Elvire : "Il y a 1 an, je ne savais pas si je pourrais à nouveau marcher normalement un jour, aujourd'hui je prépare le marathon"

Comme plus de 55 000 sportif-ive-s, Elvire Vaisse a rendez-vous à Paris, le 7 avril 2024, pour participer au marathon. En tout, 42,195 km que cette ostéopathe ne pensait pas pouvoir parcourir il y a un an, après un grave accident.

Elvire : "Il y a 1 an, je ne savais pas si je pourrais à nouveau marcher normalement un jour, aujourd'hui je prépare le marathon"
© Elvire avec le T-shirt de l'association Roule ma Youn - DR

Elvire Vaisse a toujours été sportive. Cette hyper active a joué au handball à haut niveau dans son adolescence, jusqu'à ce qu'elle se blesse à l'âge de 16 ans. Quelques années plus tard, elle retrouve le plaisir de l'exercice physique et se met au CrossFit, cette discipline qui mixe cardio et haltérophilie à haute intensité. En janvier 2023, celle qui est ostéopathe à la ville décide de participer à sa première compétition. Mais elle a un drôle de pressentiment : "Quelques jours avant l'échéance, je dis à mes amies que j'ai peur de me blesser". Elle écoute son intuition et décide de lever le pied sur les entraînements une semaine avant le tournoi. Le jour J, tout se passe bien, jusqu'à l'une des dernières épreuves. "Je devais balancer une barre chargée au-dessus de ma tête. C'est à ce moment que j'ai senti un craquement très bizarre. J'ai fini l'exercice, parce que mes jambes ne m'ont pas lâché tout de suite. Mais il existe une photo de moi à ce moment précis, et on devine à mon visage qu'il se passe quelque chose d'anormal", raconte Elvire Vaisse. Le lendemain, la jeune femme ressent des douleurs terribles au niveau du dos. Direction l'hôpital, où elle reste plusieurs jours et perd totalement l'usage de la partie inférieure de son corps. Plusieurs pistes sont envisagées : un nerf qui aurait lâché, un épisode psychosomatique, des lésions à la moelle épinière… Pour écarter cette dernière hypothèse, qui signifierait une nouvelle vie en fauteuil roulant, Elvire Vaisse se voit prescrire une IRM. À la personne qui l'accompagne le jour de son examen, elle confie : "Si un jour je marche à nouveau, je participerai à un marathon".

Un long chemin vers la guérison

Verdict : pas de lésion, mais un mal de dos qui ne la quitte pas et des jambes qui ne répondent plus. Ce n'est que 40 jours plus tard qu'Elvire Vaisse peut, malgré la douleur qui ne la quitte pas, à nouveau utiliser ses deux membres inférieurs. "J'ai été très peu entourée par le corps médical, qui pensait que mes maux étaient psychosomatiques". Ses proches, en revanche, la soutiennent autant qu'iels peuvent et la jeune femme tient bon : "Jusqu'en novembre dernier, je rentrais tous les soirs chez moi en pleurs tellement je souffrais, mais je gardais le sourire parce que je pouvais à nouveau marcher". Très vite, l'ostéopathe décide de s'inscrire au marathon de Paris, pour se remettre au sport et avancer. À l'époque, pourtant, elle ne réussit même pas à faire un squat. Kiné, entraîneur, ostéopathe : elle fait appel à une équipe de spécialistes qui l'aident à mettre en place une préparation adaptée. En plus de ses trois sorties de course par semaine (endurance fondamentale, fractionné, sortie longue), elle fait du renforcement musculaire et donne tous ses feedbacks à son coach sportif après chaque séance. "Lorsque je cours, je n'ai pas mal, mais dès que je fournis un effort intense, ma jambe gauche me lâche et je me mets à boiter. Par ailleurs, depuis quelques semaines, des douleurs musculaires se font sentir et l'apparition d'un syndrome de l'essuie-glace contrarie mes plans". Celle qui a tatoué le mot "move" ("bouge" en anglais) sur sa cuisse gauche n'a pas prévu d'abandonner pour autant. Son objectif : finir la course pour porter haut les couleurs de l'association Roule ma Youn, fondée par l'une de ses patientes, dont la fille est atteinte d'une maladie génétique extrêmement rare. Et puis, ensuite, faire le tour des grandes villes européennes au rythme d'un marathon par an. Sans oublier les leçons que sa blessure lui a apprises : "On a tendance à ne rien dire quand ça ne va pas. Au contraire, il faut oser en parler pour recevoir de l'amour et être aidée".