Pourquoi les fans de foot devraient toutes aller voir le film sur Marinette Pichon ?

On pourrait presque compter sur les doigts d'une main les biopics consacrés aux sportives qui ont marqué l'histoire. En 2017, Margot Robbie se glissait dans les patins à glace de Tonya Harding (Moi, Tonya de Craig Gillespie). La même année, Billie Jean King était à l'honneur dans Battle of the Sexes, de Jonathan Dayton et Valerie Faris. Mais la France aussi a ses icônes. Le mercredi 7 juin 2023, Marinette, film consacré à la footballeuse Marinette Pichon, débarque dans les salles de cinéma. Réalisé par Virginie Verrier, le long-métrage se base sur Ne jamais rien lâcher, l'autobiographie écrite en 2018 par celle qui a marqué son temps sur les pelouses du monde entier.

Itinéraire d'une pionnière

Attaquante hors pair, première joueuse française à s'exiler aux États-Unis pour signer un contrat professionnel, mais aussi recordwoman du nombre de buts marqués en équipe de France, hommes et femmes confondu-e-s, jusqu'en 2020 : les réussites sportives de Marinette Pichon sont innombrables. Mais derrière ce qui pourrait ressembler à une jolie fiche Wikipédia se cache une réalité beaucoup moins séduisante. Née en 1975 dans l'Aube, la petite fille est issue d'une famille défavorisée avec un père violent, condamné à 10 ans de prison aux débuts des années 2000. C'est dans ce climat tendu que Marinette, interprétée par l'excellente Garance Marillier (vue dans Grave de Julia Ducournau), se passionne pour le ballon rond. Avec un talent évident, rapidement repéré par son premier entraîneur dans une équipe de garçons, joué par Fred Testot.

Les dessous insoupçonnés de la réussite

Soutenue par une mère aimante (Émilie Dequenne) et par sa sœur, Marinette Pichon traversera des tempêtes pour se hisser au sommet du football féminin. Elle connaîtra le harcèlement à l'école, mais aussi en équipe de France, la violence du quotidien, le manque de considération d'une fédération (toujours) peu encline à accorder des moyens aux joueuses de football. À travers son cinéma, Virginie Verrier met l'accent sur ces épreuves, méconnues du grand public, qui ont forgé l'icône d'aujourd'hui et décrit une époque, pas si lointaine, pendant laquelle le sexisme dans le football était monnaie courante. Pour filmer les scènes de football, exercice ô combien compliqué à l'écran, la réalisatrice raconte s'être inspirée de la série-animée Olive et Tom. Un choix gagnant, qui place les spectateurs au plus près de l'action.

Faire bouger les lignes

En débarquant dans les salles de cinéma, Marinette sonne comme un rappel à l'ordre. Car si Marinette Pichon a pris sa retraite en 2007, ses combats restent toujours d'actualité. Elle vient d'ailleurs de lancer une pétition pour que les matchs de la Coupe du Monde de football féminin, qui se déroulera du 20 juillet au 20 août 2023, trouvent un diffuseur en France. La Fédération française de football, elle, n'a pas changé de position concernant le statut des joueuses. Celles qui évoluent en D1 ne sont pas professionnelles, contrairement à ce qui se fait en Espagne ou en Italie. Un manque de considération et de moyens des pouvoirs publics, alors que les Jeux olympiques de Paris 2024 pointent le bout de leur nez et que les résultats des joueuses seront scrutés par le monde entier. Il est grand temps pour la France de prendre le train en marche.

Marinette, réalisé par Virginie Verrier, avec Garance Marillier, Emilie Dequenne, Fred Testot. En salles le 7 juin 2023.