Affaire Hollande-Gayet : enfin des réponses

Sa vie (extra)conjugale étalée dans la presse people, François Hollande a tenté ce mardi de recentrer le débat - et les médias - sur sa politique. Mission accomplie, esquive en option.

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François Hollande, au pied du mur © SIPA

Laurent Fabius blague avec Jean-Marc Ayrault ; Vincent Peillon échange des drôleries avec Aurélie Filipetti ; Marisol Touraine affiche un sourire bien accroché quoiqu'un peu figé aux lèvres. Avant l'arrivée du président de la République, qui s'apprête à attaquer sa 3e conférence de presse solennelle devant 600 journalistes français et étrangers, la consigne est clairement passée aux membres du gouvernement : soyez souriants, heureux, détendus. Bref, il s'agit d'offrir un contexte bienveillant aux déclarations du chef de l'Etat dans un climat tumultueux après des révélations sur sa liaison avec Julie Gayet.
La scénographie, sous les ors de la salle des fêtes de l'Elysée, est inchangée. Pourtant, seul à son pupitre, face au gouvernement au grand complet et aux caméras, François Hollande semble mal à l'aise. Posture fermée, visage grave, voix plus monocorde qu'à l'habitude et gestuelle réduite, le Président a verrouillé affect et sensibilité.

L'exercice rituel débute par un discours liminaire d'une quarantaine de minutes. C'est raté pour le mot d'introduction sur le sujet qui nous tient en haleine. Pour François Hollande, ce rendez-vous est l'occasion de reprendre la main alors qu'il est au plus bas dans les sondages et que son pari d'inverser la courbe du chômage est loin d'être tenu. Il admet ne pas avoir "encore gagné la bataille pour l'emploi", mais estime qu'une "tendance se dessine".
Le chef de l'Etat aborde aussi sa ligne économique. Un "choc de simplification" nécessaire. Un tournant libéral. Il annonce une économie de 50 milliards d'euros sur les dépenses publiques, la fin des cotisations familiales, une baisse des impôts, un compromis social, et tend la main aux patrons en donnant les détails de son "pacte de responsabilité". Toujours pas de "choc de clarification", en revanche, concernant sa relation présumée avec une jolie actrice de cinéma...

Après un an et demi de tâtonnements institutionnels, le président veut également signifier son maintien du cap politique. Il propose de redéfinir les principales missions de l'Etat, annonce "faire de la jeunesse l'engagement majeur du quinquennat". Enfin, il parle d'un couple. La pression monte, on trépigne, mais c'est du tandem franco-allemand et de son entente avec Angela Merkel dont il est question !

"La France doit comprendre qu'elle a un grand destin si elle sait s'y préparer", dit-il. Faut-il voir des allusions à ses amours passées ? L'ombre d'une love-affaire et l'annonce de l'hospitalisation Valérie Trierweiler, victime d'un sérieux "coup de blues", parasitent l'information et détournent l'attention.

L'heure est aux questions. Qui va s'y coller ? C'est au représentant de l'Association de la presse présidentielle, Alain Barluet (Le Figaro), de se lancer. "La publication la semaine dernière d'un article vous concernant dans un magazine, Closer, a suscité de l'émoi, des questions, de la curiosité... Vous serez reçu prochainement par le président américain. Je vous demande, sans détour, Valérie Trierweiler est-elle toujours, aujourd'hui, première dame de France ?", l'interroge d'emblée le journaliste. On retient notre respiration.
"Je comprends votre question et vous comprendrez ma réponse. Chacun, dans sa vie personnelle peut traverser des épreuves, ce sont des moments douloureux, mais j'ai un principe, les affaires privées se traitent en privé, ce n'est donc ni le lieu, ni le moment, je ne répondrai à aucune question sur le sujet, mais je le ferai avant le rendez-vous que vous avez fixé", botte en touche le Président... mais il sera relancé quatre fois sur le sujet par une assemblée curieuse et opiniâtre.
Une heure et demi plus tard, François Hollande répond laconiquement à Nicolas Domenach, journaliste à Canal Plus et Marianne, soucieux de l'état de santé de Valérie Trierweiler. "Elle se repose", concède-t-il. Interrogé ensuite sur sa position face au magazine qui a publié les photos du scandale, le Président fait part de son "indignation totale", mais n'entend pas donner de suites judiciaires. Sa sécurité ? Elle est "assurée jusque dans ses déplacements privés". Et le statut de première dame ? "Il n'y en a pas" et il n'est pas prévu d'en créer...

Déception. Malgré la ténacité de ses interlocuteurs, François Hollande a choisi de ne pas purger le sujet de sa vie privée et réclame, encore une fois, le droit à l'intimité. Bonne nouvelle, nous saurons, avant le 11 février, date du déplacement officiel à la Maison Blanche, ce qu'il en est vraiment du couple présidentiel.