Eterni.me : l'appli qui parle avec les morts
"C'est comme une conversation Skype avec le passé". Eterni.me, une start-up américaine, prévoit de vous faire devenir immortel par le biais d'algorithmes. Décryptage.
Bienvenue dans l'expérience de la mort 2.0. Plus besoin de séances de spiritismes flippantes et de tables qui tournent pour parler avec vos proches partis trop tôt, bientôt, il y aura Eterni.me.
La start-up ambitieuse prévoit en effet de nous faire devenir immortels. Leur slogan est tout de même plutôt morose, voire carrément flippant : "Les grands moments et les émotions de notre vie définissent comment nous sommes perçus par notre famille et nos amis. Tout cela s'évapore doucement après notre mort – jusqu'au jour où... nous sommes tous oubliés". Sympa.
Heureusement, Eterni.me a la solution miracle, qui laisse toutefois bien songeur : "Et si l'on pouvait se souvenir de nous à tout jamais ?". Ainsi, la compagnie toute droit sortie d'un scénario de science-fiction se veut être un "héritage pour votre famille", une "trace vivante de vous", et ne passe pas par quatre chemin, puisqu'elle scande : "Devenez tout simplement immortels".
Si Eterni.me n'est encore qu'un projet, près de 3000 personnes se sont déjà inscrites pour faire partie des premiers utilisateurs.
Comment ça marche exactement ? Les utilisateurs devront tout donner de leur vie en ligne à Eterni.me et interagir régulièrement avec leur avatar numérique, qui sera géré par une intelligence artificielle afin d'affiner son comportement face à ses futurs interlocuteurs.
Cependant, plusieurs questions se posent : n'est-ce pas dangereux de d'offrir toutes ses données numériques sur un beau plateau d'argent à une société dont on ne connait pas grand-chose (ou rien) ?
Qu'en est-il des sept étapes du deuil du docteur Elizabeth Kubler-Ross ? Seront-elles passées à la trappe et si oui, comment bien réussir son deuil et parvenir à une reconstruction ?
Pour Marius Ursache, co-fondateur du projet, il est vrai que le projet suscite polémique. Sur le magazine Wired, il déclare : "Nous avons des réactions très variées. Ça va des félicitations aux messages de haine, et c'est normal. Mais il y a une constante : Quasiment tout le monde s'accorde à dire que cela finira par arriver un jour ou l'autre".
Sandra Fingerhut, psychologue dans le XVIIe arrondissement de Paris, estime quant à elle que c'est une "manière de maîtriser sa mort".
L'idée ne semble malgré tout pas totalement inenvisageable, puisque selon le futurologue Ray Kurzweil, il sera devenu impossible en 2029 de distinguer une machine d'un humain dans une conversation écrite. À méditer...
