En Arabie Saoudite, une étudiante décède faute de soins

Prise en charge trop tard, une étudiante de l'Université du roi Saud de Riyad en Arabie Saoudite a succombé à une crise cardiaque. L'équipe médicale, masculine, avait été interdite dans le campus des femmes. Polémique.

Amna Bawazeer. C'est le nom de cette jeune étudiante en sociologie de l'Université du roi Saud de Riyad en Arabie Saoudite, qui a succombé mercredi 5 février à une crise cardiaque, faute d'avoir été secourue à temps. Le campus était réservé aux femmes, ce qui a sans doute coûté la vie à la jeune fille.
Alors qu'elle venait de faire une crise cardiaque, les autorités ont refusé de laisser accéder l'équipe médicale au campus, un établissement réservé aux femmes. La cause ? Les soignants étaient des hommes. Finalement, les ambulanciers n'ont pu passer les portes de l'école qu'après une longue heure de négociation. Malheureusement, il était déjà trop tard.
Badran al-Omar, le recteur de l'université, assure qu'il n'a pas hésité à laisser entrer les soignants, mais un témoignage viendrait contredire ses affirmations : un membre de l'université qui assure avoir assisté à la scène certifie que les secours n'avaient pas été appelés tout de suite et que la permission d'entrer avait mis longtemps à être accordée à l'équipe médicale. Le service d'ordre aurait légitimé le choix du recteur, arguant que la patiente n'était pas voilée.
Selon le quotidien arable Okaz, le choc est vif pour les personnes qui entouraient la victime : "Certaines sont tombées dans les pommes, d'autres pleuraient et étaient proche de l'hystérie". Une étudiante crie au scandale : "Il n'y a pas de concept religieux qui légitime de mettre en jeu à ce point la vie d'autrui".
Les professeurs de l'université quant à eux ont réclamé qu'une enquête soit menée. "Nous avons besoin d'un management qui prenne des décisions rapides, sans se demander ce que dit la culture", explique l'un des professeurs.

Ainsi, les droits des femmes sont une fois encore remis en cause en Arabie saoudite, royaume ultra-conservateur régi par une stricte application de la loi islamique. Des restrictions sont imposées aux femmes, qui ont besoin d'un tuteur pour travailler, voyager, ou même se marier.  

En 2002, 15 écolières âgées de 12 à 14 ans avaient péri dans un incendie qui s'était déclaré dans leur école à La Mecque, alors que la police religieuse avait interdit leur évacuation sous prétexte qu'elles n'étaient pas voilées et ne mettaient pas l'abaya, un long vêtement noir qui enveloppe entièrement la femme.