 km, laissant derrière moi famille, amis et 'ma vie d'avant'"

La tournure des événements s'accélère "Des messages, des mails, des appels dès que nous le pouvions, partageant nos vies, nos envies, nos quotidiens. Et très vite, l'envie de nous voir" explique Nicolas. "On a checké nos agendas, trouvé une date ! Mais le Pas-de-Calais a été confiné, ce qui a retardé d'un mois..." Retour à la case virtuelle, pour le couple naissant, qui a débouché, enfin, sur une rencontre. "Finalement, patientant à grands coups d'appels en visio, nous nous sommes vus: j'ai pris le train à 05h00 pour arriver chez elle dans l'après-midi. 5 jours ensemble, l'envie de ne pas repartir", raconte-t-il. Une relation à distance s'installe entre le fonctionnaire et la mère célibataire. "Cela a été notre quotidien pendant 18 mois : toutes les deux semaines, par train, avion ou bus, je la rejoignais pour deux ou trois jours voire plus si je parvenais à accumuler des congés. Bien sûr, c'était compliqué entre chaque rencontre mais le téléphone et la visio nous ont aidés". Puis une opportunité professionnelle favorise le rapprochement. "Après 6 mois de recherche, j'ai trouvé du travail près de chez elle." Nicolas n'hésite pas à tout plaquer. "J'ai mis ma maison en vente, ai quitté mon emploi et suis parti la rejoindre à 1200 km, laissant derrière moi famille, amis et 'ma vie d'avant'." Cela fait plus d'un an qu'ils vivent ensemble. "Nous sommes pacsés, avons acheté notre 'chez nous', fourmillons de projets". Leur couple, Nicolas le doit à l'acharnement de Madeleine et à ce réseau social. "Pourquoi notre histoire nous semble si spéciale, -et le semble à notre entourage-? X (ex-Twitter) n'est pas le lieu idéal pour se rencontrer, surtout vu sa toxicité actuelle. J'étais déterminé à rester seul, le lui disant rapidement, et nous habitions à l'opposé géographiquement l'un de l'autre. Tout était réuni pour que rien ne se passe. Mais Madeleine a insisté, ce dont je ne la remercierais jamais assez !" conclut Nicolas.

* (prénoms d'emprunt)