Bipeur : chronique d'un retour de hype, par l'hosto

Si vous avez la trentaine et plus, vous avez certainement déjà eu un bipeur entre les mains ! Petit boitier permettant d'envoyer des messages courts et simples, le bipeur vivrait ses jours de gloire au sein des hôpitaux tandis que nous l'avons délaissé pour le smartphone. La technologie des 80's va-t-elle faire son comeback ?

Bipeur : chronique d'un retour de hype, par l'hosto
© Geo Martinez

Nous avons connu la mode du kitsch, puis celle des objets vintage avec le retour des disques vinyles, boomboxes et, plus récemment, celles des cassettes audios et walkman. Le bipeur, grande star des années 80, tant en France qu'outre-Atlantique, réapparaîtra-t-il sur nos jeans mom délavés en 2019 ? Selon André Spicer, professeur en comportement organisationnel à la Cass Business School à Londres, le bipeur n'a jamais été mort et enterré et pourrait même détrôner le sacro-saint smartphone... dans les hôpitaux ! En effet, pour ce spécialiste, le bipeur est un outil de premier choix pour les médecins. Et pour cause, d'après le média The Conversation, le Service National de Santé du Royaume-Uni (National Health Service) concentre près de 10% des bipeurs utilisés dans le monde soit 130 000 petits boîtiers ! D'après une étude menée dans plusieurs hôpitaux américains, le bipeur serait le moyen de communication le plus utilisé par les médecins aux U.S.A. 

Le bipeur, meilleur ami du corps médical 

Efficace, facile à utiliser et peu encombrant, le bipeur, -bien que passé de mode et détrôné par les smartphones et tablettes dans la vie courante-, semble résister au temps dans les hôpitaux du monde entier. Néanmoins, dans une optique de numérisation, le Ministère de la Santé britannique pourrait bien les remplacer par des téléphones portables. "Le système d'exploitation de bipeurs n'utilise qu'une seule voie de communication. Sa technologie est très basique et ne vous permet de partager que des messages les plus simples", rappelle le professeur André Spicer. En effet, ce petit appareil ne permet d'envoyer qu'un simple message et, lorsque l'on en reçoit un, impossible d'y répondre.
"Les bipeurs ont de gros avantages techniques", assure le professeur Spicer. "Ils utilisent des piles bénéficiant d'une longue durée de vie, des ondes radio qui pénètrent mieux les murs épais que l'on trouve dans certains endroits des hôpitaux. Ils fonctionnent également sur leur propre réseau dédié qui est moins susceptible d'être submergé en cas d'urgence", déclare-t-il dans The Conversation. De plus, une enquête d'observation portant sur des médecins utilisant des smartphones a révélé que ces derniers interagissaient moins avec les autres, patients et confrères confondus, et que les messages d'urgences étaient moins clairs. De surcroît, le problème de la vie privée des malades se pose avec la possibilité de prendre des photos et vidéos et de les partager. "Parallèlement, on a noté une augmentation significative d'interruptions auxquelles le personnel médical a été confronté pendant qu'il travaillait. Cela pourrait également être néfaste pour les patients", détaille André Spicer. La fin des bipeurs, ce n'est pas pour tout de suite...