Balance ton sport, la plateforme pour dénoncer les violences dans le milieu sportif, reste en ligne jusqu'au 20 novembre 2023
Depuis le 13 septembre 2023, les victimes de violences dans le milieu du sport peuvent témoigner sur le site Internet "Balance ton sport". L'une de ses instigatrices, la députée EELV Sabrina Sebaihi, revient pour nous sur la création de cette plateforme.
La gymnaste Simone Biles aux États-Unis, la tenniswoman Angélique Cauchy et la patineuse Sarah Abitbol en France… De plus en plus de personnes, souvent des adultes, des femmes, parlent des violences sexistes et sexuelles qu'elles ont subies dans leur pratique. Un sujet dont s'est emparée Sabrina Sebaihi, députée EELV des Hauts de Seine et porte-parole du groupe des verts à l'Assemblée nationale. "J'ai commencé à me documenter sur ce thème il y a un an, alertée par des parents sur des relations problématiques entre des entraîneurs et des enfants. Je me suis alors rendu compte qu'il y avait plein d'articles, plein d'affaires sur le sujet. Je me suis donc intéressée aux failles et j'ai cherché à comprendre pourquoi, pendant des années, la parole des victimes n'a pas été prise en compte". Ce qui lui revient le plus aux oreilles ? "Les victimes nous parlent toutes de l'omerta qu'elles rencontrent. Elles ont généralement signalé aux fédérations les abus dont elles ont été victimes, et celles-ci n'ont rien fait. Le sport est un milieu en vase clos, tout le monde se connaît, ce qui rend difficile le travail d'enquête". Autre enjeu : les très rares sanctions, qui confèrent un sentiment d'impunité aux prédateurs. Cet état des lieux a encouragé Sabrina Sebaihi à lancer, en juillet 2023, une commission d'enquête sur les dysfonctionnements dans les fédérations sportives à l'Assemblée nationale, sur trois volets principaux. En plus des discriminations et de la corruption financière, elle couvre donc les questions de violences sexistes et sexuelles. "Nous avons choisi de travailler sur ces trois axes-là, parce qu'ils fonctionnent exactement avec le même mécanisme : tout le monde se connaît, tout le monde cache tout". C'est dans ce cadre-là que la commission d'enquête auditionne des sportif-ve-s, des victimes, des entraîneur-euse-s et même des réalisateur-rice-s, comme Olivier Dacourt, à l'origine du documentaire Je ne suis pas un signe sorti en 2019.
Balance ton sport sera actif jusqu'au 20 novembre
Depuis les débuts de la commission d'enquête, Sabrina Sebaihi explique avoir reçu de nombreux témoignages par mails et sur les réseaux sociaux. Impossible, néanmoins, d'auditionner tout le monde. "Pour que chaque témoignage compte, nous avons décidé de lancer une plateforme où les victimes et les témoins pourraient laisser leurs récits et ainsi, alimenter le travail des parlementaires", explique la députée EELV. Créée le 13 septembre 2023 à l'initiative de Sabrina Sebaihi et Béatrice Bellamy (Horizons), ce site Internet, nommé Balance ton sport, sera désactivé dès que les travaux de la commission s'achèveront, soit le 20 novembre. "Ce que l'on veut, c'est faire un état des lieux exhaustifs pour prendre des mesures concrètes, améliorer les choses et faire en sorte que cela n'arrive plus". La suite ? La commission produira un rapport avec des préconisations à destination des fédérations. Former les entraîneur-euse-s, les bénévoles (iels sont 3 millions dans le milieu sportif d'après les chiffres du Comité national olympique et sportif français), sensibiliser les encadrant-e-s à l'écoute, accompagner les mineur-e-s pour qu'iels puissent avoir une pratique sportive safe…
Signal Sports, une cellule en place depuis 2020
Si la durée de vie de Balance ton sport est limitée dans le temps, ce n'est pas le cas de celle de Signal Sports. Cette cellule, mise en place en 2020 sous l'impulsion de Roxana Maracineanu dans l'ancienne ministre des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques, permet à tout un-e chacun-e d'envoyer un mail à l'adresse signal-sports@sports.gouv.fr pour dénoncer une violence dont iel est victime ou témoin. Il est également possible d'écrire au procureur de la République en parallèle, de contacter des associations, d'appeler le 119, numéro d'urgence dédié aux enfants et adolescent-e-s en danger ou le 3919, la ligne d'écoute pour les personnes victimes de violences sexistes et sexuelles.