Cours de sexe : le secret de l'épanouissement des femmes russes ?
Afin de débloquer certains tabous, des cours sur le sexe ont lieu en Russie. Psychologues et sexologues accueillent des femmes de tous les âges pour les aider à mieux comprendre leurs désirs, leurs peurs ainsi que leurs envies.
"Je veux savoir enfin ce que c'est d'être une femme épanouie, ce qu'est le plaisir sexuel", a confié à l'AFP l'une des élèves de Sex.rf, une femme divorcée de 45 ans. Certains tabous subsistent en Russie : les femmes sont parfois paralysées par la honte et embarrassées par ce qui est lié au sexe. C'est pourquoi l'école Sex.rf accueille des femmes de tous âges, souhaitant se libérer du poids des valeurs trop conservatrices. Des formations accompagnées par des psychologues et sexologues leur sont proposées afin qu'elles puissent comprendre leurs inquiétudes et parler délibérément de leurs envies. "Nos cours ne visent pas à apprendre des techniques sexuelles mais à aider les femmes à comprendre les barrières psychologiques ancrées dans leur tête", a assuré la sexologue Viktoria Ekaterina Frank. Ainsi, les relations sexuelles quotidiennes au sein d'un couple peuvent être évoquées sans appréhension, tout comme le désir d'avoir plusieurs partenaires.
Des cours de sexe contre la propagande soviétique
Les tabous liés à la sexualité en Russie prennent leur source au siècle dernier, lorsque l'URSS est encore au pouvoir. Dès les Révolutions russes de 1917, les Bolcheviques mettent en place une propagande conservatrice. Le psychiatre Aron Zalkind publie les Douze commandements sexuels du prolétariat en 1924 où il promeut le sexe monogame comme seul moyen de procréation, excluant alors tout plaisir. Les relations charnelles deviennent discrètes, les Soviétiques pratiquent le sexe sans en parler pour autant. Sans aucun accès à la pilule, les femmes utilisent régulièrement l'IVG en guise de contraception. Le taux d'avortement en Russie est alors l'un des plus importants au monde durant les années 90. Malgré l'éclatement de l'URSS en 1991, la propagande diffusée par l'église orthodoxe et les chefs soviétiques est toujours bien ancrée dans les esprits. L'homosexualité est, elle aussi, rejetée par la Russie qui la déclare illégale jusqu'en 1993 et la considère comme une déficience mentale jusqu'en 1999. Les cours de sexe permettent donc également de s'informer quand la libération sexuelle n'autorise pas toujours la parole.