"Nous sommes devenues mères après 15 FIV", Adeline et Mathilde racontent leur PMA

Heureuses et amoureuses depuis 21 ans, Adeline et Mathilde rêvaient de devenir mères. Ce couple de battantes a dû attendre 10 ans et surmonter bien des obstacles pour enfin accueillir Joseph, 6 ans, et Éléonore et Manoline, 4 ans. À l'occasion de la diffusion du documentaire "PMA-GPA, les enfants ont la parole" le 2 juin à 20h50 sur France 5, découvrez ce témoignage édifiant.

"Nous sommes devenues mères après 15 FIV", Adeline et Mathilde racontent leur PMA
© Galyna Kovalenko-123RF

Dans le documentaire PMA-GPA, les enfants ont la parole, les enfants nés de PMA ou GPA témoignent sans fard et avec émotion. Un long-métrage à découvrir le 2 juin à 20h50 sur France 5.  Pour l'occasions, nous avions rencontré Mathilde et Adeline, qui sont devenues mères grâce à la PMA.
Âgées de 47 ans aujourd'hui, elles ont 26 ans quand elles se rencontrent et ont très vite le désir de devenir mamans. "Après avoir passé un week end au sein de l'APGL (association des parents ou futurs parents gays et lesbiens), nous décidons de nous orienter vers la PMA. Nous rencontrons un couple de femmes qui ont 2 beaux enfants et nous choisissons alors de nous tourner vers la clinique qu'elles nous recommandent proche d'Amsterdam ... Nous pensons alors, comme beaucoup de jeunes couples en début de parcours de PMA, qu'il suffit d'un gamète de donneur et que la magie va opérer... ".

La PMA, un long chemin semé d'embûches

Mais la réalité va se révéler beaucoup plus cruelle…. "Très vite, nous sommes désenchantées car un médecin doit suivre ma compagne en France et là c'est le parcours du combattant qui débute", confie Mathilde. Les deux jeunes femmes parviennent à trouver un gynécologue obstétricien, mais il ne respecte pas le protocole et suit ses habitudes.  "Ajoutez à cela barrière de la langue aux Pays-Bas, les trajets en Thalys et les 6 échecs cuisants qui s'en suivent ".
En raison du manque de soutien du gynécologue qui suit Adeline et de l'absence de coordination avec les médecins hollandais, Mathilde, qui vient de perdre sa mère, et sa compagne décident d'interrompre leurs tentatives pendant plusieurs années. 
"Mais l'horloge biologique fait tic-tac et nous relançons le processus en 2007. L'Espagne autorisant la PMA depuis 2005 aux couples de femmes, nous nous orientons vers ce pays et nous subissons 9 nouveaux échecs marqués par deux fausses couches. Financièrement cela devient très difficile et notre famille nous dit d'arrêter, que ce n'est pas une fin en soi d'être parents, que nous avons tout pour être heureuses et que ma conjointe se rend malade avec les traitements hormonaux espagnols... Mais il nous manque ce petit être pour combler notre bonheur et être enfin 3", raconte Mathilde.

Une grossesse tardive, mais très attendue

En 2013, la magie opère enfin et Adeline tombe enceinte grâce à un don d'ovocyte. "Adeline a alors 41 ans et sa grossesse est difficile. Nous avons peur que l'accouchement se passe mal alors ma conjointe fait même un testament devant notaire me déclarant tuteur légale de l'enfant à naître en cas de décès". Adeline et Mathilde se marient en novembre quelques mois après l'entrée en vigueur du mariage pour tous et leur petit Joseph naît début décembre
"Je ressens une immense joie lors de sa naissance. Je coupe le cordon ombilical et je l'écoute respirer la première nuit car je dors sur un lit de camp à la clinique pour m'occuper de lui pendant que sa maman se remet de l'accouchement. Je réalise que plus rien ne sera jamais comme avant.
Mais quand je le déclare à la mairie une fonctionnaire de l'état civil me balance en pleine figure : vous seriez la grand-mère, je vous aurais remis les actes d'état civil. On les enverra par la poste et la maman les aura courant janvier … Vous n'êtes rien madame pour cet enfant ! 
", confie Mathilde qui va se lancer dans un autre combat : celui de l'adoption de son petit garçon.
"Dans un premier temps, nous attendons que Joseph vive depuis 6 mois au sein du foyer car c'est l'une des clauses exigées pour l'adoption plénière et ma conjointe signe un consentement à l'adoption devant notaire. Nous lançons ensuite la procédure judiciaire auprès du tribunal de grande instance accompagnées par une avocate en raison du contexte. Nous sommes alors en septembre 2014 et de nombreux couples homosexuels essuient des refus d'adoption. 
Je dois "mendier" des attestations à mes amies, à ma famille, à la nourrice attestant que je suis une bonne mère pour mon fils. 
Les gendarmes mènent une enquête de bonne moralité auprès du voisinage puis a eu lieu l'audience au tribunal devant le juge aux affaires familiales. Mon fils est convoqué mais ne s'exprimera pas et pour cause il n'a que 11 mois ...
Et enfin, le 19 décembre 2014 à 17h30, l'adoption plénière m'est accordée, mon fils portera le nom de ses 2 mamans !"

Un ultime PMA et des jumelles "miracles"

Comblées, Adeline et Mathilde ne veulent cependant pas que Joseph soit fils unique et retentent une ultime PMA alors qu'Adeline a 42 ans.  "Ma conjointe a le corps fatigué par tous ces traitements mais grâce à 2 embryons implantés, Éléonore et Manoline voient le jour en août 2015 grâce une césarienne programmée", raconte Mathilde qui a également adopté ses deux filles. 

"Le parcours a été le même avec un poids en moins : le juge ayant accordé l'adoption de mon fils ne pouvait pas ne pas accorder les mêmes droits et protections juridiques à ses sœurs. Cela allait dans le sens de l'intérêt des enfants même si la procédure a été un peu plus longue car les filles avaient 17 mois lors de leur adoptions."
Aujourd'hui Mathilde et Adeline et leurs 3 enfants forment une famille unie et épanouie. Aucune de ces mamans ne regrette le long chemin parcouru même si les deux femmes ont dû dépenser 37 000 euros pour voir leur rêve se réaliser. "Nous recommencerions sans l'ombre d'un doute parce que ces 3 enfants sont le fruit de notre amour. Ce n'est pas un caprice ou du consumering comme le pensent les opposants à la PMA pour toutes les femmes. C'est juste l'histoire d'un couple qui se rencontre, qui s'aime et qui veut conforter cette amour en ayant un enfant mais à qui il manque juste un gamète.
J'aime reprendre une phrase de mon fils qui a expliqué un jour au mari de sa nounou comment ses mamans avaient fait pour avoir un bébé. Il lui a dit : "Si tu es un gentil monsieur, il faut que tu donnes tes graines si tu en as trop. Parce qu'il y a des mamans qui seront très heureuses avec de beaux bébés comme moi un jour parce que tu auras donné des graines !
", conclut Mathilde.

Découvrez le documentaire PMA-GPA, les enfants ont la parole, le 2 juin à 20h50.